L'abîme des enfers

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Nous avions quitté la Grande Salle sans ne plus attendre, et nous avions traversé la cour du château pour retrouver les Sombrals. La mère de Blaise avait des épisodes périodiques durant lesquels elle était délirante. Elle perdait contact avec la réalité, elle ne reconnaissait plus qui étaient les personnes autour d'elle et elle ne se contrôlait plus. Nous ne l'avions jamais vu en action, Pansy, Theo et moi, mais Blaise nous en avait parlé à plusieurs reprises. Il nous avait dit que ces épisodes étaient plutôt rares, deux fois par an maximum selon lui, mais ils avaient tendance à toujours avoir des conséquences dramatiques. Aux yeux du monde sorcier, Alexa Zabini était simplement une femme mangeuse d'hommes qui épousait les plus fortunés et les tuaient pour récupérer leur argent. Elle épousait certes des hommes fortunés, parce que c'était là un de ses critères de sélection et qu'elle était une femme d'un certain standing, mais elle n'en avait pas tué un seul pour l'argent. Blaise et elle s'appliquaient cependant à entretenir cette image dans le monde extérieur, parce que dans le monde sorcier perdre la tête de la sorte était plus que mal vu, ils perdraient leur rang social, leur réputation, et probablement leurs possessions, incluant leur château. Alexa avait épousé de la sorte six hommes, à commencer par le père de Blaise. Elle aimait cet homme véritablement, de ce que Blaise nous en avait dit, et celui-ci était mort sans qu'elle n'en soit responsable. Il faisait partie du Département des Mystères du Ministère de la Magie, et un jour il était tombé sur un mystère un peu trop mystérieux qui lui avait ôté la vie dans des circonstances, là encore, mystérieuses. La mère de Blaise avait été dévastée de sa perte pendant plusieurs années et une toute première crise s'était déclarée, à vrai dire jusqu'à l'entrée à Poudlard de Blaise, et puis elle avait rencontré quelqu'un d'autre. Mais elle n'était plus tout à fait la même femme, et son cœur n'était plus réellement à prendre. Elle avait épousé un homme gentil et bien placé dans l'échelle sociale, et ils étaient restés mariés pendant près d'un an, jusqu'à sa crise suivante. Puis un suivant, et une nouvelle crise. Blaise avait assisté à la première fois que sa mère avait tué un homme. C'était pendant les vacances de Noël, juste avant le réveillon. Il nous avait raconté qu'il était assis à table, et qu'il attendait avec envie que les elfes de maison amènent des plats les plus appétissants les uns que les autres. Il était encore bien petit en taille, à seulement onze ans, alors il se tenait à genoux sur sa grande chaise élégante, et il observait la table à manger se remplir petit à petit. Sa mère était assise en bout de table, à un mètre de lui. Elle souriait de le voir aussi excité de manger. Il lui avait beaucoup manqué jusqu'à ces premières vacances scolaires. Il nous avait dit que son beau-père, assit à l'autre bout de la table, sur la gauche, avait simplement dit « mange, mon garçon, à ton âge il faut prendre des forces ! ». Alexa s'était levée lentement, elle avait pris le grand couteau en argent qui était posé à côté d'une dinde, elle avait marché lentement jusqu'à son mari, puis elle s'était placée derrière lui, et elle lui avait tranché la gorge. Sans rien dire. Blaise était resté sidéré devant le spectacle de son beau-père se vidant de son sang, la gorge ouverte, dans son assiette. Il l'avait regardé, l'enfant qu'il était, et Blaise avait vu la terreur dans ses yeux. Le petit Blaise était resté immobile quand sa mère s'était rassise à sa place, et qu'elle lui avait servi à manger en souriant. Il nous avait dit avoir eu peur de sa mère, ce jour-là. Alors il l'avait regardée, quand elle s'était rassit après lui avoir servi de la dinde, et il avait mangé, quand elle lui avait ordonné de le faire, son beau-père se vidant de son sang à sa gauche. Elle semblait ne pas le voir. Puis à la fin du repas il fut finalement capable de dire « maman » de sa petite voix apeurée, et sa mère revint violemment à elle. Elle réalisa soudainement ce qu'elle avait fait, et ce qu'elle avait imposé à son fils. Elle avait fait disparaître le corps, puis elle s'était platement excusée auprès de Blaise, et elle lui avait fait un obliviate. A partir de cette année-là, les Zabini passèrent presque tous les réveillons de Noël avec mes parents, Theo et moi. Blaise oublia ce souvenir jusqu'à sa quatrième année, pendant l'été. Une nouvelle crise la frappa, et sa mémoire lui revint quand il fut témoin d'un nouveau meurtre. Lorsque sa mère était revenue à elle, elle avait tenté de lui lancer un nouveau obliviate, mais il lui avait saisi les poignets, et il lui avait chuchoté qu'il était un grand garçon désormais, et qu'il pouvait être là pour elle. A partir de ce moment-là, Blaise commença à réellement enchaîner les conquêtes sexuelles dépourvues de toute attache. De ce qu'il en savait, les trois autres crises ayant conduit à l'assassinat de ses autres maris s'étaient produites alors qu'il n'était pas là, et elle ne lui avait pas demandé de venir l'aider. S'il avait grandi jusqu'à ses presque quinze ans sans savoir que sa mère était une meurtrière, et qu'il en avait été témoin, il avait cependant été témoin d'autres crises n'ayant pas conduit à des meurtres. Occasionnellement, de ce qu'il en voyait au moins une fois par an, sa mère perdait pied, et pour il ne savait trop quelle raison, elle se mettait à hurler, et à tout casser autour d'elle. Comme lui avait tendance à le faire quand il était trop sous pression, et qu'il explosait. Aussi étrange que cela puisse paraître, quand il avait retrouvé la mémoire, il nous avait dit ne pas avoir été étonné. Il disait qu'une partie de lui avait toujours su.

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