10 jours avant

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Du bleu à perte de vue.

Je me dirige instinctivement vers un plateau rempli de maisons. Tous ces gens, une vie banale. Je les envie. Lorsque la forteresse se dresse devant moi, j'y entre naturellement et Léopold, mon garde préféré, me salue d'un franc sourire.

— Comment va ma Junia ?

— Parfaitement bien ! Merci Léopold.


Je me suis réveillée en sursaut. Trois fois. Trois fois que je faisais ce même rêve en l'espace d'un mois.

Je me suis préparée aussi vite que possible et ai ordonné à ma sœur, Lola, de faire de même.

— Allez les filles, vous allez être en retard en cours, intervient maman en nous poussant vers le pas de la porte tandis qu'elle décrochait son téléphone qui sonnait depuis un bout de temps déjà.

Elle était bien pressée de nous voir partir ! Cela faisait plusieurs jours qu'elle semblait préoccupée par ces appels. Je tendis le cou pour essayer de voir le numéro, mais c'était trop tard, la porte se refermait.

Une fois sorties, Lola a pris les devants, son sac à dos bien rempli, pressée de revoir ses amies à l'école.

***

À dix-sept heures trentes, j'ai franchi la haie qui sépare ma maison de la route, maman et Lola étaient déjà dans la voiture.

— Monte, Steacy, on part.

Je n'ai même pas le temps de poser mon sac ? Bon...

Le trajet s'est fait rapidement, mamie Marie n'habitait pas loin de chez nous.

Ma grand-mère maternelle correspondait en tout point au cliché de la gentille mamie. Je discutais de mes petites histoires avec elle. Elle était très compréhensive et me donnait souvent un conseil avisé. J'étais contente d'aller chez elle.

— Bonjour, mes chéries, entrez.

Ses cheveux gris reflétaient les rayons du soleil qui s'infiltraient par la fenêtre. Je me baissai afin de l'embrasser.

Nous sommes montées dans la cuisine, qui se situait à l'étage, et mamie nous servit à boire.

Les murs blancs du salon donnaient un aspect lumineux à la pièce. Nous nous installâmes au bar et avons commencé à bavarder.

La baie vitrée qui donnait sur le balconnet amenait la chaleur à la pièce. Elle nous offrait une vue complète sur le bâtiment d'en face, moucheté de vitres et de pots de fleurs aux balcons.

— Et toi, ma Steacy ? Comment se passe la terminale ? Tu as toujours ton super groupe d'amis ?

— Oui ! On profite au maximum de notre dernière année tous ensemble, l'année prochaine c'est le grand départ pour tout le monde...

— Oh... ne pensez pas à ça. Les études, c'est du vent ! Vous verrez que vous arriverez à tous vous revoir ! Et toi, Lola ? Comment ça se passe ?

Je doutais de ses aprioris sur les études, mais me tus.

Ma sœur raconta ses péripéties de collège.

— Je suis contente que vous vous plaisiez ici !

— Mamie, ça fait plus de quatre ans qu'on a quitté Lyon. On a eu le temps de s'adapter.

Elle balaya ma remarque de la main.

— Et ma petite Telma, comment va-t-elle ?

Ma grand-mère avait toujours adoré ma meilleure amie. Elle la considérait comme sa troisième petite-fille. Parfois, je me demande même si elles n'ont pas des liens de sang cachés.

JuniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant