Un brouillard épais enveloppait mes sens. Ça n'avait rien d'agréable ou de confortable. Au contraire, je n'arrivais plus à réfléchir et mon corps n'était qu'une masse lourde et douloureuse. Ces garces tatouaient mon corps. Je ne savais pas quelle méthode elles utilisaient, mais c'était affreusement douloureux. Comme si elles m'arrachaient ou me cisaillaient la peau. J'avais perdu connaissance plusieurs fois déjà, et en même temps la notion du temps. Depuis combien de temps étais-je couchée sur cette foutue table ? Une heure ? Deux ? Cinq ? Plus ? Je voulais que cela cesse ! Et cet enfoiré qui était confortablement assis à me regarder avec ce rictus satisfait. Ça lui plaisait de me voir dans un état aussi lamentable, je le voyais bien.
Des points blancs se remirent à danser devant mes yeux, ce qui annonçait un nouveau malaise en perspective. Il ne fallut que quelques secondes pour que je tourne de l'œil une fois de plus. Le noir total et plus aucune sensation.
***
Alors que je revenais à moi, je me sentis légèrement ballottée. Papillonnant des paupières pour retrouver une vue nette, la première chose que je vis, ce fut un torse musclé et tatoué. Je n'eus aucun problème à deviner de qui il s'agissait. Tout comme le fait qu'à ce moment-là, je me trouvais dans ses bras. J'eus envie de vomir, ça me dégoûtait. Je ne pouvais pourtant nullement opposer de résistance à cette masse de muscles. Sa chaleur avait quelque chose de réconfortant, ça faisait des jours que je n'avais pas senti autre chose que le froid, l'humidité et la douleur. Alors, de la chaleur, c'était plaisant. Mes muscles ne répondaient plus à partir des épaules et jusqu'au bas du dos. Je n'avais donc pas le loisir de pouvoir me débattre pour échapper à ses bras. Même son odeur me piquait le nez. Une odeur musquée et masculine, accompagnée d'une touche de je ne savais trop quoi. En soi, ce n'était pas une senteur immonde, mais ce qui me gênait, c'était de savoir qu'elle appartenait à un sombre connard.
Je scrutais discrètement ce qui nous entourait, diverses ouvertures avec des tissus colorés en guise de porte. J'en conclus que l'on devait se trouver dans des appartements. On passa l'un des rideaux soudainement, le tissu frotta contre ma peau meurtrie, m'arrachant un grognement de douleur. Ma peau était si abîmée que je ne sentais rien d'autre que de la douleur quand on la touchait ou qu'on la frôlait. La suite me laissa pourtant ébahie.
L'enfoiré qui s'était auto-déclaré comme mon possesseur m'avait délicatement déposée sur ce qui s'apparentait à un lit, le froid des draps me fit un bien fou. Et c'était confortable, je n'avais plus connu cela depuis mon enlèvement. Ça rappela aussi à ma mémoire tout ce que j'avais perdu dans le monde de la surface, un foyer, un avenir... une famille. Mon cœur se serra douloureusement dans ma poitrine, je ne voulais toujours pas pleurer devant lui. Quand on m'avait tatouée, c'était arrivé, mais uniquement à cause de la douleur physique. Les larmes de douleur qui venaient du cœur, c'était beaucoup plus précieux. Ça exprimait bien plus que n'importe quel mot pouvait sortir d'une bouche. Il ne fallait pas les montrer à n'importe qui, surtout pas à quelqu'un comme cet homme.
Je fermais alors les yeux pour m'empêcher de pleurer. À ce geste, la fatigue revint m'assaillir sans répit. J'étais épuisée, je voulais juste dormir, mais sa présence me dissuadait de me laisser glisser dans les bras apaisants de Morphée.
Un léger froissement de tissus se fit entendre.
Rouvrant à grande peine mes paupières, je pus constater que j'étais à présent seule. Il était parti sans rien faire. Un immense sentiment soulagement envahit ma poitrine à ce moment-là, je pouvais enfin me détendre un peu bien que je sache qu'il reviendrait à un moment ou à un autre. Le diable n'était jamais très loin une fois qu'il vous avait mis le grappin dessus. Je refermai les yeux, m'abandonnant cette fois au sommeil sans chercher à lutter. Une sensation de fraîcheur troubla mon repos. Ce n'était pas désagréable, mais je ne savais pas d'où cela pouvait venir. Avec toutes les peines du monde, je glissai hors de mes rêves confortables. Allongée sur le côté, je ne voyais qu'un mur gris en face de moi, je sentais pourtant quelque chose sur moi... ou quelqu'un. Cette idée me tira brusquement de ma torpeur, faisant fi de ma douleur, je me redressai sur mes avant-bras. La douleur qui remonta de cette zone jusque dans ma nuque m'arracha un juron discret. Ce que je sentais avait cessé, attirant alors toute mon attention. Autant dire que quand mon regard en croisa un autre vert strié de jaune, mon sang se glaça dans mes veines. J'aurais pourtant dû m'en douter.
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༄ ⸻ ̼𝐁𝐥𝐚𝐜𝐤 𝐒𝐞𝐚 ● [ 𝘕𝘰𝘶𝘷𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘝𝘦𝘳𝘴𝘪𝘰𝘯 ]
Paranormal𝑰𝒏𝒔𝒑𝒊𝒓𝒆𝒛 𝒆𝒕 𝒍𝒂𝒊𝒔𝒔𝒆𝒛-𝒗𝒐𝒖𝒔 𝒆𝒎𝒑𝒐𝒓𝒕𝒆𝒛 𝒑𝒂𝒓 𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒃𝒚𝒔𝒔𝒆𝒔. Partie en croisière avec sa petite amie et des proches, loin du stress de la ville et des études, Aesma ne se doutait pas que leurs vacances sur les mers a...