Il ne m'avait pas répondu et était resté à me fixer de ses iris si intenses. Son visage était neutre, je ne pouvais pas savoir à quoi il pensait. Comme souvent. Mais s'il ne voulait pas parler, soit, moi, j'allais le faire.
— Est-ce que tu as seulement conscience de combien de vies tu as détruit ? Combien de familles tu as brisées avec ta politique barbare ? Tu fais kidnapper les femmes et tu fais tuer les hommes, personne ne s'en sort dans cette histoire.
— Parce que ces humains n'ont pas détruit nos vies peut-être ? me retourna-t-il, la voix méprisante.
— Je ne dis pas qu'ils sont innocents, je sais très bien tous ce qui se passe ici, ce qui se passe à cause de toute la merde qui a été déversée dans les océans !
— Alors je n'ai pas de raisons de me sentir coupable.
J'avais bondi sur mes pieds pour me rapprocher de lui et je lui avais collé mon poing dans le nez sans retenir ma force. Il avait reculé, au point que son dos était allé heurter la porte qu'il avait claquée un peu plus tôt, et porter sa main là où je l'avais frappé, son nez saignait, mais à ce moment-là, je n'en avais rien à faire. Il m'avait fait des blessures bien plus graves et je m'en étais remise, donc il survivrait à un saignement de nez.
— Tu penses que ton avis compte plus que celui d'un autre ?! Tu juges sans cesse, mais tu crois valoir mieux que ces humains ?! Non, tu es pire ! Tu es un bâtard froid qui détruit tout ce qu'il touche ou même simplement ce qu'il approche ! Sous prétexte que tu es supérieur aux humains ! Mais comme eux, tu tues, tu blesses et tu détruis ! Tu m'as bousillée ! À cause de toi, j'en viens à avoir des réflexions biaisées sur mes relations avec les gens ! Et je suis obligée de passer ma vie à mentir à tout le monde !
Je n'étais pas comme ça avant. Je me méfiais de tout le monde depuis que j'étais revenue, comme une bête constamment traquée. J'étais incapable de faire confiance à qui que ce soit sans me dire que cela tournerait forcément mal. Et de toute façon, je ne pourrais plus avoir une vie sentimentale correcte, puisque je n'étais plus humaine. Je ne me sentais plus réellement à ma place parmi ceux qui avaient été mes semblables pendant les vingt-trois dernières années. Et dans les abysses... ce n'était qu'une prison froide où les maîtres mots étaient violence et soumission, je ne voulais pas pourrir là-bas pour le restant de mes jours. Surtout qu'on me prendrait mes enfants. Quand j'étais dans le harem, je n'avais jamais vu aucune des filles de Dagon venir voir leur mère ni l'inverse. Quelle solution avais-je dans ce cas ? Aucun, tout simplement.
— C'est vrai, poursuivis-je, les humains détruisent énormément de choses. Mais dans tout ça, il y a aussi des humains qui font tout ce qu'ils peuvent pour essayer d'arranger les choses. Sauf que j'imagine bien que tu t'en fous, comme de tout le reste d'ailleurs.
Ça me fatiguait.
Chaque fois que j'avais l'impression de réussir à fracturer un peu cette carapace dure comme la roche, je me rendais compte que je ne l'avais même pas égratignée. Et pourtant je m'acharnais, ça aussi, ça me rendait dingue.
— Il va falloir arrêter ça.
Face à cette déclaration, je vis ses sourcils se froncer, même s'il était clair qu'il ne comprenait pas où je voulais en venir.
— Tout ça, tout ce qui est en train de se passer. Pour te la faire courte, je ne veux plus que tu me touches, plus que tu m'empoisonnes. Alors il ne se passera plus rien, Dagon.
— Tu n'as pas ton mot à dire ! gronda-t-il d'un coup en venant se saisir de mon haut dont les coutures craquèrent. Tu vas rentrer avec moi, un Atlante n'a rien à faire parmi les humains. Mes fils doivent être parmi leur peuple.
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༄ ⸻ ̼𝐁𝐥𝐚𝐜𝐤 𝐒𝐞𝐚 ● [ 𝘕𝘰𝘶𝘷𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘝𝘦𝘳𝘴𝘪𝘰𝘯 ]
Siêu nhiên𝑰𝒏𝒔𝒑𝒊𝒓𝒆𝒛 𝒆𝒕 𝒍𝒂𝒊𝒔𝒔𝒆𝒛-𝒗𝒐𝒖𝒔 𝒆𝒎𝒑𝒐𝒓𝒕𝒆𝒛 𝒑𝒂𝒓 𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒃𝒚𝒔𝒔𝒆𝒔. Partie en croisière avec sa petite amie et des proches, loin du stress de la ville et des études, Aesma ne se doutait pas que leurs vacances sur les mers a...