C'est un toquement à ma porte qui me réveille.
Lorsque j'ouvre les paupières, toute la soirée d'hier refait surface. Je respire profondément pour ne pas laisser place aux larmes qui menacent de couler.
Sans savoir quoi faire, comme prise en flagrant délit – alors que, en théorie, ce château m'appartient – j'enfile une robe de chambre posée sur la chaise de la coiffeuse.
— Oui.
La porte s'ouvre sur Son Altesse et je me fige.
— Je ne savais pas que tu dormais ici cette nuit. C'est ta mère qui m'a prévenu.
Lorsque nous ne sommes que tous les deux, sa manière de s'exprimer est totalement différente.
— C'était une décision de dernière minute. La soirée ne s'est pas passée comme prévue...
— Ah... veux-tu m'en parler ?
Je sens l'espoir dans sa voix.
— Mon copain m'a trompé.
Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. C'est sortit tout seul et je m'en veux d'avoir cédé.
— Oh ! Je suis vraiment désolé pour toi.
Je lui souris poliment.
— Ça va aller ?
Je hoche la tête mais mon menton tremble.
Ne pas pleurer.
Ne pas pleurer.
Ne pas pleurer.
Il s'approche, hésitant. Je ne recule pas et éclate en sanglots. Il m'étreint et je pleure dans ses bras. Dans les bras de mon père. Comme une enfant. Je n'aurai jamais cru cela possible.
Il pose sa tête sur mon crâne et m'enlace. Il sent le gel douche pour homme et sa chemise blanche a une texture réconfortante contre ma joue.
— Si tu savais comme je regrette tout ça, Steacy. Si tu savais...
Je n'ai pas la force de lui répondre. Nous nous asseyons sur le bout du lit en évitant les draps en pagaille sur le sol.
— Il était la seule chose positive qui m'était arrivée depuis des mois.
— Tu es bien plus forte que ça, Steacy. Du peu que je te connaisse, j'en suis convaincu.
Je lui suis reconnaissante de ne pas se voiler la face sur notre relation. De ne pas prétendre une connaissance de l'autre alors qu'il n'en est rien.
— Comment avez-vous rencontré maman ?
— Tutoie-moi, je t'en prie.
Il marque une pause puis reprend.
— Ta mère n'est pas une volante. Alors c'est dans le monde extérieur que nous nous sommes connus. Nous n'avions qu'une vingtaine d'années mais la séparation du Monde Du Ciel avait déjà eu lieu. Je me suis rendu dans le monde extérieur pour une question politique avec le tatoueur. Je ne m'y aventurais que rarement alors j'ai décidé de prolonger ma sortie en me baladant un peu plus que ce qui était prévu. C'était le début de soirée et ta mère sortait d'un bar avec des copines. Elles n'étaient vraiment pas toutes lucides, si tu vois ce que je veux dire.
Il rit en repensant à ce jour. Personnellement, imaginer ma mère jeune et fêtarde m'est impossible.
— Ayant eu des échos de l'insécurité du monde extérieur, je leur ai proposé de les raccompagner chez elles. J'ai beaucoup parlé avec Astrid et nous nous sommes revus plusieurs fois par la suite. Petit à petit, nous comprenions que notre relation n'était pas uniquement amicale. Nous avons décidé de ne rien laisser nous séparer, pas même mon statut. Ça a été très dur pour nous de concilier devoir royal, secrets volants et amour naissant. Mais nous y sommes parvenus.
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Junia
RomanceDeux Mondes. Deux garçons. Une reine. Steacy n'est pas une adepte du changement. Mais lorsque la prophétie du Monde Du Vol la désigne comme l'Élue, elle comprend qu'elle seule pourra ramener la prospérité au peuple de ce monde parallèle. Elle ne peu...