DAGON
J'avais l'impression que le moindre de mes muscles était sur le point de me lâcher, mais la colère me permettait de continuer d'avancer même si je n'avais pas la moindre idée de l'endroit où j'allais. Je voulais seulement me trouver loin de cette maison et de toutes ces maudites femmes. Le retour de Kori me détraquait déjà plus qu'il ne le fallait et en plus elle osait venir me dire qu'il fallait que j'abdique ma place sur le trône ? C'était hors de question ! Mais ce qui me mettait certainement le plus en colère, c'était que tout le monde était dans le coup de cette mutinerie, même Aesma. Elle soufflait le chaud et le froid à tout va, je ne savais plus ce que je devais croire d'elle. Mais le plus énervant, c'était que malgré que j'ai envie de lui tordre le cou pour ça, je brûlais toujours autant de passion pour cette petite garce. Et c'était ça le problème, parce qu'à cause de cette brûlure, la souffrance irradiait dans ma poitrine et contaminait mon cerveau.
Je jurai avant d'écraser mon poing contre la roche à ma droite, la fracturant au point d'en faire tomber des morceaux à mes pieds. J'avais marché jusqu'à arriver près de la mer, je savais que je n'aurais jamais dû venir dans ce monde qui n'était pas le mien, mais encore une fois, mon obsession pour cette sorcière avait été plus forte que le reste. Je n'arrivais décidément pas à comprendre cette emprise qu'elle avait sur moi, ce n'était qu'une femme, bon sang !
C'est faux et tu le sais.
Non, ce n'était pas une vulgaire femme. Une simple femme aurait abandonné face à tout ce qui lui était arrivé, elle, elle avait lutté jusqu'au bout et continuait encore de le faire. Ce n'était pas une femme, c'était une guerrière, elle n'était pas aussi forte que bon nombre de ceux de notre espèce, mais c'était son foutu caractère qui faisait toute sa force. Il fallait le reconnaître et, je devais me rendre à l'évidence, c'était ça qui m'attirait constamment vers elle. Je fis quelques pas en direction de l'eau jusqu'à ce qu'une présence non loin de moi me fasse m'arrêter. Mon regard glissa en direction de la silhouette qui se tenait sur un rocher à seulement quelques mètres de là. Plissant légèrement les yeux, je reconnus ce demi-Atlante, Kanoa.
— Et bien, articula le vieillard sans poser les yeux sur moi, on dirait que vous n'êtes pas au mieux de votre forme, cher prince.
— Mêle-toi de ce qui te regarde, bâtard.
— Je suis peut-être un bâtard, mais je peux vous aider et écouter.
Il n'obtint pour simple réponse qu'un grognement guttural, je n'avais pas besoin de sa pitié. Si je n'étais pas certain qu'Aesma ne serait pas folle de rage, j'aurais volontiers écourté l'existence de cette créature contre nature. Je fis un pas vers l'océan, mais mon corps décida de me lâcher à ce moment-là, je mis alors genou à terre et fus incapable de me relever par la suite. Je ne savais pas ce qu'Aesma avait fait, mais le contrecoup était intensément douloureux. Je sentis alors Kanoa près de moi, il me remit debout et passa un de mes bras au tour de ses épaules alors que l'autre s'enroula au tour de ma taille pour me soutenir et cela malgré notre différence de taille. Si j'en avais la force, je l'aurais repoussé, mais j'en étais incapable, toutes mes forces s'étaient soudainement envolées. Il avança jusqu'à l'eau qui s'étendait loin devant nous et nous fit en entrer à l'intérieur jusqu'à la taille.
— À quoi est-ce que tu joues, vieillard ?!
Il ne me répondit pas, cependant la réponse vint rapidement à moi quand je sentis les douleurs de mon corps disparaître les unes après les autres. L'eau au tour de nous scintillait légèrement, ce demi-Atlante possédait un don de soin, je n'aurais pas soupçonné cela. J'aurais même cru que ces bâtards ne possédaient pas de dons, seulement la force et un vieillissement ralenti.
— Je pourrai te tuer, en as-tu seulement conscience ?
— Je vous en prie, allez-y, je n'ai pas peur de mourir, me rétorqua-t-il d'un ton trop calme.
Il planta son regard dans le mien et ses iris ne montraient absolument aucune crainte. Il n'avait pas peur de moi, c'était assez agaçant, il fallait bien le dire. Et ce n'était pas la seule chose que je trouvais déplaisante dans cette situation.
— Est-ce une manie chez tous les habitants de la surface d'absolument vouloir aider les autres ? Même ceux qui vous détestent ?
— Non, bien des humains sont égoïstes et ne pensent pas à leur prochain, à vrai dire, presque tous. C'est par égoïsme qu'ils rasent des forêts, assèchent lacs et rivières et polluent terres et mers. Mais ceux qui ne sont pas ainsi, ils se battent pour préserver tout cela, pour préserver ceux qu'ils aiment. Vous pouvez comprendre cela, puisque vous voulez préserver les vôtres.
Je relevai légèrement le menton pour le regarder de manière méprisante.
— Ne pense pas me connaître, tu...
— Je ne prétends aucunement une chose pareille, me coupa-t-il toujours avec sérénité, mais je suis persuadé d'une chose : vous n'êtes pas quelqu'un de mauvais. Vous avez seulement décidé de marcher sur le mauvais chemin parce que la vie vous a fait croire que vous ne pouviez pas faire autrement.
Je ne sus quoi lui répondre, ce qui m'agaça un peu plus. Après Kori, c'était lui qui venait me faire des leçons de morales, c'était insupportable !
— Ma mère m'a toujours enseigné le respect des nôtres, sang-pur ou non, alors même si vous me détestez, si je peux vous aidez, je le ferai. Tout comme j'aiderai Aesma ou n'importe quel autre Atlante, mais je suis aussi à moitié humain, alors eux aussi, je les aiderai. Il y a une chose que vous devez comprendre, mon prince, c'est que dans la vie, on ne peut pas agir impunément éternellement, tôt ou tard, nous sommes rattrapés par nos crimes et il nous faut les affronter.
Il détourna la tête pour fixer l'horizon.
— J'ignore ce qui se passe pour vous actuellement, reprit Kanoa le regard toujours au loin, mais vous ne pourrez pas fuir. Alors il va vous falloir faire un choix, continuer de marcher sur le chemin que vous avez choisi ou alors tenter d'en prendre un autre pour essayer de racheter vos fautes passées.
Quand il eut prononcé ces derniers mots, mes dernières douleurs s'évaporèrent et son regard revint à la rencontre du mien et je ne pus m'empêcher de frémir, ce regard me rappelait un peu trop celui que m'avait si souvent jeté ma mère alors que je la prenais de haut.
— Qu'allez-vous faire ?
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༄ ⸻ ̼𝐁𝐥𝐚𝐜𝐤 𝐒𝐞𝐚 ● [ 𝘕𝘰𝘶𝘷𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘝𝘦𝘳𝘴𝘪𝘰𝘯 ]
Paranormal𝑰𝒏𝒔𝒑𝒊𝒓𝒆𝒛 𝒆𝒕 𝒍𝒂𝒊𝒔𝒔𝒆𝒛-𝒗𝒐𝒖𝒔 𝒆𝒎𝒑𝒐𝒓𝒕𝒆𝒛 𝒑𝒂𝒓 𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒃𝒚𝒔𝒔𝒆𝒔. Partie en croisière avec sa petite amie et des proches, loin du stress de la ville et des études, Aesma ne se doutait pas que leurs vacances sur les mers a...