༄ Chapitre 39

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Je fixai le plafond de la salle de bain au-dessus de moi, j'étais étendue dans la grande baignoire depuis près d'une demi-heure, l'eau était devenue tiède. Je ressassai tous les évènements qui s'étaient produits depuis cette nuit où tout avait basculé. Je ne pus m'empêcher de me demander ce qui se serait passé si tout ça n'était pas arrivé. Probablement serai-je encore avec Amber, j'aurais poursuivi mes études et mené une vie tout ce qu'il y avait de plus basique avec mes amis et ma famille. J'aurais naïvement continué de penser que nous étions les seules créatures peuplant cette planète et je serai morte en ignorant mes origines. Enfin, je ne pouvais pas parler de connaissance en réalité, je n'avais aucune idée de qui pouvait être mon ancêtre Atlante. Alors au fond, je resterais toujours un peu dans l'ignorance, sauf s'il ou elle réapparaissait soudainement un jour dans ma vie. Je soupirai doucement avant de m'immerger totalement, je fermai les yeux et appréciai le silence. La normalité me semblait être devenue une inconnue, c'était presque bizarre et pourtant avant que Dagon refasse son apparition dans ma vie, j'avais commencé à m'y habituer à nouveau.

Peut-être bien que la normalité n'était plus faite pour moi... pour nous. En venant dans le monde des humains, j'avais réellement espéré offrir une nouvelle vie à Azura et pouvoir reprendre mon existence presque comme avant avec Cadence. Au final, ça n'avait été qu'un doux rêve qui avait duré l'espace de quelques mois, la réalité finissait toujours par vous rattraper. Je rouvris les yeux et vis Dagon penché juste au-dessus de moi, avant que je n'aie eu le temps de réagir, il m'attrapa par la gorge et me sortit de la baignoire comme si je ne pesai absolument rien. Mon dos alla heurter la porte alors que mes mains s'emparaient du poignet du prince. On se toisa pendant de longues secondes, seul le bruit de sa respiration profonde résonna dans la pièce.

— Tu m'as encore trahi, lâcha-t-il finalement.

— Non.

— Arrête de mentir !

Il me cogna contre le panneau de bois qui craqua à cause du choc, même si je sentis une certaine retenue dans ses gestes, il n'y mettait pas toute sa force, sinon la porte aurait certainement cédé. Mais je ne l'avais pas trahi, même s'il pensait le contraire.

— Ah oui ?! Je t'ai pourtant trouvée assise dans ce salon avec les autres !

— Je n'étais pas d'accord, mais contrairement à votre enfer sous-marin, ici on est en démocratie, la majorité à raison. Et puis, même si je n'étais pas d'accord, il fallait bien te dire que quelque chose comme ça finirait par arriver. Si ça n'avait pas été aujourd'hui, ça aurait été plus tard.

Sa prise sur ma gorge se fit plus vive, mais je ne fis aucun mouvement pour m'en libérer, je n'avais pas l'intention de me battre avec lui, ça ne mènerait à rien. Kori s'était déjà bien chargée de l'amocher et j'avais, malgré moi, achevé le travail. Il grogna et me relâcha pour me faire dos, il posa ses mains sur le bord du lavabo qu'il ne tarda pas à serrer avec force, la porcelaine se fractura sous sa prise.

— Putain ! jura-t-il soudainement en abattant ses poings sur l'objet qui tomba en morceaux, un de plus.

J'avais tressailli malgré moi. Dagon restait imprévisible, il l'avait prouvé quelques instants plus tôt en me sortant de la baignoire de manière peu conventionnelle.

— Toi aussi, tu penses que je mérite ce qui m'arrive ?

— Si je dois être honnête, je pense que ce n'est qu'un juste retour des choses pour ce que tu as fait, pour toutes ces vies que tu as détruites, dont la mienne. On ne peut pas commettre autant de crimes sans être puni un jour, si ça n'avait pas été Kori, peut-être que tu aurais fait face à une rébellion ou que sais-je d'autre. C'était tout simplement inévitable.

༄ ⸻ ̼𝐁𝐥𝐚𝐜𝐤 𝐒𝐞𝐚  ● [ 𝘕𝘰𝘶𝘷𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘝𝘦𝘳𝘴𝘪𝘰𝘯 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant