Jusqu'où ?

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Je n'avais pas signifié que j'étais réveillé lorsque j'avais entendu Pansy et Theo chuchoter quelques heures plus tard, alors que le soleil n'allait plus tarder à se lever. J'avais gardé les yeux fermés, et j'avais profité d'avoir encore la chance d'entendre la voix de mon frère. Et je leur avais laissé l'intimité dont ils avaient besoin, en supposant que Theo n'était peut-être pas en état de bouger pour l'instant. Alors j'étais resté allongé contre le canapé sur lequel ils se tenaient tous les deux, et je n'avais pas fait le moindre geste, ni le moindre bruit quand j'avais entendu Theo chuchoter :

- Comment tu te sens ?

Pansy pouffa doucement.

- Tu te fous de moi ? demanda-t-elle avec un sourire audible dans la voix. C'est toi qui te fais torturer et qui passe à deux doigts de la mort, et quand tu ouvres les yeux la première chose que tu fais c'est me demander à moi comment je me sens ?

Theo resta silencieux un instant avant de murmurer avec ce qui me sembla être de la rage dans la voix :

- Je ne peux même pas imaginer comment je me sentirais, si j'avais dû lever ma baguette sur toi, et te faire ce que tu as dû me faire cette nuit.

Les larmes dans la voix de Pansy étaient claires lorsqu'elle répondit si doucement que je ne l'entendis presque pas :

- Tu ne l'aurais pas fait. Tu aurais préféré mourir, continua-t-elle quelques secondes plus tard. Tu ne l'aurais pas fait.

Elle se sentait coupable.

- Il t'a dit qu'il me tuerait si tu ne le faisais pas, rappela Theo. Tu n'avais pas le choix.

- Tu ne l'aurais pas fait quand même, renchérit Pansy avec une voix brisée. Tu aurais fait quelque chose, tu aurais essayé de le tuer, tu m'aurais emmenée et tu aurais transplané et nous aurions disparu quelque part à l'autre bout du monde, même si tu avais dû embarquer Drago, Blaise et Narcissa avec nous, je ne sais pas ce que tu aurais fait mais... je sais que tu ne l'aurais pas fait.

- Tout va bien, menti alors Theo.

- Non, tout ne va pas bien, lui murmura Pansy, et c'est ok, ajouta-t-elle doucement.

- C'est ce qu'il cherche à faire Pansy, à nous détruire. Ne le laisse pas faire, chuchota-t-il tendrement. Ne le laisse pas faire, s'il te plaît.

Pansy ne répliqua pas pendant un moment, mais je l'entendis pleurer.

- Je t'ai torturé, lâcha-t-elle alors. Toi..., je t'ai torturé, toi...

J'entendis le corps de Theo essayer de se redresser difficilement sur le canapé.

- Non, ne bouge pas, le coupa Pansy. Laisse ton corps se reposer, tenta-t-elle alors qu'elle pleurait toujours.

Mais Theo ne l'écouta pas, et son corps continua d'essayer de se redresser jusqu'à ce que je ne l'entende plus bouger. A la voix désormais étouffée de Pansy, je compris qu'il la serrait contre lui.

- Je suis tellement désolée, pleura-t-elle dans ses bras. Je suis tellement... tellement désolée.

Il ne lui répondit rien, il la serrait simplement contre lui. Il ne pouvait pas lui dire que tout allait bien, cela n'aurait pas été vrai. Il ne pouvait pas non plus lui dire qu'il allait bien, cela n'aurait pas été vrai non plus. Et il ne pouvait pas lui dire qu'elle n'avait pas eu le choix, parce que Pansy avait raison, lui ne l'aurait jamais fait. Je ne savais pas non plus ce qu'il aurait fait, s'il aurait tué chaque personne présente dans la pièce et aurait risqué sa vie sur le moment pour tenter de combattre lui-même le Seigneur des Ténèbres, où s'il se serait volatilisé avec elle, mais il ne l'aurait pas fait. Et je ne savais pas si cela signifiait qu'il était plus courageux que nous tous, où s'il était simplement fou. Theo savait qu'il ne servait à rien d'essayer de mentir à Pansy, pas à sa Pansy. Et en cet instant, tout ce qu'il leur restait, c'était leur amour réciproque, et le fait qu'ils étaient tous les deux encore là, vivants. Il existait des situations dans lesquelles rien ne pouvait être dit, parce que rien ne pouvait les apaiser. Cela était l'une de ces situations, où hormis accepter l'horreur, il n'y avait rien d'autre à faire.

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