2 ~ Mississippi

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Après avoir laissé Michael débarrasser le plateau, je m'empresse de me retirer pour prendre une douche. Je ne supporte pas la chaleur, cette impression que vos vêtements ne font qu'un avec votre peau m'agace au plus haut point, si bien que je ne me vêtis que d'un pantacourt et d'une légère chemise blanche une fois rafraichis.

Et puis, cette douche m'aura permis d'oublier un petit peu le trouble que m'a provoqué O.

En me peignant devant mon miroir je m'imagine arborer quelques mèches de couleur, comme Michael. Des mèches claires, qui casseraient avec mon noir de jais. Je suis sûr qu'il m'aiderait pour ce genre de chose, il me donnerait de bons conseils. Le seul bémol, c'est la réaction de ma mère. Je soupire et me contente de me peigner avant de quitter mes appartements. Tant que ma mère vivra, je ne serais jamais libre de faire ce que bon me semble.

En chemin je croise quelques domestiques, dont Cyann, ma préférée. Dès qu'elle me voit ses joues s'empourprent et elle me fait une légère courbette, faisant s'emmêler ses bouclettes rousses avant de détaler aussitôt après. Je glousse face à son attitude et poursuis mon chemin d'un pas serein. Je ne suis pas comme Luke, cela dit je dois avouer que passer une soirée en bonne compagnie de temps en temps n'est pas de refus et je sais que Cyann m'est très dévouée sur ce point.

Après tout, elle n'oserait pas refuser.

«- Monsieur, j'ai un message de votre mère ! -M'intercepte Michael-

-De penser à ranger ma chambre ? Je l'ai fait, merci Michael, tu peux disposer.

-Mais non je...»

Il mord l'intérieur de sa joue et bien que je l'aie invité à s'en aller, je suis surpris de le voir me suivre dans les jardins. Peu importe, sa compagnie ne m'est pas désagréable. Nous prenons tous deux le sentier qui juxtapose la roseraie de ma mère et nous descendons en contrebas. Notre terrain est immense, parfois je me dis que c'est beaucoup trop, que jamais nous n'aurons assez de motivation pour parcourir tous les hectares, mais selon ma mère, un jardin doit être à la hauteur de l'image d'une personne. Dans notre cas, le mot serait 'Imposant'.

Pour ma part toutes les plantes qui poussent ici m'indiffèrent, je ne viens me promener dans le jardin que dans un seul but. Il y a un coin bien particulier que j'aime ici. Quelque chose que je n'avais pas à Londres. Je jette un coup d'œil derrière moi avant de m'enfoncer un peu plus loin. La terre devient humide et l'air se fait lourd, des nuées de moustiques volent au-dessus de nos têtes mais ça m'est égal. Nous sommes arrivés. Quelques mètres plus bas j'aperçois les légers remous du fleuve qui borde notre jardin. Le Mississipi.

« -Monsieur vous allez salir vos chaussures -Gémit Michael-

-Et alors ? J'en ai plusieurs paires.

-Vous savez que ce n'est pas raisonnable.

-Michael -Je soupire et me tourne face à lui- Depuis quand es-tu devenu aussi rabat-joie ?

-C'est juste que... Je sais que votre mère cherche toujours à trouver une excuse pour vous reprocher quelque chose.

-Et bien sois gentil, ne m'empêche pas de faire ce que je peux encore faire moi-même. »

Ceci étant dit, il pince ses lèvres et hoche timidement la tête avant de me suivre. Encore une fois je vérifie que nous ne sommes pas suivis et m'approche d'un petit cabanon. Il est usé, totalement moisi mais peu m'importe.

Ce qui importe c'est ce qu'il y a à l'intérieur.

J'ouvre le cabanon et en sors une lourde barque que j'attire vers la berge. Elle aussi est abimée, mais je l'ai faite retaper il y a quelques mois. Car c'était quelque chose qui me tenait à cœur.

Blind TeaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant