Le cœur ou la raison

8-Un coup dur..

Emma

Eh oui, c'est le grand jour, Harry doit venir dîner à la maison ce soir et enfin rencontrer Marguerite. Je n'ai rien expliqué à la petite, bien sûr, nous allons procéder par étapes.

Il doit être dans l'avion en ce moment et je suis très fébrile. J'ai fait un petit détour au supermarché après le travail pour acheter quelques ingrédients manquants pour la recette de ce soir. Marguerite et moi allons cuisiner un repas pour notre invité surprise, c'est ce que Sophia, sa gardienne lui a dit.

Après avoir attrapé les deux paquets de viande, je me dirige rapidement vers la caisse pour payer. Bien sûr, mes yeux ont systématiquement pris le chemin des magazines. Il n'écrive que de la merde, mais personne ne peut s'empêcher de les feuilleter.

Cette fois, j'aurais dû les ignorer. Harry et Mandy. Dans une étreinte.

Sous le choc, je laisse tomber le magazine.

C'est impossible, Harry ne peut pas avoir fait ça. Pas une seconde fois, à quelques heures seulement de la grande rencontre avec sa fille.

Submergée par le déni, il y qu'une seule chose qui s'échappe de ma bouche. Non. Il ne peut pas nous avoir fait ça.

Une douleur prend naissance dans ma poitrine et s'accompagne d'une énorme lourdeur dans mon corps. De violents étourdissements me provoquent des sueurs froides. Je me sens comme si mes deux pieds étaient coulés dans du béton et que mon corps, lui, force vers un vol plané.

Je ramasse le magazine que je viens tout juste de laisser tomber et le regarde à nouveau. Il doit y avoir une erreur. Les photos datent sûrement de longtemps.

Les retrouvailles, des fiançailles, boutique pour enfant, enceinte... Mandy et Harry le couple chéri.

Je ferme la revue et la lance sur le comptoir.

   -   Je vais le prendre, dis-je au commis alors lorsqu'il s'apprête à me dire le prix total.

Mon estomac fait trois tours et de la bille remonte dans ma gorge. Je couvre ma bouche avec ma main et m'empresse de quitter le supermarché, avec le haut le cœur et les yeux larmoyants.

Mon cœur hurle de déni.. Il était sincère, je l'ai vu dans ses yeux rempli de tristesse. J'ai vu le désespoir avec lequel il m'a supplié et j'ai sentie son cœur battre d'amour dans ma main.

Est-ce voulu ? Et s'il regrettait sa décision. Les rapprochements avec cette fille c'est peut-être une manière de me le faire savoir. Il n'aurait pas pu me faire une chose pareille.

Ma tête hurle de colère. Je l'ai vu l'amour dans ses yeux quelques années plus tôt, et il m'a tout de même trahi.

Je ne veux pas me battre pour lui encore une fois. Je n'en ai pas la force et encore moins l'envie. Je ne peux pas passer ma vie à espérer et à souhaiter qu'il rentre le soir.

J'ai vécu suffisamment longtemps avec une épée Damoclès au-dessus de ma tête. Quand j'ai quitté sa vie, j'ai rompu le fil, elle est tombée, me blessant au passage sans toutefois me tuer. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Et je suis en vie, plus forte que jamais et ce n'est pas vrai que je vais rester avec un homme qui risque d'être infidèle dès qu'un mannequin à sous-vêtement lui fait l'œil.

   -  Va te faire foutre Harry, dis-je à haute voix en entrant dans ma voiture, les yeux brûlant de larmes.

Refouler mes larmes, c'est tout ce que je dois faire. Mais à chaque fois que j'essaie d'ouvrir la bouche, des larmes menacent de s'échapper. Je veux rentrer et sangloter en paix, seule, dans ma chambre, pour mieux passer à autre chose. Mais je ne peux pas faire ça. Marguerite m'attend, impatiente de recevoir de la grande visite.

Que vais-je lui dire ? Que la surprise était vouée à l'échec...

Ce n'est pas seulement moi qu'il blesse, Marguerite aussi d'une certaine façon. Et jamais je ne lui pardonnerais.

Mon estomac se tord sous la colère.

[...]

- Tu as trouvé tout...

Sophia s'arrête et me dévisage. La colère et le sentiment d'échec sont clairement visibles sur mon visage.

- Ça va ?

   -  Le dîner est annulé. Tu peux rester un peu s'il te plaît ?

   -  Oui, sans problème, je vais continuer la cuisine avec Marguerite, ne t'inquiètes pas, je vais trouver quelque chose à lui dire.

   -  Merci Sophia. J'ai besoin d'un moment, c'est gentil de ta part, j'apprécie, dis-je en fermant la porte de ma chambre.

Je m'assieds sur mon lit, figée, regardant le vide.

Il m'a vraiment prit pour une conne.

Je ne sais pas combien de temps je suis resté ainsi avant de me laisser tomber dans mon lit.

Recroqueviller en boule, je sens mes larmes monter, mais je refuse quelle coulent. Malgré mon corps qui me supplie, ma tête tient bon.

Pourquoi ai-je parlé de Marguerite à Harry ? J'aurais dû emporter mon secret avec moi dans ma tombe. Il ne la mérite pas. Elle est trop parfaite pour lui.

Il n'a même pas eu la chance de la rencontrer et déjà il la déçoit.

Le visage de ma petite apparaît soudainement dans ma tête. Personne ne doit lui faire de mal. Je dois la protéger. Et j'ai échoué.

À force de refouler mes larmes ma gorge me fait souffrir. Le noeud qui s'est créé m'étouffe petit à petit.

Et si tout était vrai. S'il avait choisi d'être avec elle. Harry est parfaitement capable de jongler avec deux femmes. Je n'accepterai jamais d'être la fille qu'il voit seulement quand il passe dans mon coin. Je ne suis pas si désespéré. Je vaux mieux que ça. Je n'ai rien à faire d'un homme qui n'arrive pas à se contenter d'une seule femme.

Je viens de commettre la deuxième plus grosse erreur de ma vie.

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