2 jours avant

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Cela faisait une semaine que je tournais et retournais le problème dans ma tête. Dans tous les sens possibles. Et j'en venais toujours à la même conclusion : je ne pouvais pas laisser ces volants dans une telle situation. Cette semaine, je suis rentrée du lycée et ai annoncé à maman que j'acceptais le rôle. Je l'avais rarement vue aussi heureuse. Elle m'a prise dans ses bras et m'a promis qu'elle s'occuperait de tout. C'est pour ça qu'en ce samedi, une journée entière de rendez-vous se profilait devant moi.

***

Nous nous pressions sur le chemin gravillonné du MDV pour atteindre la porte grillagée de bois et de ferraille. Les gardes qui la tenaient ne bougeait pas d'un pouce, tout comme leur monture. Maman sonnait à un interphone cloué à côté de la grande grille.

— Qui est-ce ? cria une voix dans le haut-parleur.

— Je suis Astrid Rochelle, accompagnée de ma fille Steacy.

La lourde porte en bois qui coulissait vers le haut nous rendait loisible l'entrée dans la cour.

— Je ne savais pas qu'il y avait des interphones dans les châteaux. C'est un peu moderne, non ?

— Contente-toi d'avancer en souriant, m'ordonna Maman.

Manquerait plus qu'on m'oblige à mettre des corsets !

Nous rentrions dans une immense salle vide. Une grande fenêtre laissait apparaître le centre du château dans lequel un dôme en verre trônait. Il s'avérait être en réalité une serre. Je n'ai eu que très peu le temps de m'attarder dessus, mais j'ai remarqué du lierre grimpant aux façades et un arbre d'imposante taille se développant au milieu de la salle.

En pénétrant dans le château, j'ai pu admirer un énorme lustre en cristal accroché au plafond blanc. Celui-ci disposait de belles moulures dorées dans chaque angle. La pièce était quasiment vide. Il s'y trouvait seulement deux petits bancs en velours bleu posés sur le carrelage blanc. Au centre de la salle, le symbole du MDV était gravé au sol sur un ou deux mètres. Deux grands escaliers au fond de la salle se dérobaient sans doute jusqu'à un étage au-dessus. Au milieu, une grosse statue en marbre représentait le buste d'un homme. Je n'avais aucune idée de qui pouvait être cette mystérieuse personne aux yeux perçants. Je n'eu le temps de continuer ma contemplation. Deux gardes vêtus entièrement de noir se tenant droits comme de piquets se sont avancés vers nous.

— Montez ces escaliers, a dit l'un en désignant celui de droite. Des serviteurs se chargeront de vous accompagner dans le salon des rencontres.

Nous nous sommes exécutées.

En haut des escaliers, un interminable couloir s'offrait à nous. Deux gardes nous ont indiqué le chemin à suivre.

— Bienvenue. Je vous prie de nous suivre, nous allons vous conduire dans le salon pour effectuer la rencontre entre mademoiselle Rochelle et Sa Majesté Royale.

C'était si fluide. Apprenaient-ils ces phrases par cœur chaque soir ?

Nous avons suivi les serviteurs. Ils nous faisaient parcourir deux couloirs, aussi longs que le premier et j'en suis venue à me demander comment ils pouvaient se repérer. Chaque porte se ressemblait. Au bout de quelques minutes, nous nous sommes arrêtés et les serviteurs nous ont ouvert une porte. Un canapé en cuir entourait une table centrale ainsi que deux chaises. Sur l'une d'elles, un monsieur aux cheveux grisonnants y était assis. Une barbe parfaitement taillée couvrait sa peau marquée de rides. Il était vêtu d'un costume noir et d'un pantalon assorti.

Il prit le temps de me regarder et d'esquisser un léger sourire avant de se reprendre.

— Oh, bienvenue mesdemoiselles. Asseyez-vous, je vous en prie.

JuniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant