Chapitre 18 | Cicatrices

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Je marche vers la maison de Telma qui m'attend déjà dehors. Lorsqu'elle m'aperçoit, elle se rue sur moi.

— Alors ? Comment s'est passée cette première nuit au château ?

— C'était... chaotique.

Elle comprend tout de suite que tout ne s'est pas passé comme prévu.

— C'est-à-dire ?

— Le MDA a attaqué le château.

Elle écarquille les yeux.

    — Quoi ? Une vraie guerre ?

— Oui, Son Altesse est morte.

Je me mords la joue. Peut-être que cette douleur me fera oublier celle au fond de mon cœur. Aucune larme ne coulera. J'ai déjà trop pleuré.

— Tu n'es pas sérieuse ?

— Si. On a fait l'enterrement hier.

Mon ton neutre ne reflète pas ce que je ressens réellement. Mais c'est mieux ainsi.

Ma meilleure amie sait que je ne suis pas aussi indifférente que je le prétends. Sans crier gare, elle se jette dans mes bras et m'enlace.

— Je suis tellement désolée pour toi, Steacy...

— Voir maman malheureuse est la pire des choses.

— Oh, tu penses qu'ils s'aimaient encore ?

— Je lui ai demandé et... oui.

Une ombre voile son regard. Le côté romantique de Telma prend le dessus et je vois bien que cette perspective d'amour déçu la tue de l'intérieur.

— Ils ont failli m'avoir aussi, j'avoue.

— Comment ça ?

— Avant que l'alarme d'intrusion ne sonne, je suis sortie de ma chambre pour aller dans le MDA. Tout le monde me parlait de ce Monde comme celui avec lequel je vais devoir me battre pour confirmer la prophétie. Mais comment veux-tu que j'arrive à solutionner le désaccord sans rien connaître du Monde ?

— Donc j'imagine que tu n'as pas réussi à y aller ?

— Non, j'étais encore dans le château quand l'alarme a sonné.

Mais je compte remettre ça...

— Tu es complètement folle. Et pourtant, Dieu sait que je suis la plus avide de plans foireux. Mais là t'as déconné. Ils ne t'ont rien fait, au moins ?

— Juste une balle dans la cuisse.

— Pardon ? Juste une balle dans la cuisse ?

Elle est à deux doigts de s'étouffer.
    — Ne t'inquiète pas, tout va bien. Liam m'a aidé.

Elle fronce les sourcils.
    — Qui est Liam ?

— Le fils d'un serviteur. Sorti de nulle part, il m'a attrapé la main et m'a tiré dans une des cachettes du château. Je n'en connaissais même pas l'existence !

— Il était beau ?

— Il m'a surtout évité la mort, oui !

— C'est quand même super romantique. Une reine et le fils d'un serviteur. L'amour impossible...

— Telma, on est plus au Moyen-Âge !

— Oh, mais attend, vous êtes restés dans une cachette que tous les deux ? tente-t-elle de savoir, le sourire en coin, sans se soucier de ma remarque.

Je hoche la tête.

— Tu vois, l'amour te court après ! Lucas fait de la merde et, quelques jours plus tard, un preux chevalier te sauve la vie. Il y en a qui ont de la chance...
    Je lève les yeux au ciel à m'en faire mal au crâne.

JuniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant