Un bel endroit pour mourir

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Et alors que je marchais lourdement vers mon destin, je tentai désespérément de retrouver mon souffle, et de chasser la violence de la douleur que je ressentais. De retrouver mes murs d'occlumencie, mais ils étaient tombés, ils avaient glissé de mon esprit au rythme des larmes de Granger sur son visage. Et je ne parvenais pas à les rattraper. Et à chaque pas que je faisais vers la tour d'astronomie, chaque pas me semblant si lourd, si difficile, je savais. Je savais que j'allais échouer. Et à chaque marche que je gravissais en montant vers ma destinée, je réalisai que plus rien n'importait. J'étais détruit. Elle m'avait détruit. Et je savais que je marchais jusqu'à ma mort, tel un fantôme. J'étais déjà mort. Je venais simplement assister au spectacle, mais je savais déjà comment l'histoire se terminait. Et lorsque j'arrivai en haut de la tour d'astronomie, Dumbledore était là. J'approchai face à son dos, vivant la scène comme si j'étais au ralenti, arrivé au bout de moi-même, arrivé au bout de ma vie, et il se retourna vers moi pour me faire face. Le vieillard me salua d'un sourire, et alors que je levai une baguette tremblante vers lui, sentant encore les traces des larmes que j'avais pleurées sur mes joues, Theo, Pansy, Blaise, Bellatrix, les jumeaux Carrow, Selwyn et Rookwood se joignirent à nous pour le spectacle.

Le directeur se tenait à l'autre bout de la tour, à l'opposé de moi. Dans l'espace qui me séparait de lui, Selwyn et Rookwood se tenaient là au premier rang. A côté d'eux, un peu plus vers moi, se tenaient les jumeaux Carrow et ma tante, qui riait déjà aux éclats en découvrant le premier acte de la scène que je leur offrais. Blaise était à côté d'elle, encore plus près de moi, mais juste à côté, à ma gauche et rentrant toujours dans mon champ de vision se tenait Pansy, abordant son visage de Mangemort. Je ne pouvais plus voir Theo maintenant que mes yeux étaient rivés sur le sorcier que je me devais de tuer, mais je savais qu'il était juste là, à côté de moi. Je pouvais le sentir. Je pris une profonde inspiration par le nez pendant que Bellatrix riait, et répétais à mon esprit embué :

Quand le silence se dissipera,

Que les ténèbres s'étireront et que passeront les premiers rayons de lumière,

Une nouvelle journée commencera.

Mes murs étaient tombés. Les quelques paroles de cette chanson que j'avais inventée étaient tout ce qu'il me restait en cet instant. Quand j'eu finis d'expirer, ma baguette tremblait toujours en la direction de Dumbledore, qui avait ses yeux brillants rivés sur moi.

- Ah, déclara-t-il presque sans surprise, je craignais en effet que tu ne sois déjà devenu l'un des leurs, m'adressa-t-il avec un calme déconcertant.

Il portait ses mains dans son dos, ses longs cheveux volant autour de lui par le vent de ce début de soirée de fin janvier. Je ne voyais que lui, et l'extrémité de mon bras qui tenait ma baguette trop tremblante pour avoir l'air crédible. Mais je savais que mon visage n'affichait pas la moindre émotion. Toute ma douleur appartenait à la femme qui pleurait dans la volière, et y demeurait là-bas, avec elle.

- Et vous aussi, malheureusement, ajouta-t-il nonchalamment en tournant brièvement les yeux vers mes amis. Quant à vous, Bellatrix, Amycus, Alecto, Augustus et Selwyn, les salua-t-il tous, puis-je demander comment avez-vous réussi l'exploit de vous introduire dans mon école ?

Ma tante lui découvrit ses dents abîmées en ce qui ressemblait à un large sourire, avant de me montrer du bout de sa baguette :

- Nos nouvelles recrues ont bien travaillé Albus, lui apprit-elle à voix basse, bien que toujours stridente.

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