༄ Chapitre 49

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— La dernière fois que je suis venue ici... les rôles étaient inversés.

Assise contre les barreaux de la cellule dans laquelle se trouvait le prince. Dos à dos, c'était les premiers mots que je prononçais depuis que j'étais là. Je n'avais pas su quoi lui dire avant, il régnait une atmosphère étrange, sans parler du silence pesant qui s'était installé, à croire que toutes les autres cellules étaient vides. Pourtant ce n'était pas le cas, j'avais vu des prisonniers, aussi bien hommes que femmes, même s'il semblait tout de même y avoir plus d'occupantes que d'occupants. Mais ce n'était pas étonnant, après tout dans cette société, le monde tournait au tour des hommes et leur parole était absolue. Enfin, ils daignaient écouter une femme lorsqu'elle allait dans leur sens et uniquement à ce moment-là.

J'allais rouvrir la bouche lorsque la voix grave de Dagon se fit finalement entendre.

— Tu vas bien ? me questionna-t-il.

— Si tu t'inquiètes de savoir si Aurios ne me malmène pas trop, je te dirai que je survis, il est implacable et strict. Après si tu parles d'autre chose... c'est plus compliqué.

Oui, toute cette histoire m'angoissait et m'empêchait de trouver le sommeil parfois, je ne pouvais le nier. Aurios m'avait dit d'avoir une confiance aveugle en lui, ce que je faisais, ce qu'il adviendrait de cette histoire dépendait entièrement de lui.

— Je ne suis pas à ma place ici, poursuivis-je, je m'en rends vraiment compte. Atlante ou pas, ce monde ne voudra jamais de moi et... je ne veux pas réellement de lui non plus. Aussi grandiose et magnifique puisse-t-il être... ce n'est pas mon monde. Je ne parviens pas à m'imaginer une vie dans cet endroit. Pardonne-moi...

— Je ne t'en veux pas.

Je tournai la tête pour pouvoir observer sa chevelure et une partie de son épaule tatouée. Je ne dis rien, attendant de voir s'il avait l'intention de poursuivre. Dagon n'était pas le plus loquace des hommes, j'avais fini par le savoir, mais lorsqu'il commençait à parler, généralement il allait au bout des choses.

— Depuis que je suis enfermé ici, j'ai eu le temps de penser et repenser tout ce qui est arrivé. Cette idée de fabriquer des artificielles, c'était Veerky, malgré toute la haine que j'ai gardée, quelque chose comme ça ne m'avait jamais traversé l'esprit.

Je l'entendis rire après ça, mais il n'y avait aucun amusement, c'était... je ne savais pas comment dire, mais ce n'était pas le genre de rire qui vous donnait le sourire.

— J'étais tellement occupé à haïr que j'aie bu chaque parole de cette garce, elle a complètement réussi son coup. Je me sens stupide, je me raccrochais à elle parce que je pensais que je pouvais lui faire confiance, regarde où est-ce que ça m'a mené. Je suis enfermé comme un criminel et la femme que j'aime est condamnée à mourir, splendide.

Je ne savais pas quoi lui dire, je n'avais pas envie de lui servir des paroles optimistes en lesquelles je ne croyais pas moi-même. Et je n'avais pas non plus envie de parler d'Aurios, de dire qu'il allait nous sortir de là alors que je n'avais aucune garantie que tout se passerait comme prévu. Rien ne se passait jamais comme prévu dans cet endroit de toute façon, je ne le savais que trop bien.

— Tu devrais t'enfuir, Aesma.

— Non, répondis-je du tac au tac. Je ne vais pas m'enfuir.

— Tu comptes laisser nos fils seuls ?

Ah le salaud.

Il savait parfaitement quoi dire pour me faire douter. Mais quelque chose me disait que dans tous les cas, même si Kori finissait enfermée pour le restant de ses jours, Dagon le resterait également et cette rousse ne se contenterait pas de simplement gravir les échelons. Et si je m'enfuyais, elle me poursuivrait probablement jusqu'au bout du monde pour pouvoir planter ma tête au bout d'un pic. Alors à quoi bon ? Je n'avais pas envie de passer l'éternité à cavaler et prendre le risque de mettre mes fils en danger.

༄ ⸻ ̼𝐁𝐥𝐚𝐜𝐤 𝐒𝐞𝐚  ● [ 𝘕𝘰𝘶𝘷𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘝𝘦𝘳𝘴𝘪𝘰𝘯 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant