༄ Chapitre 45

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— Tu penses que ça va durer longtemps ? questionnai-je.

Allongée sur le lit de la chambre – prison – de Dagon, j'observai le plafond au-dessus de nos têtes, il était étonnamment simple quand on voyait le reste de cette cité qui transpirait l'opulence. Deux jours s'étaient écoulés depuis ma petite visite à la sœur de Kaataï, j'étais partie la voir pour voir des réponses, en savoir plus et au final, j'étais revenue bredouille. Enfin, pas complètement, je pouvais considérer l'amitié naissante entre Aurios et moi comme une petite victoire, même si je me méfiais encore, on était jamais trop prudent. Je n'avais pas envie de me faire poignarder dans le dos. Je n'avais pas parlé de tout cela à Dagon, je n'avais pas envie de créer un nouveau conflit entre nous, le connaissant, il se ferait des films.

Mes iris se glissèrent dans sa direction alors qu'il se tenait devant la grande paroi donnant sur l'océan, il observait évoluer les créatures marines. M'avait-il seulement entendue ? Je me redressai et m'assis au bord de l'immense lit, le buste légèrement penché vers l'arrière, mes mains servant d'appui.

— Dagon ?

— J'en sais rien Aesma, ce genre d'histoire ça peut prendre des plombes pour qu'une issue satisfaisante en sorte.

Délaissant la vie sous-marine, il se retourna pour pouvoir poser les yeux sur moi. Je soupirai discrètement, je savais que cela ne se réglerait pas en une semaine, mais il ne me donnait même pas une fourchette pour que je puisse me faire une idée. Je n'avais pas oublié nos fils, je voulais quand même les voir grandir, déjà que je n'avais pas été une mère très présente parce que je travaillais tout le temps, je ne voulais pas rester coincée dans cette cité pendant des mois, voir peut-être plus. Un sursaut me prit lorsque je sentis les mains du prince se poser sur mes cuisses alors qu'il s'accroupit devant moi sans un mot. Je ne dis rien, moi non plus, l'observant seulement avec attention alors que ses pouces caressaient doucement ma peau dénudée. Il semblait se tâter quant à ce qu'il voulait faire, ce qui me fit hausser un sourcil.

— Dagon ? articulai-je finalement.

Il releva légèrement la tête pour que nos regards s'accrochent. Une lueur familière s'alluma dans ses yeux, une lueur prédatrice qui traduisait son envie de moi, tout comme ses doigts qui s'enfoncèrent un peu plus dans ma chair sans pour autant que cela ne soit agressif. Mon cœur se mit à battre un peu plus dans ma poitrine alors qu'il se redressa pour me surplomber de toute sa hauteur. Glissant ses doigts sous mon menton, il me fit redresser la tête de manière assez brusque tandis que son pouce caressa doucement mes lèvres. Ma respiration se fit un peu plus rapide face à ce geste qui m'échauffa bien plus que je ne l'aurai cru et cela n'échappa pas au prince. Ses iris s'étrécirent soudainement alors que ses lèvres s'étirèrent en un sourire en coin qui fit naître des papillons dans mon ventre.

Sauf que ce moment vola en éclat quand la porte de la chambre s'ouvrit soudainement sur Veerky. Elle qui était entrée avec le sourire le perdit immédiatement en constatant que j'étais présente et surtout ce qu'elle venait d'interrompre. Son visage prit une expression fermée et elle m'adressa un regard courroucé que je me fis un plaisir de lui rendre.

— Qu'est-ce que tu veux ? l'interrogea Dagon d'un ton si las que cela en fut presque insultant.

— Et bien seulement prendre de tes nouvelles, répondit la visiteuse indésirable, mais visiblement j'arrive au mauvais moment. Remarque, elle a été fabriquée pour ça, dépêche-toi d'en finir avec elle, j'aimerai qu'on discute tous les deux, seuls.

Sans un mot de plus, la rousse tourna les talons pour quitter la pièce, ignorant par la même occasion de grognement menaçant qu'avait émis le prince. Mais je n'avais pas l'intention de m'en tenir à cela pour ma part, cette sale garce venait, subtilement, de me traiter de catin. Et pas seulement moi, toutes les autres filles qui avaient vécu la même chose que moi et qui n'étaient restées que des artificielles. Repoussant légèrement Dagon, je sautais sur mes pieds pour suivre Veerky dans le couloir, j'entendis le barbu me dire de ne pas y aller, mais c'était trop tard. Elle n'avait pas eu le temps d'aller très loin, bien que nous soyons hors de portée de la vue des gardes qui surveillaient Dagon après avoir tourné à l'angle du couloir, il ne me fallut donc pas faire de gros efforts pour pouvoir la rattraper. Je m'emparai fermement de son épaule pour le forcer à se retourner et me faire face. Sauf que la droite que je lui avais ensuite décochée dans la mâchoire était partie sous une impulsion due à la colère.

༄ ⸻ ̼𝐁𝐥𝐚𝐜𝐤 𝐒𝐞𝐚  ● [ 𝘕𝘰𝘶𝘷𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘝𝘦𝘳𝘴𝘪𝘰𝘯 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant