J'étais épuisée. Depuis ma dernière aventure avec Dagon, je peinais à trouver le sommeil. Je craignais qu'il se glisse dans mes draps pendant la nuit et qu'il abuse de moi. Pourtant, aucune tentative d'abus n'était survenue, il m'avait laissée tranquille. Quand il venait, il demandait soit Kawena, soit une autre femme, mais il n'avait plus fait appel à moi. Il se contentait de me glisser un regard appuyé à chacune de ses visites. Mais ça n'avait rien de rassurant. Les types comme lui ne laissaient pas si facilement tomber, donc j'étais persuadée qu'il préparait quelque chose. Et que la chose en question n'allait pas me plaire. Installée à l'écart comme toujours, je cogitais toujours sur le moment où j'allais pouvoir fuir cet enfer. Une présence à mes côtés m'arracha soudainement à ma bulle.
Tournant mon visage vers ma droite, mes yeux rencontrèrent ceux bien trop verts de Kawena. Que me voulait-elle ? Nous ne nous étions jamais adressé la parole jusque-là, donc elle ne venait certainement pas en toute amitié. Je ne croyais pas à cette possibilité. Cette fille était bien trop jalouse pour me laisser seulement entrevoir la possibilité que nous puissions être amies.
— Dis-moi, souffla la sirène artificielle, quel est ton nom ? Il ne me semble pas l'avoir saisi depuis ton arrivée parmi nous.
Je continuais de la dévisager avant qu'un rire ne m'échappe. Je vis le petit froncement de sourcil de mon interlocutrice.
— À quoi tu joues ? lui retournai-je sans prendre de gant. — Je te pose simplement une question.
— Oh non, parce que tu vois, Kawena...J'avais pris grand soin d'appuyer sur son prénom, pour qu'elle sache que, moi, je connaissais très bien le sien. Et ça n'avait pas l'air de lui plaire.
— J'ai entendu énormément de choses à ton sujet, poursuivis-je de manière posée, et je sais que tu ne viens pas à moi pour que nous soyons amies. Tu viens, parce que la jalousie te consume lentement.
Son froncement de sourcils s'était intensifié de manière bien visible. L'hypocrisie avait fait place à la colère et le masque de douceur n'avait plus lieu d'être. J'étais le genre de femme qui jouait cartes sur table, que ce soit bon ou mauvais. De plus, si, d'une certaine manière, je craignais Dagon – parce qu'il pouvait me mettre en miettes, ce n'était pas le cas de Kawena –, elle, elle me laissait totalement indifférente. Je savais qu'elle pouvait être dangereuse, sinon Cadence n'aurait pas si peur de cette femme. Je n'étais, malheureusement pour cette sorcière, pas ma petite blonde peureuse. Ce corps m'offrait une force nouvelle et, si je devais en user contre une des femmes présentes dans cette pièce, je n'aurais aucun scrupule à le faire. La métisse se pencha vers mon visage, son regard assassin toujours dardé sur moi.
— Dagon est à moi et...
— Tu ne m'apprends rien, coupai-je sans remords, j'ai été mise au parfum. De plus, sache que je ne veux pas de ton prince, tu peux te le garder. Pour moi, ce n'est qu'un animal qu'il faut castrer.
Ma main s'empara de la sienne qu'elle avait lancée en direction de mon visage. Visiblement, elle n'acceptait pas non plus que l'on crache sur le grand amour de sa vie. Je n'avais pas prêté attention au fait que toutes les autres représentantes du harem avaient tourné leur regard vers nous.
— Je ne te permets pas !
— Quand est-ce que tu as oublié que tu as été humaine un jour ? demandai-je, sans moquerie.
Parce qu'elle n'était pas née sirène. Elle avait été humaine, avait vécu avec d'autres humains. Peut-être même avait-elle aimé un humain autrefois. Alors, pourquoi renier tout cela pour aimer un homme qui ne voyait en elle qu'un objet sexuel ? Un utérus qui ne lui servait qu'à lui assurer une descendance ? Lui avait-il seulement une seule fois dit qu'il l'aimait pour qu'elle réagisse aussi mal ? J'en doutais fortement.
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༄ ⸻ ̼𝐁𝐥𝐚𝐜𝐤 𝐒𝐞𝐚 ● [ 𝘕𝘰𝘶𝘷𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘝𝘦𝘳𝘴𝘪𝘰𝘯 ]
Paranormal𝑰𝒏𝒔𝒑𝒊𝒓𝒆𝒛 𝒆𝒕 𝒍𝒂𝒊𝒔𝒔𝒆𝒛-𝒗𝒐𝒖𝒔 𝒆𝒎𝒑𝒐𝒓𝒕𝒆𝒛 𝒑𝒂𝒓 𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒃𝒚𝒔𝒔𝒆𝒔. Partie en croisière avec sa petite amie et des proches, loin du stress de la ville et des études, Aesma ne se doutait pas que leurs vacances sur les mers a...