14. Les règles du jeu

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« Y'a pas d'"entre nous"! » tempête Abelone. Elle en décroise les bras d'indignation, comme elle s'apprêterait à en venir aux mains. « Tu comprends ça? Je ne veux rien avoir à faire avec toi.

— Mauvaise idée..., répond tranquillement Phil.

— De t'envoyer chier?

— Envoyer chier un type que tu décris toi-même comme détraqué? C'est le propre d'une mauvaise idée. »

La jeune femme se drape de ses bras, mais sa pauvre chaleur est incapable de repousser le froid qui la saisit. Il a putain de raison. Et ça lui glace le sang.

« Il va falloir que tu lâches du lest, trésor, reprend-il d'un ton conciliant tandis qu'elle se met à faire les cent pas le long du dossier du fauteuil. Frustre-moi, je peux supporter. Mais si tu ne me donnes strictement rien, je vais radicalement abréger cette "absence d'entre nous". » La jeune femme se statufie et blêmit brutalement. « Je vois que tu comprends.

— T'es un fils de pute, piaille-t-elle d'une voix qu'elle voudrait plus stable.

— Tu l'as déjà dit. »

Il ne lui laisse même pas la satisfaction de s'offenser.

« Tu me demandes quoi, au juste?

— Un verre d'eau.

— Et te laisser croire que tu es le bienvenu? Tu rêves! débite-t-elle sur le ton de la lapalissade. Qu'attends-tu de moi? Concrètement. »

Un faible sourire joue sur les lèvres masculines. Impossible de le refouler totalement. Il n'est pas sûr d'en avoir envie. Les émotions d'Émilie ont beau jouer au yo-yo, elle garde tout son tranchant. Il aime ça. Non, il adore. Elle s'emballe et lui jette sa verve avec une même volubilité qu'elle soit terrifiée ou pugnace. Après tant d'années à côtoyer des monoemotionals incapables de passer à autre chose une fois possédé par un sentiment puissant, ce panel d'émotions qu'elle offre est rafraîchissant.

Il pose les avant-bras sur les accoudoirs, se met à l'aise avant d'engager les pourparlers malgré son pistolet principal qui lui rentre dans les reins. « Une brèche. Celle de ton choix.

— Vers quoi?

— Vers toi.

— Et si je ne te donne pas ce que tu veux, tu me tues ou m'emprisonnes. C'est l'idée?

— Je suis prêt à jouer le jeu du mérite, tempère-t-il. Mais il faut que tu me donnes une base sur laquelle travailler, oui. »

Finalement, Abelone a besoin de s'asseoir! Les jambes flageolantes, elle contourne le dossier et se laisse tomber sur les coussins.

« Que je résume, inventorie-t-elle, le regard fixé à ses orteils. Ton but est de me baiser, et tu veux que je te laisse l'occasion d'y parvenir. »

Il rit. D'un rire grave, le plus sincère qu'il ait émis jusque là et peut-être même depuis plusieurs années. « Si je voulais juste te baiser, nos contacts se seraient restreints au garage abandonné. » Elle frémit visiblement et se rétracte sur elle-même au souvenir évoqué. « Je ne veux pas ça. » rappelle-t-il doucement. L'effrayer n'est plus à l'ordre du jour. Il veut bien plus, à présent.

Elle inspire comme on cherche la détermination, et ouvre la bouche, mais il la devance: « Tu pourrais écarter les cuisses si la situation l'exigeait, je sais. Mais ce n'est toujours pas ce que je veux.

— Putain! Mais tu veux quoi, alors?!

— Tout! Et ton orgasme, ajoute-t-il dans un sourire en coin qui la fait rougir. »

Black Bag [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant