Black Bag [Terminé]

37. La joyeuse famille de la Horde - Part II

Arrivés à proximité du SUV et de son escouade affairée aux rangements, Abelone surprend leurs regards appuyés sur sa personne. Bordel! Qu'est-ce qu'ils se sont déjà racontés?!

Ils montent en voiture tandis que Meyer fait les derniers pas qui la mène à la portière arrière. Tyb se retourne depuis la place conducteur, vers un gars au regard rêveusement fixé à la vitre. « Auriez-vous l'amabilité de changer de place, soldat Pierre?

— Hein?! Quoi?!

— Vire, Pierre! traduit la grosse voix du frigo.

— Ah! »

L'homme se dresse à genoux et enjambe le siège vers l'arrière où se trouve déjà un type concentré sur les bourdonnements constant de sa radio. Les autres se décalent et la jeune femme est tellement crevée qu'elle laisse les mains de son militaire la hisser dans l'habitacle.

Elle se retrouve coincée entre la carrosserie et l'armoire à glace, rencognée sans pouvoir tous les garder à l'œil. À quelle moment sa situation va-t-elle s'améliorer?!

Le dernier comparse se penche par-delà le colosse pour lui adresser un sourire engageant. Il se désigne comme étant "Sava", et présente rapidement les autres. Il finit sur Meyer qui grimpe à la place du mort: « Vous connaissez déjà le commandant! étouffe-t-il un rire, telle d'une blague interdite.

— Que vous ai-je dit? sermonne Raclure en démarrant le moteur.

— Ouais, ouais, grimace le jeune. Ça fait juste bizarre! »

Elle n'ose pas demander de quoi il s'agit. Quoi qui le fasse marrer, ça ne peut que lui déplaire!

Le véhicule quitte l'ombre du garage qui l'abrite. Les lumières qui colorent l'atmosphère au-dessus du Grand Bazar s'éloignent. Enfin! C'est enfin fini! Aby veut s'en réjouir avant que les événements de la soirée ne lui reviennent en pleine gueule. Elle ne veut pas y penser; pas réfléchir aux implications de sa tentative d'enlèvement. Elle ne veut même pas savoir où ces cinglés l'emmènent.

Elle se pelotonne sur elle-même en grimaçant de souffrance, et ne veut plus rien calculer d'autre que la vie qui l'anime encore.

Si bien qu'elle ne perçoit pas l'éclairage artificiel grossir à l'horizon jusqu'à effacer la voûte nocturne. « Euh... m'zelle? » Aby tourne un œil morne vers son voisin. « Vous pissez le sang. » Elle baisse le regard sur le bandage imbibé. Le rouge s'étend vers l'homme sur la banquette. Ça a le mérite de la sortir de sa torpeur. « Pardon. » marmonne-t-elle. Elle tente d'essuyer les traînées avec sa jambe de pantalon déjà raidie par l'hémoglobine séchée. « Ne vous activez pas, calme-t-il doucement. Tout va bien.

— On arrive, intervient Phil. Fais compression, Rek.

— Je peux le faire moi-même! rabroue-t-elle avant que la main ne l'atteigne. »

Elle presse la plaie et serre les dents à s'en fendre l'émail. « Vous êtes très courageuse, m'zelle.

— J'n'ai pas besoin de reconnaissance! aboie-t-elle pour s'empêcher de gémir. »

Le rire de l'homme résonne dans son large coffre. « Maintenant je comprends.

— Quoi?

— La raison qui a poussé le capitaine à se détourner de la mission pour une petite chose telle que vous.

— Je ne me sens pas visée! ironise-t-elle la vexation. Tout est minuscule à côté de vous. »

Il opine dans un nouveau rire ronronnant.

« Non, pas le parking. Plus près des tentes. » commande Phil au conducteur en désignant un point à travers le pare-brise. Tyb tourne et immobilise bientôt le moteur. Les portières s'ouvrent et l'agitation assaille la jeune femme.