9 jours avant

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Lorsque Telma et moi sommes arrivées, nos amis avaient déjà pris place sur un banc. Ils discutaient avec entrain.

— Vous me semblez un peu trop heureux pour un mardi matin, je fis remarquer.

Colin m'a fait une place à ses côtés et a posé son bras sur mes épaules.

— Comment vas-tu, ma Steacy ?

Colin était mon ami depuis le collège. Maintenant en dernière année de lycée, notre lien était d'autant plus fort. C'était un peu comme le grand frère que je n'avais jamais eu... Nos parents étaient eux aussi devenus amis, alors nous nous voyions beaucoup en dehors des cours.

Sans me laisser le temps de répondre, il continua :

— On a une bonne nouvelle !

Nous étions cinq : Telma, Ludmilla, Colin, Jules et moi.

Ludmilla me toisait, comme à son habitude. Je n'avais jamais réussi à l'apprécier. C'était les garçons qui insistaient pour qu'elle reste avec nous. Je ne comprenais vraiment pas ce qu'ils lui trouvaient. Sûrement aveuglés par son physique parfait, ils n'arrivaient pas à voir ce qui se cachait sous ces magnifiques cheveux blonds, ce corps idyllique et ce nez fin. Notre groupe était assez mixte et c'est, je pense, ce que je lui préférais.

— Madame Cocherna n'est pas là, m'expliqua Jules en même temps qu'il se levait pour me faire la bise. On n'a pas espagnol, donc on termine à seize heures.

Un léger rictus s'est dessiné sur les lèvres de mon meilleur ami.

— Ils ont vachement le seum, les Allemands !

Colin avait, comme à son habitude, une posture assez nonchalante, légèrement avachi, et touchait de sa main libre le début de barbe qui habillait le bas de son visage.

— Ce n'est pas ta copine Jenna qui a pris la section allemand ? demanda Jules, un petit sourire scotché aux lèvres.

Ses épaules imposantes dues à ses performances de rugbyman se sont relevées, montrant sa désinvolture.

— Hum... je sais plus. Je crois.

Nous avons tous ri en chœur.

— Quoi ? grogna-t-il.

— Tu n'es plus avec elle ! On a compris, je répondis.

Sa réputation de tombeur du lycée était connue de tous. L'année dernière, il avait eu une quinzaine de relations. Certaines avaient duré une dizaine de jours, d'autres un mois. Leur point commun : c'était toujours Colin qui y avait mis fin.

— Oui, bon, ça va, admit-il. Elle n'était juste pas comme je l'imaginais. Les filles sont sympas au début, mais après deux jours, ce sont les reines des chieuses !

Sa franchise n'a étonné personne. Il n'était pas malveillant, seulement très direct. Je le connaissais depuis assez longtemps pour me permettre d'affirmer que, dans le fond, c'était quelqu'un d'ébranlé. Seulement... il le cachait bien.

D'après ce que mon ami avait pu me raconter, plus le temps passait, plus Jenna se montrait jalouse et possessive. Je ne pouvais que la comprendre : en connaissant le côté charmeur de Colin, il y avait de quoi se faire du souci.

— On ne te reproche rien.

Malgré mon ton rassurant, je n'ai pu réprimer un sourire.

— Bon, et sinon, on pourrait faire un truc après les cours vu qu'on finit plus tôt, proposa Jules.

Il passa la main dans ses cheveux de jais coiffés à la undercut. Il était le dernier garçon de la bande. Noir de peau, ses beaux yeux verts laissaient entrevoir un regard bienveillant.

JuniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant