Pourquoi elle ?

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J'aurais certainement dû faire parvenir l'information que nous avions récoltée au Seigneur des Ténèbres dès le lendemain, mais j'avais choisi de m'accorder une journée. Une journée sans plan de Mangemort. Une journée sans torturer personne. Une journée sans noirceur. C'étaient les sélections de Quidditch, et Blaise, Theo et moi jouions depuis notre deuxième année. Blaise étant capitaine cette année, je n'avais pas beaucoup d'appréhensions quant à nos sélections, et puis nous étions tous trois doués, c'était indéniable. J'avais considéré que nous pouvions prendre une journée pour être de simples étudiants souhaitant intégrer l'équipe de Quidditch de leur maison avec leurs amis. Blaise, Theo et moi nous changions dans les vestiaires et comme à son habitude, Pansy était à nos côtés.

- Imaginez Blaise prend Wein à la place de Drago, avait-elle lancé en rigolant.

J'occupai la place d'attrapeur dans notre équipe depuis la deuxième année, et Blaise et Theo tenaient les rôles de poursuiveurs. Si j'avais été capitaine, il m'aurait semblé judicieux de mettre Theo en tant que batteur. Il était aussi doué pour protéger que pour attaquer, et je lui aurais fait une confiance aveugle pour remplir ces tâches. Seulement, il était également un excellent poursuiveur, et un poursuiveur bien meilleur que nos autres joueurs potentiels. Blaise me regarda avec un grand sourire :

- T'as peur ma poule ? me provoqua-t-il en jubilant du pouvoir qu'il avait sur la situation.

- Tu aimerais bien, lui répondis-je avec un sourire narquois.

- Ouais c'est ça, fait genre, continua-t-il alors. Je vois tes p'tites mèches blondes pâlir d'ici, se moqua-t-il.

- Que veux-tu que je te dise capitaine, répliquai-je avec une voix voulue suave, tu m'entraînes pour ce jour depuis notre excursion dans les falaises.

Il rit mais il soupira devant mon manque évident d'appréhension. Il se tourna alors vers Nott qui venait de retirer son haut et qui se tenait debout, torse nu, seulement vêtu de son pantalon de Quidditch. Je jetai malgré moi un coup d'œil vers Pansy, et vit ses yeux parcourir les muscles dessinés de son torse. Ses joues rougirent et son regard se baissa soudainement, et même si Nott ne l'avait pas regardée, j'aurais juré qu'il avait senti son regard sur lui, parce qu'un petit sourire en coin ne pu s'empêcher de se dessiner sur ses lèvres. Je me demandai combien de temps il leur faudrait encore pour s'avouer leurs sentiments mutuels évidents depuis bien des années.

- Et toi Nott, tu flippes ? lui demanda Blaise.

Theo enfila son maillot de Quidditch en se tournant vers lui, et le regarda droit dans les yeux avec un air joueur. Il lui tapa sur l'épaule en un geste encourageant, puis lui dit alors :

- Ça va aller mon pote, tu vas gérer.

Il se foutait ouvertement de sa gueule et Pansy et moi trouvions cela hilarant. Blaise râla et se défendit en disant qu'il n'avait aucune appréhension et que c'était à nous d'en avoir alors que nous nous dirigions vers nos balais pour aller prendre place sur le terrain de Quidditch. Lorsque Pansy fut installée dans les gradins et que nous avions enfourché nos balais, notre nouveau capitaine continua de justifier de sa « non-anxiété » tout à fait évidente sous les yeux amusés de Theo et moi. Puis finalement, nous entrions en scène.

Il me semblait que je n'avais pas expérimenté la sensation du vent sur mon visage lorsque je volai sur mon balai depuis des mois, et après tout c'était peut-être le cas. L'été que j'avais passé avait été une réelle descente aux enfers, et ni Blaise, ni Theo, ni moi n'avions eu l'âme à aller faire quelques balles entre deux missions pour les Mangemorts dont nous faisions désormais parti. L'espace d'un instant, alors que je m'élevai dans les airs pour prendre position, je fermai les yeux pour goûter à nouveau à cette liberté. Cette légèreté. L'air du mois de septembre était doux et agréable, à mon humble avis c'était le meilleur mois pour voler. Les chaleurs intenses de l'été étaient passées mais il demeurait un climat assez chaleureux pour ne porter que des maillots légers. Nous étions plus libres de nos mouvements que lorsque nous devions nous couvrir pour des températures plus hostiles. Lorsque j'ouvris à nouveau les yeux, j'étais à mon poste, prêt à mériter ma place. Je jetai un coup d'œil dans les gradins pour repérer Pansy et lui adressai un clin d'œil lorsque son regard rencontra le mien, puis je regardai le sol, où Zabini se tenait, ne participant évidemment pas aux sélections. Il approcha le sifflet de ses lèvres et l'espace d'un instant, alors que je regardais l'herbe plusieurs dizaines de mètres au-dessous de moi, je me demandai ce que je ressentirai si je me laissai tomber de mon balai. Le bruit du sifflet annonçant le début des sélections raisonna dans mes oreilles.

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