« Y'a pas d'"entre nous"! » tempête Abelone. Elle en décroise les bras d'indignation, comme elle s'apprêterait à en venir aux mains. « Tu comprends ça? Je ne veux rien avoir à faire avec toi.
— Mauvaise idée..., répond tranquillement Phil.
— De t'envoyer chier?
— Envoyer chier un type que tu décris toi-même comme détraqué? C'est le propre d'une mauvaise idée. »
La jeune femme se drape de ses bras, mais sa pauvre chaleur est incapable de repousser le froid qui la saisit. Il a putain de raison. Et ça lui glace le sang.
« Il va falloir que tu lâches du lest, trésor, reprend-il d'un ton conciliant tandis qu'elle se met à faire les cent pas le long du dossier du fauteuil. Frustre-moi, je peux supporter. Mais si tu ne me donnes strictement rien, je vais radicalement abréger cette "absence d'entre nous". » La jeune femme se statufie et blêmit brutalement. « Je vois que tu comprends.
— T'es un fils de pute, piaille-t-elle d'une voix qu'elle voudrait plus stable.
— Tu l'as déjà dit. »
Il ne lui laisse même pas la satisfaction de s'offenser.
« Tu me demandes quoi, au juste?
— Un verre d'eau.
— Et te laisser croire que tu es le bienvenu? Tu rêves! débite-t-elle sur le ton de la lapalissade. Qu'attends-tu de moi? Concrètement. »
Un faible sourire joue sur les lèvres masculines. Impossible de le refouler totalement. Il n'est pas sûr d'en avoir envie. Les émotions d'Émilie ont beau jouer au yo-yo, elle garde tout son tranchant. Il aime ça. Non, il adore. Elle s'emballe et lui jette sa verve avec une même volubilité qu'elle soit terrifiée ou pugnace. Après tant d'années à côtoyer des monoemotionals incapables de passer à autre chose une fois possédé par un sentiment puissant, ce panel d'émotions qu'elle offre est rafraîchissant.
Il pose les avant-bras sur les accoudoirs, se met à l'aise avant d'engager les pourparlers malgré son pistolet principal qui lui rentre dans les reins. « Une brèche. Celle de ton choix.
— Vers quoi?
— Vers toi.
— Et si je ne te donne pas ce que tu veux, tu me tues ou m'emprisonnes. C'est l'idée?
— Je suis prêt à jouer le jeu du mérite, tempère-t-il. Mais il faut que tu me donnes une base sur laquelle travailler, oui. »
Finalement, Abelone a besoin de s'asseoir! Les jambes flageolantes, elle contourne le dossier et se laisse tomber sur les coussins.
« Que je résume, inventorie-t-elle, le regard fixé à ses orteils. Ton but est de me baiser, et tu veux que je te laisse l'occasion d'y parvenir. »
Il rit. D'un rire grave, le plus sincère qu'il ait émis jusque là et peut-être même depuis plusieurs années. « Si je voulais juste te baiser, nos contacts se seraient restreints au garage abandonné. » Elle frémit visiblement et se rétracte sur elle-même au souvenir évoqué. « Je ne veux pas ça. » rappelle-t-il doucement. L'effrayer n'est plus à l'ordre du jour. Il veut bien plus, à présent.
Elle inspire comme on cherche la détermination, et ouvre la bouche, mais il la devance: « Tu pourrais écarter les cuisses si la situation l'exigeait, je sais. Mais ce n'est toujours pas ce que je veux.
— Putain! Mais tu veux quoi, alors?!
— Tout! Et ton orgasme, ajoute-t-il dans un sourire en coin qui la fait rougir. »
VOUS LISEZ
Black Bag [Terminé]
RomanceIl a suffi d'une fraction de la campagne électorale attisée par la peur. Deux semaines de matraquage médiatique durant les quatre mois de campagne, une énorme opération de médisance, et un seul slogan: "Votez contre Mercier". À l'heure de la victoir...