Chapitre 21 | Sa carrure

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Comme je l'imaginais, le MDV est désert. Aucune lumière n'émane des maisons. Je vole droit devant moi, survolant les plateformes sans me retourner.

Je n'ai jamais réellement su comment se présentait le portail du MDA alors je me contente d'avancer vers la paroi bleue qui se présente devant moi. Je m'arrête net lorsqu'un portail en acier se dessine au fur et à mesure que je m'avance. C'est donc ça, la fameuse entrée ? Je continue d'avancer et celui-ci devient de plus en plus précis. Comme je l'avais demandé, un boîtier électronique est positionné juste à côté de la poignée. Je prends une grande inspiration avant de m'avancer.

— Excusez-moi, Votre Majesté ?

Je sursaute et me retourne. Personne n'était censé me voir.

Un vieil homme vole à ma hauteur. Le peu de cheveux qu'il lui reste sont grisonnants et ses joues rondes sont parsemées de petites tâches brunes. Il est le genre de vieillard chez qui la table est recouverte d'une nappe à carreaux multicolores.

— Bonsoir, monsieur.

— Que faites-vous ici ? Vous avez des ennuis ?

Trouver une excuse. Vite.

— Non, tout va très bien, merci beaucoup de vous en inquiéter. Je vais simplement chercher des volants qui n'ont pas été rapatriés à temps.

— Je n'arrive pas à croire qu'on vous délègue ce travail ! Les ambrolennes sont dangereux, soyez prudente, Votre Honneur.

J'acquiesce, touchée par cette marque d'affection.

Je ne sais pas comment il peut croire quelque chose de si grossier mais je ne vais pas m'en plaindre.

L'homme est sur le point de s'en aller lorsqu'il reprend :

— Vous ne comptez tout de même pas y aller découverte comme cela ?

Je dois tendre l'oreille pour comprendre ce qu'il me dit. Son vieil âge l'empêche de s'exprimer clairement.

— Oh... si.

Il claque la langue sur son palais. Puis retire son écharpe.

— Tenez, prenez ça et enfilez-la autour de votre tête.

— Monsieur, vous êtes bien aimable, mais je ne peux pas accepter. Gardez votre écharpe, je vous assure que tout ira pour le mieux.

Il secoue la tête.
    — Ils veulent vous voir morte ! Je ne vais pas laisser notre reine se mettre en danger de la sorte. Prenez-là, j'en ai un tas chez moi. Yvonne, ma femme, adore m'en tricoter.

Je lui souris. J'ai rarement rencontré quelqu'un de si gentil.

— C'est vraiment aimable de votre part. Merci, monsieur.

Il m'accorde une révérence et s'en va. Mon mensonge a eu l'air de lui convenir. J'ajuste l'écharpe sur le sommet de ma tête et m'avance.

Je dépose ma main sur le boîtier numérique et le portail s'ouvre fluidement. Sur la défensive, j'entre dans le MDA et reste bouche bée.

Cinq plateformes sont ordonnées dans un univers bleu, similaire au MDV. C'est, en réalité, peu étonnant car les deux Mondes viennent d'un univers commun.

Je m'avance doucement. Dans cette pénombre, je ne discerne aucun signe de vie. Je repère vite le château placé au milieu d'une plateforme centrale. J'aurais aimé arpenter les rues pour m'imprégner de l'esprit de ce monde, mais je préfère ne pas prendre de risque. Je vole le plus vite possible et me retrouve rapidement face à une imposante porte en bois. Je suis étonnée de constater qu'aucun garde ne surveille le château. Ou alors se cachent-ils afin de mieux protéger la demeure royale ?

JuniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant