Révélations

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Je sortais en trombe de notre salle commune et claquai la porte derrière moi, m'enfuyant je ne savais trop où, sachant seulement que j'étais absolument et totalement incapable de rester là et de voir Theo dans un tel état par ma faute. Parce que j'étais un Malefoy. Parce que mon père avait failli à son devoir. Parce que son devoir m'était revenu à moi, et parce que je n'avais pas su empêcher mes amis de sombrer avec moi. Je n'avais pas été capable de les protéger de lui. Je n'avais pas été capable de les garder en sécurité. Il avait fallu que je sois égoïste, et que je les entraîne dans ma chute. Il avait fallu que j'accepte, lorsqu'ils avaient tous décidé de se rallier à cette cause en laquelle ils ne croyaient même pas. Je m'arrêtai dans ma course lorsque mon corps rencontra la rambarde de la tour d'astronomie. Je m'accrochai à celle-ci et prit une profonde inspiration alors que les larmes perlaient sur mon visage. J'enfouissais mon visage entre mes épaules qui tremblaient des sanglots qui me secouaient. J'avais failli perdre Theodore. Ce n'était pas un jeu. Ce n'était pas qu'une parenthèse dans ma vie. C'était réellement ma vie, de vivre avec cette menace que ma mère, mon frère, ou mes deux meilleurs amis, soient tués. Ce n'était pas un cauchemar lointain et ce n'était pas plus lointain maintenant que j'étais de retour à Poudlard. C'était simplement toujours là, au-dessus de ma tête, au-dessus de leurs têtes, et à tout instant, à chaque moment, tout pouvait s'arrêter, en un putain de clin d'œil. Tout pouvait...

- Malefoy, chuchota la voix trop douce de Granger derrière moi.

Elle interrompit le cours angoissant de mes pensées par sa simple voix, mais je ne comprenais pas ce qu'elle foutait là. Je ne comprenais pas ce qu'elle faisait toujours là. Elle avait vu et elle avait compris, lorsqu'elle était avec nous quand nos bras nous avaient brûlés, et que nous avions soudainement tous dû partir en affichant des visages qu'elle ne connaissait pas. Et elle avait attendu que nous rentrions, seule dans notre salle commune, et elle avait soigné Theodore quand nous étions finalement rentrés. Et elle était encore là. Elle était toujours là.

- Malefoy, répéta-t-elle plus doucement alors que sa voix se rapprochait de moi.

Je sentis sa main se poser sur mon épaule en un touché délicat. Un touché doux. Je me retournai vers elle pour lui faire face alors que des larmes continuaient de rouler sur mes joues, et découvris son propre visage marqué par la douleur, comme si elle comprenait. Comme si elle était touchée de ce qu'il m'arrivait. De ce qu'il nous arrivait, à ma famille et moi. La vue de son visage m'arracha de nouveaux sanglots et elle m'attira vers elle et enfoui mon visage dans son cou. Je me permis de sangloter contre son corps, parce qu'il n'y avait qu'elle en cet instant, et que pour je ne savais quelle raison, je me sentais en sécurité avec elle. Comme s'il ne pouvait rien arriver de terrible en cet instant précis. Comme si je pouvais enfin lâcher ce que je retenais depuis tant de temps. Comme si j'avais enfin le droit d'être faible, moi aussi. Comme si j'avais le droit d'avoir peur et d'avoir mal. Elle savait. Elle savait qui j'étais désormais. Et elle était là. Et elle me tenait contre elle. Contre son corps. Alors qu'elle savait.

Nous restions ainsi un instant, mon visage enfoui dans son cou alors que ce qui avait besoin de sortir de moi sortait en paix, puis nous nous étions assis ensemble au bord de la tour d'astronomie. Il faisait encore nuit.

- Est-ce qu'il est encore en danger ? finit-elle alors par demander à propos de Theo.

Je soupirai en regardant le ciel étoilé qui se dressait devant nous. Mes paupières étaient lourdes. Elles étaient si lourdes. J'étais épuisé. J'étais arrivé au bout de mes forces. Il ne restait plus rien à l'intérieur de moi.

DollhouseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant