Annabelle de Coutais

Chapitre 14 : Une expédition éducative

Les deux professeurs demandèrent à leurs élèves de se mettre en rang. Tout le monde s'exécuta et le grand groupe se mit enfin en route. Durant toute la traversée du Bois de Charrette, Annabelle resta collée à Daniela et toutes deux fermaient la marche comme elles avaient l'habitude de le faire. Arrivés à une lumineuse petite clairière à côté d'un étang, Madame Cluzet frappa dans ses mains pour attirer l'attention de chacun des enfants.

– Nous allons nous arrêter ici pour déjeuner. C'est également à cet endroit que commencera votre travail de recherches. Observez bien tous les êtres vivants qui se trouvent autour de nous car à la fin de la semaine, vous devrez choisir un animal ou un insecte différent et le présenter avec votre binôme devant toute votre classe. En attendant, je vous souhaite à tous un bon appétit.

Malgré cet agréable pique-nique, le cœur d'Annabelle n'était pas de la partie. Elle essayait de manger son morceau de pain beurre sans constamment se retourner pour tomber sur Lily, Isaac et d'autres élèves qui s'étaient installés plus près de l'étendue d'eau. A la fin du repas, Isaac se leva et invita Lily à marcher un peu avec lui. Annabelle fronçait les sourcils. De la colère montait en elle. Lily n'était pas faite pour Isaac. Son ami avait de grandes qualités et elle ne le voyait pas rester dans la campagne à ramener de l'argent à Lily et leur petite famille. Annabelle avait en horreur ce tableau et rien que de les regarder côte à côte, dans cet endroit si poétique, lui donnait la nausée. Une dizaine de minutes plus tard, Lily se dirigea vers Charlotte et Capucine, qui cueillaient des pâquerettes non loin d'Annabelle et Daniela.

– Les filles ! Vous ne croirez jamais ce qu'Isaac m'a dit.

Ses deux compagnes se relevèrent, en lâchant presque leur bouquet, avec une délicieuse envie d'en savoir plus.

– Il m'a dit que j'étais une fleur.

Toutes trépignaient de jalousie et la conversation ne put échapper à la brunette qui ne se retint pas de s'y immiscer.

– Comment est-ce venu ?, demanda Daniela, curieuse de savoir si l'enthousiasme de la jeune fille n'était pas exagéré.

– Il m'a comparé à une fleur. Vous saviez que « lily » en anglais veut dire fleur ?

– C'est adorable !, commenta Charlotte.

– Que c'est romantique !, la rejoint Capucine, toutes pleins d'étoiles dans les yeux.

Elles se mirent toutes à caqueter et Annabelle avait l'impression de déjà avoir commencé son travail.

Arriva alors le moment où chacun rejoint son partenaire. Monsieur Loiseau déclara l'exploration ouverte et tout le monde partit de son côté. Après avoir observé quelques fourmis et autres insectes, Isaac continua dans sa lancée, émerveillé par tout ce qui l'entourait.

– Des abeilles ! Approche toi Lily, c'est fascinant !

Ils s'accroupirent donc tous les deux pour examiner l'insecte volant de plus près.

Annabelle resta à l'écart. Elle était terrifiée par ce genre de choses. Isaac lui faisait pourtant signe de venir voir les pieds d'Annabelle étaient aussi ancrés au sol que les racines d'un arbre.

– Elles font partie de ce que l'on appelle les hyménoptères, avec les guêpes ou les bourdons par exemple.

Lily faisait semblant de s'y s'intéresser alors qu'elle était répugnée par tous types d'insectes. Elle voulait simplement se rapprocher et frôler l'épaule du garçon avec la sienne. Tout était prétexte au contact. Annabelle, elle, adorait la nature, mais ce genre de bestioles était une exception à la règle. Soudain, une abeille qui arriva de nulle part prit la décision de venir se poser sur la main de Lily. Prise de panique, la jeune fille perdit son sang froid et se mit à faire de grands gestes avec les bras pour s'en débarrasser. Un cri de surprise mélangé à de l'effroi résonna dans sa maigre gorge : L'abeille venait tout simplement de la piquer à la main. Lily hurlait de douleur et Isaac se dépêcha de la rejoindre pour constater les dégâts.