Chapitre 30 : Qu'ils le disent ou se taisent à jamais

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Les rayons matinaux du soleil traversaient les rideaux fins et éclairaient les pièces de traits de lumières agréables. Annabelle se réveilla avec les yeux lourds et les cheveux en bataille, bercée par le chant des oiseaux. Elle était seule dans le lit. Son amie avait dû difficilement se reposer, trépignant d'impatience et d'inquiétude. La jeune fille s'étira, pour tenter de réveiller ses membres engourdis. Malheureusement, elle avait encore l'esprit coincée dans ses rêves. Soudain, elle se souvint. Toute la nuit, elle avait rêvé de lui. Isaac. Ce qui était très étrange, car elle n'avait pourtant pas l'habitude de rêver des personnes qu'elle connaissait. Elle aurait voulu trouver Daniela et tout lui raconter mais elle se força à garder cela pour elle. Ce jour-là devait tourner autour de Daniela et Daniela seulement. Elle se frotta les yeux pour essayer de se l'enlever de ses pensées mais rien à faire. Elle souffla alors un bon coup, pour se motiver, poussa les draps jusqu'au pied du lit et commença à se préparer. Elle pouvait ressentir les allers et venus du rez-de-chaussé. Daniela aurait sûrement besoin de son aide. Il n'y avait pas de temps à perdre.

Et effectivement, la brunette ne tenait plus en place. Une jeune fille de leur âge, qui ressemblait traits pour traits à leur ancienne camarade de classe Charlotte, lui courait après avec une brosse à cheveux dans les mains.

– Annabelle ! Tu es levée. Heureuse de te revoir ! Mais je vais perdre la tête. Daniela veut tout gérer. J'espère que ta présence pourra la calmer.

Annabelle, d'une poigne douce et ferme à la fois, intercepta la future épouse par le bras. Daniela se figea puis attrapa les mains d'Annabelle, toute tremblante. Elle vint la serrer dans ses bras, heureuse de la trouver éveillée. Et Charlotte, elle, les dévisageait d'un immense sourire. Sûrement une sensation de déjà vu.

Cette suspension dans le temps fut de courte durée. La empara de nouveau le corps de Daniela, corrigea ses frères jumeaux qui passaient par là. Eux aussi avaient bien poussé.

– Vous n'êtes toujours pas habillés ? Attendez voir ce qu'il va se passer si dans 5 minutes vous n'avez pas mis vos habits du dimanche !

– Annabelle, je vais avoir besoin de ton aide précieuse pour tenir la bête, Charlotte s'amusa-t-elle, sur un ton légèrement agacé.

Après quelques longues minutes de négociation, les deux amies avaient réussi à maintenir la future mariée sur une chaise de la cuisine jusqu'à ce qu'elle soit fin prête. La mère de Daniela pressa tout le monde à se dépêcher de se rendre à l'église. Elle en profita pour déposer un baiser plein d'amour sur le front de sa fille aînée.

– Ça y est. C'est le moment. De quoi ai-je l'air ?

Elle était évidemment magnifique dans la robe de mariée qu'avait portée sa mère avant elle. Son visage était rayonnant et étrangement apaisé. Elle était confiante. Elle avait fait le bon choix et elle n'avait nul besoin de le questionner. Charlotte fixa une dernière fois sur ses cheveux bruns les fleurs brodées de son voile et il était déjà l'heure de rejoindre Marius à l'autel.

La cérémonie fut absolument divine. Les bancs de l'église étaient pleins à craquer et Charlotte avait expliqué à Annabelle qu'il y avait rarement autant de monde pour un mariage. Même si tout le village était convenu à toutes les unions sans exception. Daniela et Marius étaient évidemment très appréciés au village et personne n'aurait voulu manquer un tel évènement. Annabelle s'était retenue de ne pas lâcher une larme à chaque regard que les deux tourtereaux partagaient. Elle n'avait jamais été autant émue et remerciait le destin de l'avoir laissé assister à ce moment si précieux.

A la sortie de l'église, en attendant l'arrivée des nouveaux mariés, Annabelle faisait errer son regard parmi la foule, à la recherche de visages familiers. Son cœur manqua un battement lorsqu'elle reconnut Madeleine et Emile Balvay, qui discutaient avec d'autres villageois. Bien que son corps fût attiré vers eux comme un aimant, Charlotte lui tendit un panier en osier qui contenait des graines de céréales. Ils allaient arriver d'une seconde à l'autre et Annabelle devait se tenir prête. Les grands-parents d'Isaac devraient attendre.

Annabelle de CoutaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant