Chapitre 2 | Une cage en or

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En tailleur sur mon lit, j'enlève l'angle de la coque transparente qui couvre le dos de mon téléphone. Je le remets. Puis je l'enlève à nouveau. Et ainsi de suite. Je reste comme ça, les yeux fixés sur le mur blanc de ma chambre, à triturer mon portable, si longtemps que des cloques apparaissent au bout de mes doigts.

L'écran numérique s'allume.

Maman : On peut parler ?

    Je ne réponds pas et verrouille l'écran. C'est sa quatrième tentative de discussion depuis notre retour. Mais cette fois, je sais qu'elle va entrer dans ma chambre, ignorant ma réponse, quelle qu'elle soit. Il est dix heures trente-deux précisément. En ce mardi de journée pédagogique, je n'ai, ni dormi de la nuit, ni adressé la parole à maman depuis notre retour. À personne, depuis que j'ai quitté le MDV d'ailleurs...

    Je devais, à l'origine, rester dormir dans La Chambre Royale (ma chambre à présent) après le couronnement. J'ai catégoriquement refusé après ce qu'il venait de se passer.

Les fourmis commencent à me monter aux jambes. Je change enfin de position après plus d'une heure statique.

    Comme je l'avais prédit, maman toque à ma porte et, sans attendre ma réponse, elle entre et s'assoit sur mon lit.

    — Steacy, je sais bien que ton père et moi n'avons pas fait les choses correctement vis à vis de...

    Je la coupe d'un mauvais regard.

Comment ose-t-elle ?

    — Mon quoi ?

    — Nous n'avons pas agi avec justesse. Mais est-ce que tu comprends que c'était pour ton bien ?

    — Pourquoi ne m'avez-vous pas simplement mise dans la confidence ? C'était trop vous demander d'en parler à la principale concernée ?

    — T'en parler serait revenu à prendre de gros risques. Tu aurais vécu dans la peur et, crois moi, ça aurait compliqué les choses. Mais nous comptions tout t'expliquer très vite après le couronnement.

Je lui lance un regard dubitatif.

— Le fait est que maintenant, tu le sais. Alors nous allons faire en sorte que tout se passe pour le mieux. Je te connais, Steacy, tu comptes refuser de nous adresser la parole pendant plusieurs jours et faire tout ton possible pour nous faire culpabiliser...

    C'était, en effet, mon idée de départ...

    — Mais tu es plus intelligente que ça. Tu te rends compte que c'est ta sécurité qui était en jeu ? Laisse ta rancune de côté, je t'en prie. Chacune de nos paroles, de nos décisions, chacun de nos actes, vont s'avérer décisifs maintenant.

Le palais m'offrira chacun de mes désirs. Et ce, dans les plus courts délais. Tout le personnel se pliera en quatre pour moi. Je pourrais avoir tout ce que je désire. Tout, sauf ma liberté. Ma chère liberté... Toujours observée, je n'aurai plus le droit à l'erreur. Une cage en or reste une cage.

Je n'ai aucune envie de lui répondre. Mais je sais pertinemment que je n'ai pas le choix. Je vais devoir passer outre. Pardonner. Mais elle n'est pas obligée de connaître mes intentions tout de suite.

Heureusement pour moi, mon téléphone se met à vibrer et c'est le nom de Telma qui s'affiche sur l'écran d'accueil. Un soupir de soulagement m'échappe.

Telma : Shopping et déjeuner au centre co. à midi ? J'ai hâte d'avoir tous les détails de ce couronnement, moi !

Elle n'est pas au bout de ses surprises...

JuniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant