Chapitre 16 | Je vais me battre

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— Steacy !

Maman me sert le plus fort possible dans ses bras avant de m'encadrer le visage de ses mains.

— Je suis désolée ma chérie, on m'a tenue au courant... est ce que tu vas bien ?

L'administrateur a dû lui expliquer la situation. Je suis soulagée de ne pas avoir à le faire.

Ses lèvres tremblent. Elle se retient de pleurer devant moi, je le sais, et ça me détruit encore plus.

— Oui, ça va.

Je redresse les épaules pour appuyer mes propos.

— Viens, allons nous asseoir.

Elle m'emmène sur le banc au premier rang.

Au Monde Du Vol, aucune religion n'est prépondérante mais les enterrements suivent les traces de ceux du monde extérieur.

Après quelques minutes, la salle de cérémonie se remplit. Là où j'ai été couronnée il y a quelques semaines, la mort de Son Altesse sera honorée.

Tout le monde est habillé de couleur vives. C'est une manière de rendre hommage au défunt et de lui montrer notre reconnaissance pour ce qu'il a apporté à nos vies. Le noir n'est pas au rendez-vous.

Je me revois sur cette estrade. J'étais couronnée reine et, quelques secondes plus tard, j'apprenais la nouvelle qui allait bouleverser ma vie. Aujourd'hui, l'ambiance est différente.

Lorsque les grandes portes se ferment, toute la salle se tait. Comme un seul homme, nous nous tournons tous vers le fond afin d'aperçevoir le cercueil noir et or, porté par quatres gardes. Je le suis du regard jusqu'à ce qu'il se stabilise sur les tréteaux, posés sur l'estrade. Le corps de Son Altesse, dénué de vie, repose dans ce sarcophage.

L'administrateur prend la parole.

— Son Altesse Royale ne sera plus jamais parmi nous. Nous ne pourrons plus jamais entendre le son de sa voix ni la sensation de son touché. Il aura été un roi de taille et restera gravé dans les esprits. Vous tous, sujets du Monde Du Vol, je vous demande de vous lever.

Tout le monde s'exécute. Dans cette salle, il n'y a que les sujets de l'ancien roi. Plus aucune famille, excepté moi et maman, n'est là pour lui. Je ravale mes larmes et respire profondément. J'ai assez pleuré comme ça. Cette salle est remplie de centaines de volants, je ne peux pas me permettre un écart.

En parfaite harmonie, tout le monde s'agenouille et exécute une ultime et dernière révérence à ce roi qui a été si longtemps, et qui sera, pour toujours, respecté de tous.

— En ce Dimanche de deuil, nous vous saluons, Votre Altesse, clame l'administrateur.

— Nous vous saluons, Votre Altesse, répétons-nous tous ensemble.

Je sursaute. Dimanche. Nous sommes dimanche. J'avais promis à Lucas d'aller à sa compétition. Et la vérité me rattrape de plein fouet. Nous ne sommes plus ensemble. Mon cœur se déchire un petit peu plus. Lorsqu'une goutte s'écrase sur ma clavicule, je comprends que je pleure.

Le temps passe, les discours s'enchaînent et des fleurs sont déposées. Moi, je ne peux détacher mes yeux de cette boîte noire.

— Steacy ?

Je lève les yeux et constate que tout le monde vole vers la sortie.

Eileen se tient devant moi. Sans que je n'ai le temps de lui dire quoi que ce soit, elle me serre dans ses bras aussi fort qu'elle le peut. Elle porte la robe jaune que je lui ai offerte et ce simple détail me fait sourire. Son odeur de vanille fraîche me réconforte et je lui rend son étreinte.

JuniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant