Black Bag [Terminé]

5. Se détacher pour apprécier les bonnes choses

J'essaye de faire des chapitres courts pour ne pas que ça devienne indigeste de par la teneur des propos, mais là, j'ai retranché au plus pour arriver à moins de 3500 mots. J'ai fait au mieux...

Pour info, je suis bien consciente qu'à l'heure actuelle, les voitures électriques ne possèdent pas de boîte de vitesse. Il semblerait pourtant que ce soit en test sur certains modèles, afin de maximiser le rapport de couple et de vitesse, et qui ferait également gagner en autonomie. J'extrapole dont en 3 "vitesses": un point mort, une vitesse pour la ville et une pour les voies à grandes vitesses.

Bonne lecture. 

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Phil tire sur la cigarette en laissant retomber le tissu sur la cicatrice. Le courant d'air qui rabat la fumée dans la figure de la femme ne la fait même pas ciller. Elle le dévisage aussi crûment qu'il le fait. Pas comme un tas de viande ou comme un être ayant une vie, des espoirs. Non, ils se toisent comme on cherche à déchiffrer une œuvre sortie de l'imagination d'un déficient mental. Qu'y a-t-il à voir? Qu'y a-t-il à décrypter?

Sans être belle, elle est jolie avec ses iris verts bordés de bleu et sa peau quasi proprement uniformément pâle. Quelques tâches de rousseurs estompées par le temps, supposent une enfance passée sous un soleil évanoui depuis longtemps. La ligne de ses sourcils a récemment été épilée. Elle voulait être présentable à côté de ses copines plus délurées, plus sociables, plus riches, plus sensuelles. Quelle erreur, hein trésor?!

Les paupières légèrement fardées se plissent de dégoût quand Tyb éjacule bruyamment. Ils n'ont pas évolué depuis le néandertalien, juge Phil. Ils ne savent pas apprécier les bonnes choses. Il faut se détacher du superflu pour en être capable.

Elle tressaille plus vivement quand les hurlements de sa collègue s'étouffent, la gorge écrasée au creux de la main de Stim' qui a laissé sa place à Biture dans l'anus juvénile.

« Vous la voulez, mon capitaine? » Arraché à ses pensées, Phil tourne la tête vers le caporal qui se déleste de la capote, l'air satisfait. Il ne répond qu'en tirant à nouveau sur sa tige. « Vous n'avez pas besoin d'aide comme Biture, n'est-ce pas, mon capitaine?! » Son sourire goguenard ne lui inspire que mépris. Il cligne stoïquement au milieu des fumerolles empoisonnées. « Ok, convient l'adjoint dans un petit rire contrit. Je vous laisse. J'ai à faire... » Il termine sa phrase en désignant les filles ensanglantées abandonnées pêle-mêle. Il sort déjà son couteau de chasse de l'étui de ses reins. Il va finir le carnage de ce côté.

Phil reporte les yeux sur la femme abandonnée sur le capot, ses magnifiques jambes pendant dans le vide. Celle-ci échappera à la boucherie. Parce qu'il vient de décider qu'il en serait ainsi.

Émilie le regarde en retour. Le capitaine a raison: ce n'est pas la première fois qu'elle subit l'humiliation ultime. Elle a appris à s'isoler de son corps, à se concentrer ailleurs qu'à la saleté. Ça en devient plus supportable. Et bizarrement, cet homme qui la surplombe en fumant indolemment l'a aidée à s'accrocher à un autre elle-même.

Il a vu la marque au fer rouge. Elle est foutue. Mais elle n'en a rien à foutre. Elle ne veut penser à rien, rester loin d'elle-même. Sans quoi, elle pourrait percevoir l'écho de cette queue répugnante qui l'a pénétrée; elle entendrait les derniers borborygmes de sa meilleure amie qui agonise en se noyant dans son propre sang; elle pourrait compter les douleurs de son corps meurtri et des pans de son esprit qui se morcellent.

Elle préfère s'accrocher à lui. À l'autre. Et à l'aura menaçante qu'il dégage. Son instinct lui dit que tout découlera de lui. Lui et personne d'autre.

Avec désinvolture, il approche le filtre des lèvres de la jeune femme. Elle est trop loin de la surface pour s'étonner. Phil connaît cet état second. Il s'y enterre souvent pour n'être focalisé sur rien d'autre que son objectif. Cela les rend aussi insondable l'un que l'autre.