« Simen! souffle la jeune femme, abasourdie.
— Heureux de vous revoir, mademoiselle Aby, salue-t-il en traversant le hall. Excusez mon intrusion: je m'inquiétais de ne pas voir revenir mon équipier.
— J'ai cru que Rik t'avait tué au Marché. »
Un sourire doux s'affiche sur le visage altier. À lui seul, il allège la jeune femme d'une culpabilité immense. Cet homme représente tout ce que son peuple aurait pu être pour elle. Vigilant et aimant. Humain. Il l'a protégé de son frère et couvert sa fuite. Ça lui a brisé le cœur de l'ajouter à la liste toujours plus longue des morts à s'imputer. Trop vite pour apprendre à le connaître. Trop vite même pour le remercier.
« Je suis le plus qualifié au maniement des armes, explique-t-il. Amalrik ne pouvait pas se priver de son seul instructeur. » La Déesse l'a récompensé pour son secours.
« Rien n'aurait pu me rendre plus heureuse, Simen. Et pour que ça reste en l'état, rentrez chez vous.
— Nous allons vous escorter hors de la zone.
— Non, non, secoue-t-elle vigoureusement la tête. Je me débrouillerai avec les hommes que vous ne parviendrez pas à désolidariser de Rik. Partez! Avant le déploiement de la Horde.
— Le militaire était sûr de lui, insiste le plus jeune en s'asseyant en tailleur. »
Quel gamin buté! « Tu préfères croire un représentant de l'oppression associé à ton psychopathe de chef, plutôt qu'une Fille d'Hel qui a bataillé pour son clan?! » Les deux échangent un regard, l'un dubitatif, l'autre posé. « Bein..., commence le jeune. J'en sais rien moi! J'connais pas vos sources non plus. »
Elle ouvre la bouche sans trouver l'argument indubitable capable de le faire déguerpir. Pas sans compromettre l'identité de son clopeur, en tout cas.
Ce dernier en arrive à la même conclusion: les deux heljaïstes tournent les yeux vers les ombres de l'encoignure où il attendait patiemment. Ils ignorent qui il est, pourtant, le plus âgé porte instinctivement la main à son fusil d'assaut. Plus futé que le gosse qui siffle entre ses dents d'un air élogieux.
Tranquillement, Meyer offre sa main pour relever son épouse. « La Horde va se déployer pour moi, confirme-t-il, ce faisant.
— Pourquoi?
— Parce qu'on vous a envoyé chasser leur commandant.
— Ah! J'ai tendance à croire cette source-là, reconnaît le blondinet, se levant en s'époussetant.
— Il est d'autant plus important de vous faire sortir de là, enchaîne l'aîné sans lâcher le militaire des yeux.
— Pour une fois que quelqu'un vous donne un ordre sensé, suivez-le! s'agace-t-elle.
— Rien n'empêche que vous veniez avec nous, mademoiselle.
— Madame, tranche Phil. »
Ça le démangeait. Deux fois, c'était deux de trop.
Abelone rosit de confusion en levant les yeux sur lui. Elle n'a pas corrigé parce qu'elle n'a tout simplement pas noté l'erreur.
Il lui rend un regard indifférent qui dissimule un agacement compréhensible, mais dont elle ne l'aurait pas cru capable. « Même si tu voulais les suivre, ça serait hors de question, décrète-t-il.
— Depuis quand as-tu décidé d'être possessif? est-elle prise à rebrousse-poil.
— Certains de ces hommes devaient savoir qu'il s'agissait de ton appartement. Ça ne les a pas retenus.
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Black Bag [Terminé]
RomanceIl a suffi d'une fraction de la campagne électorale attisée par la peur. Deux semaines de matraquage médiatique durant les quatre mois de campagne, une énorme opération de médisance, et un seul slogan: "Votez contre Mercier". À l'heure de la victoir...