Avant tout..

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"Le bonheur vient avec son lot de déception.
Croyez-moi, je peux, vous le prouvez."

La peur est synonyme de fuite. Qu'est-ce que l'on fait lorsqu'on ne peut plus s'échapper ? Eh bien, on fuit encore plus loin. Je vais me souvenir longtemps de cet automne mouvementé...

À mesure que les arbres changeaient de couleur, ma vie se détériorait. En un seul mois, septembre, j'ai quitté le nid familial, débuté des études beaucoup trop exigeantes et quelques mois plus tard, je me suis enfuie le plus moins possible de tout. J'ai tout laissé derrière moi.

Recevoir la vie sans l'avoir demandé, être prise dans un corps que je n'ai pas choisi, vivre avec une famille que la vie m'a imposée, j'en avais plus qu'assez.

Souvent, j'y pense, mais rapidement, je mets cela dans un coin de ma tête et de temps en temps, lorsque je vis des moments de doute ou de faiblesse, j'ouvre le tiroir, pour mieux me retrouver.

Après être partie, j'ai enchaîné boulot, après boulot, mais aucun ne me permettait de subvenir adéquatement à mes besoins. Après une courte période d'apitoiement, j'ai décidé de remédier à la situation.

Je suis allée m'installer en Californie où j'ai repris mes études et j'ai déniché un job capable de faire en sorte que ma vie ait un semblant de normalité.

Les hommes utilisent l'amour pour le sexe, les femmes utilisent le sexe pour l'amour. Les hommes utilisent l'argent pour le sexe, les femmes utilisent le sexe pour l'argent. Les hommes utilisent le sexe et l'argent pour être heureux. Et moi, j'ai besoin d'argent. L'équation est facile, tout était parfaitement enligné. J'ai décidé d'utiliser mon corps, pour en tirer profit.

Au début, tout se déroulait à merveille, des hommes riches, des hommes d'affaires, des personnalités connues, des hommes ordinaires... J'en ai vu de toutes les sortes.

Mais la honte qui a grandi en moi s'est alors amplifiée. La honte, d'être celle que je suis devenue, mais aussi la honte d'être celle que j'ai été. La honte d'être devenu comme elle. Une putain qui se pavane dans des robes minuscules, les mêmes robes qu'elle portait, les mêmes robes qui me faisaient si honte. La robe avec laquelle je l'ai jugée, mais juger sa mère, c'est se juger soi-même. C'est un peu comme si je jugeais le miroir qui se trouve devant moi.

Plus le temps filait, plus j'avais l'impression de m'éloigner de mes buts. De me perdre littéralement.

Mais j'ai continué, têtue, j'ai toujours eu la certitude que ma persévérance me mènerait où je voulais aller. Le véritable problème, je n'ai jamais su où aller.

Pour me donner bonne conscience, j'ai longtemps tenté de me convaincre que j'étais dans la bonne voie. Le bonheur me pend au bout du nez, me répétais-je à moi-même.

Et un jour, sans m'y être préparé, sans avertissement, j'ai rencontré l'amour, le vrai.

L'amour peut faire peur... Demander à quiconque ayant eu une carence, il vous le dira.

Mais il ne faut pas s'emballer trop vite. Le bonheur vient avec son lot de déception. Et croyez-moi, je peux, vous le prouvez.

Le cœur ou la raisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant