— Tu vois cet arbre, là-bas ? m'indiqua maman une fois que nous sommes rentrées dans le parc.
Elle me désignait un grand chêne dont le tronc était trois fois plus épais que moi. C'était un peu comme s'il s'imposait devant tous ces ridicules arbustes.
— Derrière, il y a une trappe recouverte d'herbe et de toutes sortes de choses végétales pour passer inaperçue. On va faire comme si l'on se promenait et s'y arrêter. C'est compris ?
C'était vraiment excitant, j'avais l'impression de faire partie du FBI.
Je lui ai fait oui de la tête. L'arbre devait être à plus de cent mètres, on marcha tranquillement jusqu'à l'atteindre.
— Maintenant, tu te caches derrière le tronc, m'ordonna-t-elle, et je vais t'expliquer comment on va faire.
Elle s'est accroupie et a dégagé avec sa main quelques brindilles d'herbes pour laisser apparaître une grosse corde. Lorsqu'elle a tiré dessus, une trappe d'un mètre environ s'est soulevée. En dessous, on pouvait distinguer une échelle. Il faisait plutôt sombre, on n'y voyait pas grand-chose.
— Une échelle descend jusqu'à une plateforme où des gardes du MDV filtrent les passages. Tu vas descendre en premier, je te rejoindrai ensuite.
Elle m'a encouragée d'un signe et m'a demandé de faire attention à ne pas tomber. Je me suis exécutée. Le noir absolu était peu rassurant. Même si je pouvais voler, ça ne m'était pas d'un grand réconfort. J'avalai les premiers barreaux et avisai maman, qui me suivait en fermant bien la trappe derrière elle. Cinq ou six marches supplémentaires, et on atteignit la terre ferme, sans doute le support dont m'avait parlé maman.
Je poussai un soupir de soulagement.
Un large espace, éclairé par une tripotée de chandeliers accrochés aux murs de pierre, s'offrait à moi. Deux gardes y étaient postés, le cul vissé sur une chaise. J'avoue avoir été plutôt intimidée par ces deux types, tout en muscle, les traits fermés, l'air menaçant ; des vigiles qui correspondent parfaitement à l'image qu'on se fait d'eux. Maman m'a fait signe d'y aller.
Je me suis avancée vers le monsieur en lui montrant mon poignet.
— Je m'appelle Steacy Rochelle.
Je l'ai laissé consulter sa liste et, lorsqu'il m'a adressé un petit signe de tête pour m'autoriser à passer, il m'a tendu un papier avec tout un texte imprimé sur sa moitié.
— Voici la charte du premier passage.
Je me rappelais de ce document, maman et mamie Marie m'en avaient parlé lorsque j'avais découvert l'existence de ce monde.
J'ai rapidement signé puis il m'a donné le livre du Monde que mamie m'avait préalablement donné. Les gardes nous ont ouvert les immenses portes derrière eux. Je passai l'encadrement et arrivai sur une grande plateforme en métal. Je m'acheminais alors au bord de la plaque pour enfin prêter attention à ce qui nous entourait. C'était juste magique ! Il n'y avait pas d'autres mots. Soudain, ma rancœur envers maman s'est évaporée. Je n'étais pas là de mon plein gré, mais cet endroit ne me déplaisait pas.
L'endroit était vaste, l'horizon avait pris une teinte bleue comme si nous étions dans le ciel. Je pouvais distinguer quatre immenses plateformes. Recouvertes d'herbe, des restaurants, des magasins ou encore des immeubles et maisons y foisonnaient.
— Alors, tu trouves ça comment ? m'interrogea maman, impatiente d'entendre ma réponse.
— Je n'aurais jamais imaginé qu'un endroit pareil puisse exister !
En effet, si ce n'était pas le paradis, ça y ressemblait fortement. En plus de la beauté du paysage, je sentais une énergie nouvelle s'écouler dans mon corps. L'impression d'avoir acquis une puissance auparavant enfouie en moi.
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Junia
RomanceDeux Mondes. Deux garçons. Une reine. Steacy n'est pas une adepte du changement. Mais lorsque la prophétie du Monde Du Vol la désigne comme l'Élue, elle comprend qu'elle seule pourra ramener la prospérité au peuple de ce monde parallèle. Elle ne peu...