༄ Chapitre 25

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Ma respiration était erratique et mon sang battait à mes tempes. L'adrénaline circulait à toute vitesse dans mon sang alors que je regardais droit devant moi. La panique qui m'envahissait m'empêchait de raisonner correctement. C'était réel. Sa main agrippée à mes cheveux, son souffle, son odeur et sa fureur, tout était réel. Il était là et allait me faire regretter ma fuite. Ma liberté était, une fois de plus, mise en danger, parce qu'il était là pour me ramener. Pour nous ramener. Mais je refusais, c'était hors de question, j'avais bien trop de choses à perdre. Je fis un mouvement pour m'extraire de la poigne de fer du prince, mais ma tentative ne fit que pousser Dagon à raffermir sa prise sur moi.

— N'y pense même pas espèce de salope ! aboya l'Atlante.

— Lâche-moi, Dagon.

Cette demande me valut d'être brutalement cognée contre le plan de travail, dont le bois craqua suite à l'impact, sur notre gauche. Je serrai les dents pour ne pas geindre de douleur. Si mon corps était devenu très résistant depuis ma mutation, Dagon n'avait aucun mal à me faire ressentir de la douleur. Et j'aurais certainement une trace sur la hanche. Je contenais ma colère, parce que j'avais beau être terrifiée de le voir ici, je ne comptais pas le laisser me maltraiter comme bon lui semblait.

— Tu pensais réellement que j'allais te laisser faire ?! me questionna le prince. Tu t'imaginais que j'allais seulement te laisser partir sans te chercher ?! Je te l'ai dit, tu es à moi et la seule manière d'échapper à ça, c'est que tu meurs !

Je le fixai droit dans les yeux. Je me souvenais très bien de ce qu'il m'avait dit. Mais je lui avais aussi dit que je n'étais pas un objet et que je n'en serais jamais un. Et ce n'était pas près de changer. Un silence lourd s'installa entre nous, à nos yeux toujours plantés dans ceux de l'autre. Mon poing vint, sans prévenir, heurter son estomac, lui arrachant un hoquet de douleur. Sa prise sur mes cheveux colorés disparut, j'en profitai pour envoyer directement mon autre poing dans sa mâchoire. Il recula de quelques pas, titubant. Je l'observai porter sa main là où je venais de le frapper, il sembla particulièrement ébahi par ce qui venait de se produire.

— Et je t'ai dit que je n'étais pas un objet.

Mon impertinence me perdrait un jour. Les pupilles de Dagon s'étaient soudainement rétractées au point de n'être presque plus visibles dans la couleur verte striée de jaune. J'eus instinctivement un mouvement de recul, me préparant à ce qu'il me saute dessus pour me faire payer mon affront. Et ça ne tarda pas. Mon premier réflexe fut de sauter par-dessus le bar pour l'éviter et mettre un maximum de distance entre nous. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour me rejoindre de l'autre côté, il cracha sur le sol, sa salive avait une légère couleur rougeâtre. Je l'avais visiblement bien plus atteint que ce que je pensais. Dehors, la tempête se déchaînait toujours. J'espérais qu'il n'avait pas dans l'idée de me jeter dehors pour me changer en sirène. Parce que sinon, mon secret n'en serait plus un. Le prince s'empara de la table qui nous séparait et la projeta dans un coin de la pièce, comme si elle ne pesait absolument rien, provoquant un vacarme monstrueux alors qu'elle se brisa sous la violence de l'impact.

Mon cœur allait exploser. J'étais piégée, je pouvais m'en prendre à lui avec toute ma force – et il serait certainement toujours plus fort que moi malgré ça –, mais ça aurait été dévoiler ce que j'étais devenue. Et je ne pouvais pas détruire l'établissement où je travaillais, le temps n'était pas assez détraqué pour le mettre en cause. Et si je m'en sortais, il faudrait que je trouve une bonne excuse à présenter à mon patron pour le désordre. Je tressaillis en voyant Dagon avancer de nouveau dans ma direction, je m'emparai de la chaise la plus proche et sans retenue je l'abattis sur lui. Elle se brisa en morceaux qui jonchèrent le sol du bar. Je l'ouïs gronder de manière prédatrice et sa main se referma sur le débardeur que je portais. Le bruit du tissu qui se déchire me donna la chair de poule. Ma poitrine, enveloppée dans un soutien-gorge en dentelles, se retrouva largement exposée à la vue de Dagon. Il n'avait certainement pas voulu me déshabiller de la sorte, mais il ne se contrôlait plus. Une vive douleur me traversa le visage, il m'avait frappé en plein dans le nez. Je portai mes mains à ce niveau et sentis un liquide chaud dégouliner sur mes doigts.

༄ ⸻ ̼𝐁𝐥𝐚𝐜𝐤 𝐒𝐞𝐚  ● [ 𝘕𝘰𝘶𝘷𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘝𝘦𝘳𝘴𝘪𝘰𝘯 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant