Complexité

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Ce n'était que du sexe, me répétais-je sans cesse alors que je rejoignais mon propre dortoir à grande vitesse. Ce n'était que du sexe. Même pas du sexe d'ailleurs, ce n'était que de la baise. Ce n'était rien qu'un instinct primitif et animal qui avait besoin d'être assouvi, et qui l'avait désormais été. Maintenant que c'était fait, ce ne serait plus un problème. Ce n'était qu'une baise. Mes pas s'accélérèrent dans les couloirs déserts alors que je me rapprochais de l'entrée de ma salle commune. Une seule fois, parce que j'avais bu, et qu'elle était celle qui me tournait toujours autour. Mais ce n'était qu'une baise insignifiante. Il n'y avait rien de romantique, rien de bien grave. Pas de préliminaires, pas de tendresse, pas de passion. Simplement du physique. Du concret. C'était tout. Rien qu'une baise. Les battements de mon cœur retentissaient dans mes oreilles alors que ma tête me tournait lorsque je pénétrais dans ma salle commune et montait les escaliers vers mon dortoir. Cela ne signifiait rien. Le fait que c'était plus délicieux que tout ce que j'avais jusqu'alors expérimenté ne signifiait rien. J'étais simplement totalement perdu, et ivre pour couronner le tout. Ce n'était que l'alcool et les circonstances actuelles de ma vie branlante. C'était simplement parce que mon esprit était trop sous pression. Ce n'était rien de plus. Rien de plus que du sexe. L'image de son corps nu contre le mien et le son de ses gémissements s'imposaient à mon esprit dans une succession d'images, de sensations et de bruits que je n'arrivai pas à chasser. Ce n'était qu'une baise. Rien qu'une baise. Je secouai le bras de Theo qui dormait dans son propre lit alors que Pansy était allongée à côté de lui, dans notre dortoir. Il ouvrit les yeux immédiatement et m'observa un instant alors que je lui chuchotai de se lever. Il tourna le visage vers Pansy et dégagea délicatement son bras de sous son visage de sorte à ne pas la réveiller, et il se leva de son lit en silence. Je lui tendais impatiemment son peignoir pour qu'il couvre son torse nu et menait la marche jusqu'à notre salle commune. Je l'attendis en bas en faisant les cent pas autour de notre table basse, et lorsqu'il m'eut rejoint il ne s'assied pas non plus. Il resta debout, enroulé dans son peignoir, à quelques mètres de moi qui tournait comme un lion en cage, fixant le sol. Il attendait.

- J'ai baisé Granger, lâchai-je alors soudainement.

Je levai les yeux vers lui alors que mon visage était tourné sur le sol lorsque je marchais en sa direction avant de refaire demi-tour sur moi-même. Il leva un sourcil, mais ce fut tout. Il m'observait. Je continuais de faire les cent pas autour de notre table basse alors que j'essayai moi-même d'intégrer l'information que je venais de lui donner.

- Je viens de baiser Granger, réitérai-je en continuant de fixer le sol.

- Ok ? dit-il finalement sur un ton interrogateur, comme s'il cherchait le problème.

Je n'arrêtai pas de marcher autour de notre table basse. Ce n'était qu'une baise. Pas vrai ? Ce n'était qu'une simple baise. Rien de plus. Absolument rien de plus. Le fait que j'ai risqué ma vie pour elle ne signifiait rien. C'était simplement une façon de me détendre. D'extérioriser. C'était tout. Rien qu'une baise.

- Putain, lâchai-je dans un soupir. Je viens de baiser Granger ! m'exclamai-je en rencontrant ses yeux.

Ma bouche s'ouvrit grand et mes sourcils se dressèrent sur mon visage lorsque je constatai de l'amusement explicite qui était lisible sur le visage de Theodore.

- Putain, je peux savoir ce qui t'amuse ? demandai-je avec agressivité.

Il pinça ses lèvres et fit non de la tête sans pouvoir s'empêcher de garder un mince sourire dessiné sur les coins de sa bouche. Je pointai un doigt accusateur en sa direction et le foudroyai du regard.

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