Ce fut à contrecœur que j'ouvris les yeux. Revenir à la réalité voulait aussi dire devoir supporter les tourments provoqués par mon corps endolori, et pas seulement. Pourtant, je me sentais quand même bien, une chaleur apaisante et une odeur masculine m'entouraient. C'était rassurant... jusqu'à ce que je me remémore la dernière scène avant que je ne m'endorme. Dagon était venu me chercher et m'avait emmenée je ne savais trop où. Je cessai de respirer net, mon cœur pompant à toute allure dans ma poitrine. Tremblantes, mes mains sondèrent discrètement le corps qui se tenait contre le mien et j'étais certaine qu'il appartenait à mon pire cauchemar. Avec beaucoup de précautions, je me redressai et ce fut sans surprise que je découvris le prince. Mes mouvements ne semblaient pas avoir perturbé son précieux sommeil.
Je le détaillais, endormi ainsi, personne ne pourrait croire qu'il était une des plus grandes ordures qui peuplaient ce monde. Même moi, j'aurais pu l'oublier s'il ne m'avait pas si souvent brutalisée. Je pris soudainement conscience que j'avais là une chance qui ne se représenterait pas de sitôt. Il était sans défense, je pouvais saisir ma chance de me débarrasser de lui. Pourtant, l'hésitation était présente, ainsi que l'appréhension, même si je voulais réellement le tuer... la peur de mettre un terme à une vie me paralysait. Si j'avais eu une arme, ça aurait été plus facile, tellement plus facile. Je n'avais que mes mains pour l'achever. Est-ce que j'allais vraiment y arriver ? Il était beaucoup plus fort que moi, est-ce que je pouvais seulement réussir à maintenir la pression s'il voulait me dégager ? Toutes ces questions se bousculaient dans ma tête, provoquant un grand chaos émotionnel.
Je tressaillis en sentant une main se poser sur ma cuisse, m'arrachant à la pagaille de mon esprit. Mon regard rencontra celui du mâle allongé près de moi, il semblait me sonder, je n'aimai pas ça.
— Tu m'as l'air bien pensive, résonna sa voix grave. Ça ne te va pas, la colère te sied bien mieux.
— Ce n'est pas ce que tu as l'air de penser habituellement.
Il ricana alors que son avant-bras vint prendre place sur son front. Son pouce caressait doucement la peau de ma cuisse. Je me serais volontiers retirée, mais mes muscles endoloris ne me permettaient pas de m'éloigner sèchement comme je savais si bien le faire. Alors, je le laissai faire, je me contenterais de me montrer cassante. Pourtant, j'avais le même sentiment que, la dernière fois que nous avions passé un moment ensemble, enfin si on oubliait comment cela s'était terminé. Est-ce que ça allait être pareil cette fois aussi? Je ne souhaitais pas qu'il m'étrangle, mon corps était déjà bien assez endommagé comme ça. Il serra soudainement fortement ma cuisse et tira légèrement d'un mouvement sec dans sa direction. Il n'y avait pas de violence ou d'hostilité dans ce geste bizarre. Je ne comprenais pas ce qu'il me voulait en faisant ça. Voyant que je n'étais pas réceptive, il recommença, ce qui m'arracha un froncement de sourcils.
Avec la main proche de son visage, il me désigna son torse. Je ne bougeais pas d'un iota. Comme si j'allais docilement obéir à quelque chose comme ça ! Je l'entendis soupirer et il m'attrapa le bras d'un coup pour l'attirer à lui. Je me retrouvais allongée contre son imposante carcasse. Mes muscles signalèrent leur mécontentement en irradiant des vagues de douleurs. Sa grande main vint frôler ma joue où un large bleu trônait.
— Tu ne m'as toujours pas dit qui t'a fait cela.
— Il n'y a personne à dénoncer, me contentai-je de dire.— On t'a menacée pour que tu gardes le silence ?
Il me fallut quelques secondes pour bien assimiler l'aberration qu'il venait de me sortir. Je ne pus empêcher un rire franc de s'échapper de ma bouche.
— Est-ce que c'est une blague? Oh, Seigneur, Dagon, tu crois vraiment que j'aurais peur d'une menace? Avec tout ce qui s'est passé depuis que je suis ici, tu penses que je serais intimidée par de simples menaces ? Tu me connais vraiment mal alors. Je ne tiendrais pas ma langue même si on me menaçait de la couper. Et je ne cherche certainement pas à protéger quelqu'un, je vous déteste beaucoup trop pour ne serait-ce qu'éprouver une once de compassion à votre égard.
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༄ ⸻ ̼𝐁𝐥𝐚𝐜𝐤 𝐒𝐞𝐚 ● [ 𝘕𝘰𝘶𝘷𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘝𝘦𝘳𝘴𝘪𝘰𝘯 ]
Paranormal𝑰𝒏𝒔𝒑𝒊𝒓𝒆𝒛 𝒆𝒕 𝒍𝒂𝒊𝒔𝒔𝒆𝒛-𝒗𝒐𝒖𝒔 𝒆𝒎𝒑𝒐𝒓𝒕𝒆𝒛 𝒑𝒂𝒓 𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒃𝒚𝒔𝒔𝒆𝒔. Partie en croisière avec sa petite amie et des proches, loin du stress de la ville et des études, Aesma ne se doutait pas que leurs vacances sur les mers a...