Chapitre 17 | Au beau milieu d'un couloir

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Le garde  me tend une enveloppe.

Une bouffée de chaleur m'envahit.

Comment a-t-il osé ?

— J-Je vous remercie.

Il reste statique et je me rappelle que c'est à moi de lui demander de partir.

— Vous pouvez disposer.

Je ne m'y ferai jamais. Ordonner à des êtres humains de rester ou de se retirer ne rentrera jamais dans mes codes.

Je me tourne vers maman qui s'est relevée. Elle jette ses longs cheveux noirs derrière son dos et souffle bruyamment, visiblement aussi énervée que moi.

— Le culot.

Je déchire l'enveloppe et déplie le papier.

Votre Majesté,

Tout le personnel du MDA vous adresse ses condoléances pour la perte de votre cher père.

Voici un bouquet qui, je l'espère, saura montrer mes plus profonds regrets.

Royalement,

Georges Samlac.

Des sueurs froides me parcourent le dos. Je me retiens de vomir. Cette écriture. Les lettres ont exactement la même rondeur que celles du : « Je t'aurai ! ». Je respire profondément et écarte cette idée de ma tête. Paniquer ne m'aidera à rien.

— Comment a-t-il pu ? Il ose nous offrir ses condoléances, s'offusque-t-elle.

Je me tourne vers maman et décide de ne pas lui parler du mot que j'ai précédemment reçu.

Je hoche la tête, retenant un haut-le-cœur et fixe le bouquet. Le même que celui de Lucas. Ces fleurs sont définitivement maudites.

Nous sortons de la salle d'un pas décidé. Je jette le bouquet dans la poubelle la plus proche.

— Il est hors de question que je dépose ces horribles fleurs sur sa tombe.

Un garde fait sa ronde dans les couloirs.

— Excusez-moi ? Pourriez-vous dire à Edmound que je l'attends devant la salle des tombeaux, s'il vous plaît ?

— Tout de suite.

Après une rapide révérence, il tourne les talons et s'en va chercher l'administrateur.

— Que comptes-tu faire ? s'enquiert maman.

— Prendre les choses en main.

Elle hoche la tête et je regarde autour de moi. Tous les couloirs ont été réparés depuis l'intrusion. Les tableaux sont remis à leur place et les vases sont rafistolés. Le long tapis rouge n'a plus aucune trace de sang. Cela à dû être un travail acharné pour les personnes de l'entretien.

Je me souviens alors des paroles de Son Altesse, quelques mois plus tôt. Le personnel du château ne bénéficie que d'un ou deux jours de vacances sur toute l'année. Ce n'est vraiment pas approprié au vu du travail qu'ils fournissent.

Quelques minutes plus tard, à l'angle du couloir, le garde revient accompagné de l'administrateur.

Une fois à ma hauteur, celui-ci m'adresse une sincère révérence.

— Votre Majesté, vous m'avez demandée.

— Oui. Avant tout, j'aimerai avoir un peu d'informations concernant les infiltrations que vous avez organisé. Je n'en ai pas entendu parler et j'aimerai bien savoir comment cela s'est passé.

JuniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant