Chapitre 10 : Quand le chat n'est pas là...

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Ce jeudi matin, Nicole de Coutais se trouva être " particulièrement de mauvaise humeur ". Elle faisait les cent pas dans le bureau de son époux, trouvant toujours des reproches à faire à Annabelle.

– Ne croyez-vous pas qu'il faudrait être un peu plus stricte avec elle ? Que va penser Nicolas quand il la verra !

– Laissez donc cette petite vivre en paix Nicole, rouspéta son interlocuteur. Vous devriez être heureuse qu'elle ne soit pas dans vos pattes toute la journée.

– Marcel, je vous en prie. Acceptez, pour l'amour du ciel, d'engager un précepteur pour qu'elle arrête de fréquenter les gens du petit monde.

Celui-ci posa la plume qu'il tenait en main dans l'encrier qui lui était destiné puis croisa les bras.

 
– Vous ne pouvez oublier qu'elle a vécu toute sa vie avec ce genre de personnes. Il est tout à fait normal qu'elle se sente plus proche d'eux que du monde dans lequel nous vivons, conclut Monsieur de Coutais avec la plus grande des sagesses.

– Vous êtes si têtu mon ami. Il est impossible pour moi de vous contredire, même quand vous avez tort.

Nicole de Coutais était aussi entêtée que son mari et bien qu'elle ne le montrait pas, elle savait qu'elle finirait par arriver à ses fins un jour ou l'autre. Elle décida donc de changer de sujet.

– N'est-ce pas demain que vous avez rendez-vous à Nantes avec le notaire mon cher ?

– En effet, répondit-il brièvement.

– Je pensais venir avec vous. L'anniversaire d'Annabelle étant dimanche, il m'était impensable de ne pas faire un saut dans la boutique de Mademoiselle Evelyne au Passage d'Orléans. Annabelle aurait grand besoin d'une nouvelle robe du dimanche. Je ne voudrais pas qu'elle ait l'air d'une souillon devant tout le gratin de la haute société.

– N'est-elle pas encore un peu jeune pour être présentée ?

– Je tiens à ce qu'elle soit prête quand Bertille assistera à son premier bal à Paris. Annabelle sera sûrement honorée de l'y accompagner. Ne vous en faites pas, je m'occupe évidemment de tout.

Pendant ce temps-là, à l'école du village pendant la récréation, Annabelle avait réuni tous ses camarades en plein milieu de la cours et leur parlait de son projet de vide grenier. Tout le monde était très emballé. Lily avait prévu de demander à sa mère de vendre des pâtisseries pas encore en vente au magasin pour constater leur popularité auprès des habitants. Charlotte et Capucine suivirent leur amie Lily en proposant de préparer du vin chaud accompagné d'un clou de girofle. Selon leurs parents cela faisait « toute la différence ». Daniela proposa de donner un peu du lait de ses brebis pour que les enfants aient quand même de quoi se désaltérer durant la journée.
Annabelle était aux anges que chacun trouve une manière d'apporter son aide. Les garçons les plus forts et surtout les plus fiers se portèrent volontaires pour transporter les meubles les plus lourds. Quand on demanda à Annabelle quel jour elle avait prévu d'organiser tout cela, elle trouva une bonne idée de dire : "dimanche après la messe, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien dans la maison". Dimanche était aussi une raison d'occuper tout le monde afin que personne ne lui organise d'anniversaire surprise. Elle allait avoir 13 ans et c'était le premier qu'elle fêterait sans ses parents. Elle préférait rester discrète et espérait être oubliée cette année.
– Mais dimanche ce n'est pas ton...", fit remarquer Daniela avant d'être coupée par Annabelle.

– Il ne reste plus qu'à en parler à tous les habitants du village.

– Jusqu'à dimanche, le bouche à oreille ne pourra que faire effet. En attendant, n'oubliez pas d'en parler à vos parents pour qu'ils propagent la nouvelle autour d'eux, fût forcée de continuer Daniela.

Annabelle de CoutaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant