In your eyes

OS36: Ça va aller

Cette petite histoire a lieu quelques jours après la mort de Stoik (Dragons 2)

Vide, voilà ce qu'était Harold, un cœur vide, un corps vide, une âme vide. Assis, seul, seul à l'écart sur l'une des tables de la Grande Salle, il regardait sans les voir, ses amis qui buvaient tous à sa santé, beuglant des chansons, levant leurs chopes d'hydromel et clamant son nom.

-À notre chef ! hurla Kranedur, rendu ivre à force de boire.

-À notre chef ! répondirent les autres en chœur avant d'éclater de rire, se soutenant les uns les autres sans voir le trop grand malheur de celui qu'ils acclamaient tous.

L'odeur de viande froide et de bière donna le tournis à Harold pourtant, il ne put se résoudre à quitter la Grande Salle pleine d'ivrogne venus boire à sa santé. Il se sentait trop vide pour pouvoir bouger. Depuis longtemps maintenant, la plupart des familles avaient abandonné la fête, voyant que cela tournait au vinaigre à mesure que les fûts d'alcool se vidaient. Ne restaient maintenant plus que les meilleurs amis d'Harold, quelques hommes de Beurk et une poignée de femmes.

Complètement désemparé et perdu, le jeune chef chercha de ses yeux vidés de vie, la seule chose qui lui donnait encore envie de sourire un minimum.

-Où est Astrid ? demanda-t-il mollement à Gueulfort qui venait de le rejoindre, deux chopes à la main.

-Aucune idée. souffla le vieux forgeron en se grattant désobligeamment le derrière.

-Elle était au repas !

Le pauvre dragonnier se sentait de plus en plus désespéré à mesure que le temps passait. L'odeur d'alcool et de nourriture, les cris et les chants, l'absence d'Astrid et la perte de son père le rendaient de plus en plus fou.

-Calme toi gamin, elle doit être rentrée se coucher.

Sentant la colère du brun, il lui tendit la seconde chope en souriant de toutes ses dents.

-Tiens, prends ça, ça va te faire le plus grand bien !

-Non merci, je n'ai pas soif.

-Allez Harold, bois nom de Thor ! C'est ton grand jour, tout le monde est venu pour fêter ton ascension au trône et toi tu boudes dans ton coin sans même boire !

De plus en plus à fleur de peau, le Haddock accepta à contrecœur la chope pleine de bière tiède pour la vider d'une traite sous le regard satisfait de son ancien mentor.

-Ha bah voilà ! Tu te lâches enfin ! Tiens, prends-en une autre.

Il lui tendit la seconde chope qu'il prit cette fois-ci volontiers pour la vider tout aussi rapidement que la première.

-Doucement, doucement quand même. rigola Gueulfort, ne se rendant pas compte de son inconscience.

Harold était dans un état second, incapable de raisonner convenablement, complètement dévasté par la mort encore si récente de son père et totalement perdu. Il aurait dû aller se coucher, prendre un peu de repos, calmer sa douleur quelques heures, apaiser son esprit torturé et non pas se saouler comme ils voulaient tous qu'il le fasse.

-Regardez moi ça ! Notre Haroldounet s'amuse enfin ! s'écria Rustik en venant entraîner le brun au milieu de la foule agitée.

À demi sonné, le jeune chef accepta sans réfléchir la nouvelle corne remplie d'alcool qu'on lui tendait et la vida en quelques larges gorgées.

-HAROLD ! HAROLD ! HAROLD ! T'AS BEAU ETRE QU'UN GRINGALET, T'ES DÉJÀ NOTRE CHEF !

Les paroles improvisées de cette piètre chanson furent répétées dans toute la Grande Salle, torturant encore un peu plus l'esprit agité d'Harold.