Chapitre 35 : Le rendez-vous secret

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Postée devant la fontaine située au beau milieu de la cour carré, Annabelle fourmillait d'impatience. Il était midi passé, où était-il donc ? Après être restée trop longtemps à son goût les mains croisées devant elle, elle fût prise d'un vaniteux besoin de vérifier si elle était présentable. Elle arrangea les plis de sa jupe et remit en position le nœud violet de son chapeau avec vétillisme. Elle s'agaça entre ses dents à plusieurs reprises : "oh, cette fichue mêche", qui ne tenait pas en place, toute comme elle. Avait-elle eut raison d'accepter ce rendez-vous secret?

Au moment où elle distingua le jeune homme brun, elle crut défaillir. Elle manqua d'avaler de travers et se retenait de suffoquer ; elle pouvait sentir une goutte de sueur dégouliner dans son dos, sous son corset. La chaleur étouffante de ce début de journée en était la cause, et non ses frustrations, se persuada-t-elle. Annabelle ouvrit son éventail et le secoua devant elle, priant de ne pas tourner de l'œil, même si elle savait que ce genre de faiblesse ne faisait pas partie de sa nature.

Isaac approcha à grands pas, maintenant sa sacoche sur le côté. Il portait un veston gris sans manche accompagné d'une simple chemise de lin blanc, qui devait lui tenir extrêmement chaud également.

– Je te prie de m'excuser, Belle. C'est moi qui t'ai donné rendez-vous ici et c'est moi qui me suis perdu. Ce n'est pas croyable !, essaya-t-il de s'excuser en utilisant une pointe d'humour.

– Et pourrais-je savoir pourquoi donc m'as-tu donné rendez-vous ici ? Je ne devrais pas être là, c'est ...

– Et pourtant te voilà..., la coupa Isaac sur un ton reconnaissant. Tu es ravissante. Comme un soleil d'été.

Voyant qu'Annabelle n'était étonnamment pas réceptive, même pas à un tel compliment, Isaac porta sa main devant sa bouche et toussota avant de poursuivre :

– Je ne pouvais tout de même pas venir à Paris sans visiter le musée le plus célèbre au monde tu ne penses pas ?

Annabelle rongeait de l'intérieur, elle s'en voulait à elle-même : " Toute cette expectative pour aller admirer des tableaux alignés sur des murs ? "

Et à son grand désarroi, ce fût exactement ce qu'ils firent. Ils traînèrent des pieds dans les innombrables allées de la galerie. Isaac s'arrêtait de temps à autre et venait s'extasier devant les différentes peintures et sculptures. Et Annabelle s'adaptait à son rythme.

A mesure que le temps passait, Annabelle commença à se détendre. Elle n'arrivait pas à rester froide en présence d'Isaac. C'était un garçon si doux et chaleureux, à quelques détails près le même qu'elle avait connu, il semblait là si longtemps. Annabelle se mit à sourire en voyant les traits de son visage passer experts en arts plastiques. Isaac tourna la tête vers elle au même moment, interloquée par son changement soudain d'attitude.

– Est-ce moi qui te fait rire de cette façon ?

Annabelle plaque sa main sur sa bouche, honteuse.

– On est dans un musée Belle, ce n'est pas moi que tu dois regarder.

Gênée par ces mots taquins, Annabelle baissa la tête ; elle préféra admirer ses souliers plutôt que de devoir affronter son impertinence. Ne sachant plus quoi faire, elle alla s'asseoir sur le premier banc en marbre qui croisa sa route.

Isaac se détacha de sa visite pour aller l'y rejoindre.

– Tu n'es plus fâchée ?

Annabelle secoua la tête de gauche à droite, en se mordillant l'intérieur de la joue. A chaque fois qu'il s'adressait à elle, elle redevenait cette petite fille insouciante et fougueuse qu'elle avait été autrefois. Mais sa voix était désormais plus grave. Et ses cheveux quelques centimètres plus longs et épais.

Annabelle de CoutaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant