8 jours avant

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Dieu soit loué, nous étions mercredi. La présence de Lucas se limitait donc à une matinée. Rien ne me poussait à lui adresser la parole, alors je l'ai royalement ignoré. À la pause, Colin m'a prise à part.

— Tu as l'air de le maudire, ce Lucas. Si tu essaies de le cacher, c'est raté...

J'ai rigolé.

— Je n'essaie pas de le cacher. S'il le comprend, tant mieux pour lui.

— Il vient de Lyon. Comme toi, non ?

J'acquiesçai.

— Il t'a causé des ennuis ?

C'est peu dire !

— Je peux lui régler ses comptes si tu veux !

— Ne t'inquiète pas, je te préviendrai si l'occasion de te battre arrive, j'ironisai en lui tapant sur le torse.

— Je suis très sérieux, Steacy. Tu me dis et je m'en occupe.

— Ce n'est pas nécessaire, promis !

Je lui adressai un sourire rassurant et nous rejoignîmes le groupe, dans le hall du lycée. Sur les bancs, à côté de Ludmilla (qui battait des cils comme si elle tentait de s'envoler), Lucas rigolait à gorge déployée avec Jules. J'ai soupiré. J'aurais dû choisir des insociables comme amis.

***

— Steacy, tu peux mettre la table s'il te plaît ? Des amis viennent dîner à la maison, me cria maman de la cuisine.

Je suis sortie de ma chambre pour aller l'aider. Je sortais les assiettes et commençais à dresser la table lorsque son téléphone s'est mis à sonner. Encore un de ces mystérieux appels. Comme à son habitude, elle s'est éclipsée. Ces appels m'intriguaient de plus en plus, mais je me suis abstenue de toute question.

Lorsqu'elle est revenue, je lui ai demandé qui nous recevions ce soir.

— Ce sont de vieux amis, ils ont emménagé il y a peu. Ce sont les Gondsallece.

Je me suis figée, les couteaux dans une main, les fourchettes dans l'autre.

— Tu dois connaître leur fils Lucas, il me semble qu'il est dans ta classe.

Il fallait que je trouve une échappatoire. Et vite.

— Il va venir ce soir, tu te rends compte comme il est mignon, il rate son cours de sport exprès pour assister au dîner !

J'ai cru mal entendre un instant avant de comprendre que maman ne rigolait pas. Il avait réellement annulé son entraînement pour venir chez moi. Dans ma maison.

— Malheureusement, je ne serai pas là ce soir. Telma m'a invitée à dormir chez elle. On compte réviser ensemble puisqu'on a pas mal de travail en ce moment.

— Je suis désolée, Steacy, mais tu n'iras pas chez Telma. Tu crois que Lucas va jouer avec ta sœur quand tu ne seras pas là ? J'ai promis à ses parents que tu serais présente.

Parce qu'il avait demandé ma présence ? Non mais il se prenait pour qui ? Je n'étais pas indispensable non plus.

— Mais maman... Et pour le travail ?

— C'est non, Steacy. Tu as toute l'après-midi pour réviser. Tu n'auras qu'à l'appeler et vous réviserez au téléphone.

J'étais maudite.

***

— Steacy, bouge tes grosses fesses toutes molles. Ils vont bientôt arriver.

JuniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant