Chapitre 29 | Je l'aime à mourir

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Ma capuche noire dissimule tous les traits de mon visage et une longue traîne noire camoufle mon corps. Tout le monde se prépare pour Le Bal Du Vol donc très peu de personnes sont de sortie au MDV. Je réussis à traverser le passage sans difficulté.

Une fois devant la porte du château dénuée de gardes, je relève la tête pour me donner du courage. Lorsque je la franchis, le son des bottes de gardes qui martèlent le sol fait battre mon cœur un peu plus vite. Je me rappelle vite que ce ne sont que des enceintes et m'élance dans le couloir. Au bout de celui-ci, j'actionne le mécanisme. Le mur coulisse et je monte quatre à quatre les marches des escaliers. Être de retour dans ces couloirs déserts me fait froid dans le dos, mais je prends sur moi et les parcours d'un pas assuré.

Après quelques erreurs, je retrouve la chambre de Liam. Je me rue vers sa porte, n'ayant qu'une envie : m'y engouffrer pour ne plus me sentir si vulnérable. Lorsque je toque, une douce mélodie me parvient aux oreilles. Elle s'interrompt soudainement et la porte s'ouvre à la volée, Liam dans son encadrement. Lorsqu'il me saisit le bras et me tire à l'intérieur de la chambre, ses yeux bleus émettent un mélange d'exaspération et d'amusement. Avant de refermer la porte, il vérifie que personne ne se trouve dans l'allée.

— Tu es bornée, comme fille.

— Moi aussi, je suis ravie de te voir !

Toujours debout, je tiens mon sac à la main. Par je ne sais quel miracle, j'ai réussi à fourrer la robe dedans sans la froisser.

Mes yeux se posent sur le piano et je comprends tout de suite d'où venait l'air que j'entendais quelques secondes plus tôt.

— Tu peux continuer à jouer ?

Accédant à ma demande, il s'assoit sur le fauteuil en cuir et pose ses délicats doigts sur le clavier strié de blanc et de noir.

Lorsque les premières notes résonnent, je reste figée sur place. Ses doigts, parfaitement synchronisés, frappent les touches avec agilité et créent une merveilleuse mélodie. Je me concentre sur le mouvement de ses doigts et tout autour de moi s'efface.

Lorsque les notes se font plus rapides, sa voix grave résonne dans la pièce.

Je n'étais rien, mais voilà qu'aujourd'hui, je suis le gardien du sommeil de ses nuits, je l'aime à mourir. Vous pouvez détruire tout ce qu'il vous plaira, elle n'a qu'à ouvrir l'espace de ses bras, pour tout reconstruire, pour tout reconstruire.

Je reconnais la chanson et mon coeur se sert. Sa voix grave me transporte. Il sait la manier avec une agilité déconcertante. Sans s'arrêter de jouer, il tourne la tête vers moi et me regarde furtivement, un sourire aux lèvres.

— Je l'aime à mourir.

Son corps se balance au rythme des pressions qu'il exerce sur les touches.

Elle a gommé les chiffres des horloges du quartier, elle a fait de ma vie des cocottes en papier, des éclats de rire. Elle a bâti des ponts pour le Monde Du Ciel, et nous les traversons à chaque fois qu'elle ne veut pas dormir, ne veut pas dormir. Je l'aime à mourir.

Je souris face à la variante de la musique originale qu'il a créée.

Elle a dû faire toutes les guerres, pour être si forte aujourd'hui. Elle a dû faire toutes les guerres de la vie. Et l'amour aussi.

Il se tait et laisse ses mains courir sur le clavier. Je m'assois à ses côtés et profite de ce moment. Ses biceps touchent mon bras et je frémis sous ce contact.

Ses yeux bleus accompagnent chacune des notes qu'il frappe, ses cheveux d'or suivent les mouvements de sa tête et, pour la première fois, je vois tout son corps se détendre. J'aimerais tant figer l'instant.

Lorsque les dernières notes résonnent, il se tourne vers moi, un léger sourire sur le visage.

— Tu m'as caché combien d'autres talents comme ça ?

Il hausse les épaules, un petit sourire en coin.

— Il en reste juste un que tu n'as encore jamais découvert.

Son visage se rapproche alors dangereusement du mien. Il va réellement le faire ? Son parfum boisé emplit mes narines et son souffle parcourt ma peau. Je romps cette tension insoutenable et colle mes lèvres aux siennes. Elles sont chaudes et douces. Je me laisse enfin aller. C'est si bon. Je pose ma main sur sa nuque et passe mon autre bras derrière son dos. J'aimerais, une seconde fois, arrêter le temps. Être à ses côtés m'apaise d'une manière inexplicable.

Lorsque je la glisse sous son tee-shirt et que je sens ses balafres, il tressaille. Je presse un peu plus mes lèvres sur les siennes et il se détend. Plus je remonte ma main, plus les éraflures sont nombreuses. À contrecœur, je détache mes lèvres des siennes, mais garde ma main sur le haut de ses omoplates.

— Je vais t'apprendre à aimer chacune de tes cicatrices. À les aimer bien et à les aimer fort.

Il me sourit, sincèrement.

— J'espère surtout que tu m'apprendras à t'aimer fort et bien. Sans mensonges, sans...

Il regarde autour de lui.

— Sans tout ça.

Ça va être difficile, je le sais. Mais on peut y arriver. J'en suis sûre. Georges a peut-être tué mon père, mais je me battrai pour sauver son fils.

Je ne peux résister un instant de plus alors je scelle nos lèvres à nouveau. C'est trop tard, c'est déjà addictif.

Nous restons là un instant, à nous contempler en silence, puis je me lève pour me préparer. Il me désigne sa salle de bain afin de me redonner un coup de maquillage pendant qu'il se change. Pour ma part, je mettrai ma robe au MDV. Je dois me présenter uniquement lorsque tout le peuple sera arrivé, alors je me changerai dans ma chambre.

À travers la porte, un air de piano me parvient. J'ouvre doucement la porte et contemple Liam, de dos, assis à son piano. Je ne fais pas de bruit et reste là, contre le chambranle de la porte, à le regarder. Je ne m'en lasserai jamais. Ses muscles se contractent au gré de ses gestes. Il joue une douce mélodie, lente et aiguë. J'envie tout le personnel du château. À toute heure de la journée, ils peuvent passer devant sa chambre et l'entendre jouer. Quelle chance.

Lorsqu'il m'entend avancer, il se retourne, brisant l'instant. Vêtu d'une chemise blanche et d'un chino marine, il a tout l'air d'un prince. Il me sourit et sa mâchoire se contracte. Je ne résiste jamais très longtemps lorsqu'il fait ça.

Il se lève vers moi et pose ses mains sur mes hanches. Je retiens un frisson.

— J'espère que Sa Majesté m'accordera une danse, ce soir.

— Elle risque d'être bien trop occupée avec son cavalier...

Il rigole et je souris.

— Allons-y.

Il me remet la capuche sur la tête et nous sortons de sa chambre, sans un bruit.

𐬾

Helloooo ♡
Comment vous allez ?

Je vous présente un de mes chapitres préférés ! Je suis particulièrement attachée à celui là car Liam et Steacy deviennent de plus en plus proche et, personnellement, je les trouve juste trop choupis.
Et vous ? Vous en pensez quoi ?

Bon, je vous laisse aller lire le chapitre suivant pour pouvoir assister au bal.

Kiss,
Rose <3

JuniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant