Les grosses ampoules de la coiffeuse m'éclairaient la face. C'était un peu comme chez le coiffeur, mais en plus luxueux.
Une fois fin prête, je me suis regardée dans le miroir plein pied. J'ai cru faire un arrêt cardiaque. J'étais magnifique. Mes cheveux étaient parfaitement bouclés, ma peau extrêmement lisse et mes lèvres légèrement rosées. Sans que ça fasse trop, mes yeux ressortaient très bien grâce au khôl que l'on m'avait appliqué sur la racine des cils. Je ne saurais dire comment, mais mon maquillage s'accordait parfaitement avec ma tenue.
J'ai aperçu maman se lever de son siège et venir vers moi.
— Tu es magnifique, ma chérie !
Puis, se tournant vers le maquilleur, elle l'a félicité pour son travail.
— C'est vraiment très beau ce que vous avez fait. J'aime beaucoup. Vous êtes un vrai artiste.
Une assistante, nommée Ava, que l'on m'avait présentée un peu plus tôt dans la journée, est venue me voir.
— Est-ce que tu voudrais réviser un peu ton texte avant d'y aller ?
J'avais passé tout mon week-end à lire et relire ce discours, mais une répétition de dernière minute ne me déplairait pas.
À mon grand soulagement, je connaissais tout sur le bout des doigts.
Lorsque nous avons rejoint le groupe, la salle était presque vide. Il restait seulement ma mère, Jean-Philippe, Ava et quelques personnes qui s'occupaient du discours pré-couronnement, dont le secrétaire (au MDV, les couronnements ne nécessitent pas une trentaine de personnes aux différentes fonctions. L'ancien souverain remet les objets royaux et fait le discours dans lequel il annonce laisser sa place. Puis le secrétaire s'occupe de signer les papiers officiels. Les agents tels que l'administrateur, le gérant de communication sont évidemment présents, mais sans avoir de rôle particulier.)
— Tu vas me suivre avec Sa Majesté, ta maman et le secrétaire, m'explique Ava. On va se diriger vers l'entrée du château et Sa Majesté entrera en premier sur la scène volante. Lorsqu'il nous appelle, nous le rejoindrons.
Nous nous sommes avancés vers l'entrée du château. À travers une vitre teintée, à droite de la grande porte, je pouvais apercevoir tous les volants autour de la scène. Ils n'avaient ni sièges ni plateforme pour se tenir debout, ils volaient simplement devant le plateau. Celui-ci, blanc comme neige, faisait un peu moins de dix mètres. Il flottait dans les airs au-dessus du chemin gravillonné. Si c'était époustouflant, je ne savais pas quel mot aurait pu décrire le regroupement de tous les volants. On ne voyait personne voler d'une plateforme à une autre comme dans nos habitudes. Tout le monde s'était rassemblé autour de cet espace, vide d'animation. Seulement deux gardes étaient postés sur les extrémités. Le MDV semblait inanimé.
Lorsque j'ai réalisé que j'étais sur le point de monter sur cette scène, j'ai senti mon estomac se nouer. C'était définitif : je haïssais cette sensation.
— Je pense que tu as assez révisé lors de la répétition, intervient Ava. Mais n'oublie pas de te mettre juste ici pour te cacher de la vue des volants lorsque Jean-Philippe sortira. Ce discours est moins important que le couronnement, évidemment. Mais il reste la première impression qu'auront les volants de toi.
J'ai hoché la tête. Nous étions encore derrière les portes du château, mais je ressentais déjà tous les regards rivés à un seul et même endroit. Ma tête commençait à tourner. Je m'étais peut-être surestimée... Je n'étais peut-être pas faite pour ce rôle... J'eus l'impression de défaillir lorsqu'Ava m'adressa un dernier encouragement.
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Junia
RomanceDeux Mondes. Deux garçons. Une reine. Steacy n'est pas une adepte du changement. Mais lorsque la prophétie du Monde Du Vol la désigne comme l'Élue, elle comprend qu'elle seule pourra ramener la prospérité au peuple de ce monde parallèle. Elle ne peu...