Il est là, allongé dans les draps blanc. Le chrysanthème bleu posé sur son cœur le rend encore plus pâle.
« Bonne nuit, ma Junia ».
Voilà ses derniers mots à mon égard. J'aurai tant aimé les savourer. Savoir qu'ils étaient les derniers afin de les apprécier à leur juste valeur.
Il avait habilement allié mon statut et l'affection qu'il me portait. Il me pensait réellement capable d'assumer ce rôle. La prophétie lui tenait tant à coeur...
— Je te fais la promesse de ne pas te décevoir. Je ferai tout pour te donner raison. Je te le promets.
Doucement, je saisis sa main. Je suis encore plus déterminée qu'avant pour réussir mon devoir.
— Je suis tellement désolée. Si j'avais su je... je... J'aurais tellement dû profiter de toi.
Soudain, je prends conscience de la situation.
— Tu n'as jamais eu l'occasion de voir Lola !
Mes yeux me piquent et ma gorge se serre. Je m'effondre à ce moment précis.
— Ta propre fille. Et maman... elle sera effondrée ! Les ambrolennes me voulaient moi, et ils t'ont tué, toi. Je te promets que je ne les laisserai pas m'avoir. Pour toi, je me battrai.
Seul le silence me répond. M'entend-il de là où il est ? Serais-je capable de voler assez haut pour le rejoindre ? Pourrais-je prendre sa place dans le ciel ? J'aimerais tant. C'est moi qui mérite d'y être. Je pose ma tête à ses côtés.
Notre proximité me rappelle lorsqu'il était venu me réconforter, il y a une semaine. C'est à ce moment que j'ai entrevu pour la première fois son côté paternel.
Je pose ma main sur son cœur qui ne bat plus. Je fronce les sourcils en sentant un froissement anormal sous sa veste. Délicatement, je soulève son blazer et découvre une pochette intérieure. J'attrape le bout de papier qui dépasse et en tire une enveloppe blanche à mon nom.
Les mains tremblantes, je l'ouvre.
Steacy,
Si tu lis cette lettre, c'est que je ne suis plus de ce monde. Au moment où je la rédige, je m'apprête à partir à ta recherche. Une servante a signalé que ta chambre était vide. Les gardes m'ont assuré qu'ils arriveront à te retrouver seuls, mais je n'y croit pas un mot. Je t'ai délaissé assez longtemps comme ça, je ne compte pas reproduire la même erreur. J'espère te voir grandir et évoluer dans cet univers qui est le tien. Je suis certain que tu excelleras en tant que reine. Mais pour ça, tu as besoin de savoir certaines choses. En dire trop dans cette lettre serait bien trop dangereux, mais sache que tu as toutes les réponses autour de toi. Il te suffit d'ouvrir les yeux et de regarder haut. Tes meilleurs amis sont tes pires ennemis, Steacy. Il te suffit juste de les comprendre et d'apprendre à les connaître.
Tu es une Junia à présent, j'ai confiance en toi. Toutes les Junia accomplissent de grandes choses. Tu ne seras pas une exception, j'en suis persuadée.
Je m'excuse de ne pas avoir été à tes côtés, de ne pas t'avoir accompagné dans ton enfance. Je le regrette affreusement tout en sachant que cela était nécessaire.
Je suis désolé de ne jamais te l'avoir montré, mais je t'ai aimé et je t'aimerai éternellement.Mes larmes coulent sur mes joues. J'écarte de justesse la lettre avant que les gouttes ne tâchent la feuille.
« Je t'aime ». Il m'a dit qu'il m'aimait.
Je relève les yeux et regarde Son Altesse. Ses paupières closes laisseraient croire qu'il dort. Je laisse cette pensée m'envahir. Il dort. Il est simplement endormi. Et lorsque je m'endormirai, moi aussi, je pourrai le retrouver et lui avouer à quel point je l'aime aussi. Le rejoindre parmi les anges.
En reposant mon regard sur la lettre, je me rends compte que ma lecture n'est pas finie. Cette idée me fait sourire.
PS : Dit à Astrid que je ne l'oublierai pas. Et assure à Lola que je l'aime tout autant, s'il te plaît. J'aurai réellement voulu connaître ma deuxième princesse pour lui dire tout ça moi-même.
C'est tout ce dont j'avais besoin pour m'achever. Mes sanglots redoublent. Je sens les larmes chatouiller mes joues, mes pleurs secouent ma poitrine.
Je relève la tête, tentant de reprendre ma respiration. Un faible halo de lumière éclaire la pièce, l'ambiance y est sinistre. Il ne peut pas rester dans une telle chambre. Elle n'est pas à son image.
Je sors précipitamment de la chambre.
— Liam, il faut que l'on demande de...
Je ne finis pas ma phrase. Il n'y a personne derrière la porte, ni dans le couloir. Je soupire. Je ne pouvais pas le retenir indéfiniment. Je regarde mon portable. Avoir de quoi le joindre me rassure.
Je me dirige vers l'infirmerie, me rappelant la raison pour laquelle je suis sortie de la chambre.
Les couloirs du château sont plongés dans la noirceur. J'allume l'écran de mon téléphone. Le visage resplendissant de Lucas s'affiche sur l'écran d'accueil. Assis sur le sol de ma chambre, entre fiches de maths et d'histoire, il sourit de toutes ses dents. Je déverrouille précipitamment mon téléphone et remplace cette photo par la première qui me vient. C'est Telma et moi qui mimons un bisou à la caméra. Comment ai-je pu ne pas remarquer les cernes qui me barraient les yeux ? Ce n'est pas beau à voir. Je suis peut-être réellement fatiguée.
Je balaye cette idée et remarque qu'il est trois heures. Lorsque j'arrive à l'infirmerie, je suis soulagée de voir que quelques membres du personnel s'y trouvent encore. En me voyant, ils s'inclinent tous.
— Excusez-moi de vous déranger, j'aimerais emmener Son Altesse dans une chambre un peu plus accueillante. Pour ses dernières heures, je pense qu'il serait nécessaire de...
Je laisse ma phrase en suspens. Deux infirmiers acceptent ma demande et se pressent pour déplacer le défunt sans attendre une quelconque justification. Celui-ci est finalement placé dans une chambre aux moulures dorées et aux rideaux beiges.
— Merci beaucoup.
Le personnel s'incline et sort de la chambre. Je me force à tourner les talons en même temps qu'eux. Mon cœur me crie de rester là, avec lui, mais je me ferais uniquement plus de mal.
Une fois de retour dans ma chambre, je constate que tout est resté comme je l'avais laissé. Je me glisse dans les draps et fixe le plafond en luttant contre le sommeil.
Steacy : Maman, tu pourras venir au MDV ce matin s'il te plaît ?
Je mets mon téléphone sur vibreur et m'endort malgré moi.
𐬾
Coucouuu ♡
Comment vous allez ce week-end ? Personnellement je suis un peu malade sur les bords mais ça commence à aller mieux !Bon, voilà le chapitre 15 (assez court, je sais, pardonnn).
On dirait bien que Jean-Phil' a pensé à tout avant son départ... Que pensez vous de sa petite lettre ?
Et avez vous un avis sur Steacy et ses réactions ? Personnellement je suis sûre qu'elle va assurer même sans l'aide de l'ancien roi.Bon, on a eu deux chapitres un peu tristounets mais il le fallait bien pour assouvir mon côté un peu cruel... Ce n'est pas totalement fini (oups) mais promis après ce sera que du bonheur (ou pas...).
Allez, j'en dis pas plus !À tout de suite pour la lecture du chapitre 16 !
Kiss,
Rose <3
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Junia
RomanceDeux Mondes. Deux garçons. Une reine. Steacy n'est pas une adepte du changement. Mais lorsque la prophétie du Monde Du Vol la désigne comme l'Élue, elle comprend qu'elle seule pourra ramener la prospérité au peuple de ce monde parallèle. Elle ne peu...