J'étais prêt à réduire le monde en cendres. Prêt à tuer chaque personne sur cette planète, moi y compris, pour ne pas avoir à perdre mon frère. Pour ne pas avoir à traverser cette douleur incommensurable qui me tuerait de l'intérieur. J'étais prêt à détruire le monde entier s'il le fallait, et je savais, en cet instant, que je le ferai si je le devais. S'il me l'imposait. Je ne serai pas de ces personnes qui grandissaient des deuils qu'ils traversaient. Je ne serai pas de ces personnes qui se remettaient un jour d'avoir perdu l'autre moitié de leur âme. Je ne serai pas de ces personnes inspirantes qui traversaient les ténèbres et en ressortaient plus fortes de l'autre côté. J'aurais aimé être un homme meilleur. J'aurais aimé être davantage un homme que ce que je l'étais. Mais lorsque cela le touchait lui, il ne restait rien de raisonné en moi.
Et je me détestai. Je me détestai de la façon dont je lui avais brisé le cœur, parce que je n'avais pas le droit de le faire. Personne n'avait le droit de le faire. Et moi encore moins. Mais il m'échappait. Il glissait entre mes doigts comme de l'eau qu'un enfant essayerait d'enfermer dans ses petites mains, en vain. Et j'essayai de m'y accrocher. J'essayai de l'enfermer, en sécurité, avec mon amitié. Mais il m'échappait. Il avait été à mes côtés pratiquement chaque jour de ma vie depuis que je savais marcher. Toujours là, à côté de moi. Il ne pouvait pas ne plus être. Il était la meilleure partie de moi. Il était la raison pour laquelle j'étais devenu l'homme que j'étais aujourd'hui. Il était la raison pour laquelle j'étais capable d'amour et d'amitié. Il était la raison pour laquelle j'avais appris à prendre soin. La raison pour laquelle j'avais appris à aimer. Parce qu'il en valait la peine, depuis le tout début. Parce qu'il avait touché mon âme dès la première fois que mes petits yeux s'étaient posés sur lui. Parce que j'avais su, dès que je l'avais vu, que cet autre enfant faisait partie de moi. Je ne l'avais pas choisi. Je n'avais pas choisi de l'aimer autant. Je n'avais pas choisi de m'inquiéter autant pour lui. Il était arrivé, haut comme trois pommes dans ma gigantesque maison, fermement tenu par la main géante de son père, et dès que mes yeux s'étaient posés sur lui mon cœur s'était brisé autant que mon âme s'était réparée. Ce qu'il y avait entre nous dépassait totalement l'entendement, et j'en étais parfaitement conscient. J'avais des amitiés fusionnelles avec Pansy et Blaise, mais rien, rien n'était comparable à cela. Et elle avait raison, Pansy, lorsqu'elle nous avait appelés des dépendants affectifs. Je dépendais absolument et totalement de lui, et je savais que l'inverse était vrai. Et je n'en avais rien à foutre. Absolument putain de rien à foutre. J'avais accepté depuis très, très longtemps que je n'étais pas complet sans lui. J'avais compris, quand je n'avais pas même encore six ans, et que je ne pouvais pas dormir, seul dans mon grand lit au manoir, parce que je sentais sa peur alors que lui était enfermé dans sa cave. Parce que la vérité c'était que j'avais toujours tout traversé avec lui, et lui avec moi. Toujours. Même lorsque nos corps n'étaient pas l'un à côté de l'autre. Parce que ce qu'il traversait, je traversais aussi. Et cette nuit, je savais qu'il avait failli mourir. Je savais que j'avais failli le perdre. Qu'il avait failli m'abandonner. Et cela, c'était une réalité avec laquelle je ne pouvais pas composer.
Alors je l'avais attendue, au milieu de la tour d'astronomie. Je l'avais attendue parce que j'étais dépassé. Terrorisé. Parce que j'avais besoin de sentir ses bras autour de moi et sa douceur m'apaiser. J'avais besoin qu'elle soit là pour moi, et pour moi seulement. J'avais besoin de sentir que quelqu'un me tenait, qu'elle me tenait, parce que je ne tenais plus, et que Theodore avait failli s'écrouler. J'avais besoin de sentir qu'elle, elle ne m'échappait pas. Qu'elle, elle demeurait la même, toujours au même endroit, toujours avec la même douceur. Et elle avait répondu à mon appel, comme si elle l'avait attendu. Elle s'était précipitée sur moi alors que j'étais à genoux sur le sol, pleurant tout ce qu'il restait de larmes à l'intérieur de moi. Vulnérable. Brisé. Terrorisé. Elle s'était agenouillée face à moi, et j'avais senti ses bras m'encercler de tout son amour. Et de tout son soutien. Et j'avais pleuré dans le creux de son épaule toute mon impuissance, et tout mon désarroi. Et elle m'avait reçu, comme elle le faisait toujours.
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Dollhouse
Fiksi PenggemarSuite aux multiples échecs de son père pour mener à bien les tâches données par le Seigneur des Ténèbres, Drago Malefoy se voit dans l'obligation de le remplacer dans ses rangs. Ses plus proches amis, Pansy Parkinson, Blaise Zabini et Theodore Nott...