Ce n'était que quelques jours après que j'avais été forcé de torturer mon propre père sous les yeux de ma mère. Et c'était juste après mon premier meurtre. La première fois que j'avais pris une vie de ma propre baguette. C'était un sorcier né de parents moldus du nom de Van Hadden. Il avait alors une vingtaine d'années, et n'avait pas terminé ses études à Poudlard bien longtemps avant que je ne mette un terme à sa vie. Je l'avais déjà croisé dans les couloirs de notre école, dans mes premières années, et je m'étais appliqué à chasser ces souvenirs de mon esprit lorsque le Seigneur des Ténèbres m'avait ordonné de le tuer. Je n'avais pas eu le choix. La vie de mes parents, ainsi que la mienne, bien moins importante, dépendaient du sortilège qui sortirait de ma baguette. Alors je l'avais fait. La main tremblante, mais je l'avais fait. Parce qu'il le fallait. Il avait posé sur moi des yeux rouges excités, et je me sentais nauséeux en les voyant se poser à nouveau sur moi. D'un coup de baguette magique, il m'avait débarrassé de ma chemise, et mon torse entier lui avait été dévoilé. Ma tante m'avait saisi le visage de ses deux mains froides, elle avait fait basculer mon visage en arrière et avait chuchoté des « ssshhh » incessants tout le temps que cela avait duré, caressant tantôt mon visage, tantôt mes cheveux. Le Seigneur des Ténèbres avait saisi mon bras gauche, et il avait pointé sa baguette sur mon avant-bras. Je revivais la douleur intense, la douleur physique sans pareille que j'avais ressenti lorsque la Marque avait commencée à s'incruster dans ma peau tel un parasite. Je l'avais sentie prendre vie, je l'avais sentie bouger dans mon bras. Je l'avais sentie s'inscrire dans mon sang et lier mon esprit, mon âme à celle si noire du Seigneur des Ténèbres. J'avais senti mes yeux me brûler alors que des larmes voulaient en couler, mais je les avais empêchées de le faire. Je devenais sien. Sa marionnette. Son jouet. Et je l'avais laisser faire alors que les doigts froids de ma tante caressaient mon visage. J'avais senti mon âme se noircir quand cette partie de lui s'était initiée en moi. Quand il m'avait imposé cette partie de lui. J'avais senti un pont naître de son esprit au mien, et l'espace d'un instant j'avais goûté à la noirceur sans pareille de son âme. J'avais senti la noirceur de l'encre de sa Marque se répandre dans mon sang et le polluer. Je l'avais senti déferler en moi et se répandre dans mon corps en tant que sa propre entité, avec ses propres pouvoirs et ses propres motivations qui n'étaient pas les miennes. Je n'avais pas été capable de déterminer, en cet instant, quelle douleur était la pire. Celle, physique, de la Marque s'installant en moi, dans mon corps, dans mon âme et dans mon esprit, où celle psychologique, celle de lui appartenir désormais, celle de réellement devenir sien, sans échappatoire, sans avoir le luxe de choisir de mourir plutôt que d'être des siens. Et je l'avais sentie, lorsqu'elle avait été complète. J'avais senti sa magie et son pouvoir s'imposer à moi.
Je me réveillai en un sursaut de ce cauchemar qui m'avait obligé à revivre cet instant abominable. Je peinai à respirer. J'abaissai les yeux sur mon bras gauche. Elle était là. Elle était toujours là. Peu importait à quel point je ne voulais pas d'elle. Elle était toujours là. Je fermai les yeux, ne supportant plus sa vue, et tentai de me forcer à inspirer profondément, mais je n'y parvenais pas. J'enfilai une chemise de nuit et sortait discrètement de mon dortoir. Il fallait que je trouve de l'air. Que je puisse respirer. Que je sente de la fraicheur sur mon visage, sur mon corps, que je sente autre chose que la sensation atroce et brûlante sur mon bras gauche. Il fallait que je respire. Je marchais dans les couloirs endormis du château jusqu'à je ne savais où, mais je marchais. J'avais infligé cela, ce que j'avais moi-même subi, à mes amis. Blaise, Theo, et Pansy avaient tous du tuer quelqu'un pour recevoir leur Marque. Ils avaient tous du ôter une vie de leurs baguettes, et ils avaient tous du sentir cette partie du Seigneur des Ténèbres s'installer en eux. Ils avaient tous dû faire subir cela à leur âme pour moi. Pour que je ne sois pas seul face à ce destin funeste. Peu importait à quel point je les avait supplié de ne pas le faire, ils l'avaient tous fait, brisant mon âme encore plus en ce faisant. J'étais responsable de la noirceur qui habitait désormais leurs corps. J'étais responsable de leurs vies gâchées, ruinées à jamais. Peu importait l'issue de la guerre qui s'annonçait face à nous. Peu importait qui allait la remporter, et peu importait que Potter et son Ordre remporte la partie. Ils avaient subi tout cela, et ce n'était que le début. Ils avaient dû tuer. Ils avaient dû torturer. Ils avaient dû assister à des scènes à faire pâlir les âmes les moins sensibles de la terre. Et c'était entièrement ma faute. Je m'arrêtai dans ma course à la recherche d'air lorsque j'arrivais en haut de la tour d'astronomie, et que je la trouvais, elle, assise-là, les pieds dans le vide, dos à moi. Ses cheveux étaient reconnaissables entre mille. Elle se retourna vivement vers moi, et son visage afficha de la surprise, ainsi que ce qui me sembla être du soulagement quand elle constata que ce n'était que moi. Elle comme moi n'avions pas le droit d'être là en cette heure tardive. Elle portait un pantalon de pyjama aux couleurs de sa maison et une veste épaisse rouge bien peu flatteuse pour se protéger de l'air frais que je pouvais enfin sentir sur mon visage. Je pris une profonde inspiration alors qu'elle demandait sans la moindre agressivité, constatant probablement ma détresse à la vue de mon visage à peine réveillé, sorti d'un cauchemar, en pyjama fin :
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Dollhouse
FanfictionSuite aux multiples échecs de son père pour mener à bien les tâches données par le Seigneur des Ténèbres, Drago Malefoy se voit dans l'obligation de le remplacer dans ses rangs. Ses plus proches amis, Pansy Parkinson, Blaise Zabini et Theodore Nott...