Junia

Chapitre 12 | C'est elle !

Fatiguée de tourner en rond depuis plus d'une heure, j'envoie un message à Eileen (qui m'avait donné son numéro lors de notre première rencontre) pour lui dire que je suis au MDV. Je ne vais pas rester ici à poireauter pendant toute une journée et je ne connais personne d'autre qu'elle. Elle me paraît être l'amie parfaite pour oublier qu'un peuple entier veut combattre le mien.

Elle répond instantanément alors je lui propose de venir au château.

Eileen : OMG ! Je vais aller dans le château royal ! J'arrive tout de suite !

Je sors la tête par la fenêtre et contemple tout le MDV. J'aperçois la silhouette d'Eileen se diriger vers les gardes, à l'entrée du château. Comme je m'y attendais, ils ne la laissent pas entrer. Je tend les deux doigts en me concentrant sur les rouages de la grille qui s'ouvre sous mon mandat. Un petit cri de victoire m'échappe. Je n'utilise presque jamais ce don alors je suis heureuse de réussir à l'utiliser du premier coup. D'un même mouvement, Eileen et les deux gardes se tournent vers ma fenêtre. Je leur fais signe que tout est OK et quelques minutes plus tard, Eileen toque à ma porte. Lorsque je lui ouvre, elle rentre en trombe.

— Les gardes dans le couloir m'ont indiqué le chemin. Ils sont super sympas ! Tu devrais papoter avec eux. Sinon c'était trop stylé le coup de magie que tu nous a fait. J'ai adoré. Ça doit être vachement pratique d'avoir un don !

— Tu parles toujours autant ? je m'esclaffe.

Elle plaque sa main sur sa bouche.

— Ma mère n'arrête pas de me dire de limiter mon débit de parole, explique-t-elle la voix étouffée par sa main. Mais c'est plus fort que moi...

Je rigole de plus belle.

— Moi je trouve ça sympa, on a pas le temps de s'ennuyer.

Elle tourne sur elle-même et observe chaque recoin de la chambre.

— Tu sais que ma mère travaille, ici, au château ?

— Ah bon ? Comment s'appelle-t-elle ?

— Suzanne. Elle travaille dans le service des chambres. Tu l'as peut-être déjà croisée.

— Ça ne me dit rien, mais je me renseignerai. Comment se passent ses journées ? je m'enquis.

— Écoute, je ne vais pas te cacher que travailler au château n'est pas le boulot idéal... Mais en ce moment elle va bien, mieux qu'il y a quelques mois !

Je ne pose pas plus de questions. Elle se dirige vers le fond de la pièce et admire mon lit à baldaquins.

— Wow ! C'est vraiment une chambre de princesse... Enfin, de reine !

— Regarde cette garde-robe, j'affirme en ouvrant les battants du meuble en bois.

Des robes de tout genre et de toutes les couleurs illuminent la pièce. Des fluides, des épaisses, des longues, des corsées, des roses, des bleues, des blanches... Certaines en tulle, d'autres en soie... Il y en a pour tous les goûts !

— Mon rêve !

En effet, je pense qu'Eileen se plairait avec ce vaste choix de vêtements. Je ne l'ai pas vu un grand nombre de fois mais je peux tout de même affirmer qu'elle soigne son style. Une robe moulante irait à merveille avec ses boucles volumineuses.

Nous passons l'après-midi à essayer toutes les robes une à une et la moquette de ma chambre devient vite un vrai dépotoir.

— Tout te va, c'est fou ! me complimente-t-elle en se laissant tomber sur le lit.