Chapitre 2 : Une adaptation difficile pour tout le monde

138 9 4
                                    

C'était très étrange pour Isaac de revenir dans un endroit si familier et pourtant si différent de ce dont il se rappelait. Ce fut surtout son retour à l'école qui le frappa plus particulièrement. La douce et aimante Madame Fabre avait été remplacée par un certain Monsieur Loiseau, qui d'après Isaac ressemblait à un castor avec ses dents avancées et ses sourcils châtains et touffus. Néanmoins, il avait pris plaisir à revoir des têtes qu'il connaissait déjà et d'autres qui le regardèrent entrer dans la classe avec de grands yeux curieux. Les filles chuchotaient dans leur coin à sa vue et un garçon parmi les autres se précipita vers lui. C'était Marius Langlet, un de ses amis les plus proches qui venait de le saluer. Il avait toujours les cheveux d'un blond éclatant mais avait tellement grandi qu'il dépassait Isaac d'une tête.

– Isaac ! J'ai entendu dire que tu étais revenu ! Je suis tellement content ! Viens, je vais te présenter aux autres, s'empressa-t-il de poser une main accueillante sur son épaule et l'accompagner vers les autres garçons de la classe. Je te présente les frères Guibert, Philémon et son petit frère Théophile. Tu te souviens sûrement d'Edgar Lefort, désigna-t-il d'un coup de tête l'imposant garçon aux cheveux d'un blond proche du blond vénitien.

Ayant décidé d'être bûcheron comme son père, Edgar avait pris de la masse musculaire. C'était le plus vieux de la classe, à ce que lui expliquait Marius. Il le présenta à tout le monde et lui donna le prénom de toutes les filles, qui, bien trop prudes et intimidées ne vinrent pas le saluer mais le dévoraient des yeux depuis leur pupitre. Isaac reconnut la charmante Lily, bien avant que son ami l'introduise. Il se devait de lui dire ce que signifiait son prénom en anglais et garda cette mission dans le coin de sa tête.

– Mon camarade ici présent a quand même vécu cinq ans aux Etats-Unis !, Marius se venta auprès de ses confrères. Il faut absolument que tu nous racontes ! Que tu nous apprennes quelques mots !

A peine eut-il fini sa phrase qu'Isaac tourna la tête au son de la porte qui s'ouvrit. C'était Annabelle, aussi muette que quand il l'avait vu hier, qui fit son apparition en compagnie d'une fille qu'il n'avait encore jamais rencontré.

– Cute, pensa Isaac à voix haute.

Heureusement que personne ne pouvait comprendre ses propos, sinon cela aurait été plutôt embarrassant.

– Mignonne pas vrai ?, commenta discrètement Marius.

Isaac paniqua quelques secondes, pensant que son ami avait compris ce qu'il avait dit et surtout de qui il parlait, mais fut soulagé quand celui-ci ajouta :

– Elle s'appelle Daniela et c'est la sœur des Guibert. Ne leur dis jamais que j'ai dit cela d'elle, auquel cas ils me feront la peau. Mais fais très attention, elle peut être très féroce quand elle veut.

Isaac ria nerveusement à ses propos sans quitter les deux filles des yeux.

– Et puis il y a Annabelle. Elle est si inexistante qu'on en oublierait presque à quel point elle était drôle avant.

– Il faut la comprendre Marius, elle a quand même perdu ses parents de manière si soudaine !, essaya-t-il de le convaincre, sans succès. Il faut que j'aille lui dire bonjour, renchérit-il alors.

Marius voulut le retenir, pensant que c'était une mauvaise idée et qu'il valait mieux la laisser seule mais c'était trop tard ; Isaac s'était déjà levé et partit en sa direction.

Annabelle entra dans la classe, suivie de près par Daniela, comme tous les jours et se sentait vraiment fatiguée ce matin-là. Avoir pleuré la veille l'avait vidé de son énergie pour le peu qu'elle en avait d'habitude. En plus, il faisait gris dehors et même la présence de son amie la neige ne pouvait lui remonter le moral. Plus que trois jours et elle pourrait enfin profiter de Noël. Sa cousine, son oncle et sa tante avaient envoyé un courrier de Paris comme quoi ils avaient prévu de rester les deux semaines de vacances au Château pour l'occasion. Annabelle était encore une fois dans ses pensées, quand Daniela l'en sortit :

Annabelle de CoutaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant