Quand Patrocle devient Achille

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Je revoyais ses yeux ambrés embués de larmes alors qu'elle me suppliait, ses petites mains douces serrant fermement mes poignets.

« Granger », avais-je chuchoté en essayant de l'arrêter tandis que mes murs d'occlumencie tremblaient déjà sous ses supplications incessantes.

Je la revoyais m'implorer de m'enfuir, moi et tous mes proches, avec elle. Comme si cela avait jamais été une option pour nous. Je ressentais à nouveau le violent sentiment d'impuissance qui s'était répandu dans l'intégralité de mon corps désemparé alors qu'elle n'avait pas cessé de me retenir, peu avait importé combien je lui avais demandé d'arrêter. Je revoyais la douleur sur son visage, la douleur que je lui avais imposée en la forçant à se confronter à celui que j'étais vraiment, et dont je n'avais su la protéger. Un Mangemort. L'un des siens. Son ennemi. Et je ressentais à nouveau la lourdeur des larmes qui avaient perlé sur mes joues quand je m'étais excusé de lui avoir fait cela.

Un clignement de cils me ramena dans le présent tandis que ma respiration était difficile. Le corps de Pansy gisait sur le sol marbré de l'entrée du manoir. Je les fermais et les rouvrais à nouveau, comme s'il y avait une quelconque chance que tout cela n'ait été que le plus atroce des cauchemars. Une inspiration profonde plus tard et tout s'enchaînait à nouveau dans des éclairs de sensations, d'images et de sons jouant dans mon esprit autant que dans mon corps alors que mon cerveau tentait désespérément d'assimiler tout ce qu'il venait de se passer.

Je revoyais des images de la volière. Je sentais à nouveau l'odeur prenante des animaux qui y étaient gardés. Et je clignais des yeux et je voyais le visage de Pansy sur le sol de ma maison. Et je les clignais à nouveau et j'entendais ses sanglots à elle, et la voix déchirée avec laquelle elle m'avait supplié de ne pas aller faire ce que j'avais été incapable de faire. Je pouvais encore sentir comment mon poitrail s'était déchiré alors que je l'avais regardée dans cet état. Je ressentais à nouveau la résignation qui m'avait gagnée quand j'avais compris que j'allais mourir, parce que je l'aimais, et que je n'étais pas parvenu à bloquer la force de ces sentiments face à ses implorations. Je pouvais encore sentir la pression de ses doigts autour de mes poignets, et la façon dont elle avait tiré sur mes bras sans cesse, tentant désespérément de me faire rester. La chaleur de son corps contre le mien alors que je lui avais cédé. La façon dont ce corps tremblait contre le mien. Son odeur d'amandes. La façon dont elle m'avait regardé avec terreur et impuissance lorsque je l'avais finalement poussée loin de moi.

« Cache-toi », lui avais-je ordonné avant de l'abandonner là.

Ma respiration se faisait plus haletante alors que mon cerveau continuait de passer en revue la pire nuit de ma vie en des flashs d'une violence insupportable. Je clignais des yeux et je voyais les bras musclés de Theodore reposer sur le corps mort de Pansy. Un battement de cils plus tard, et j'étais à nouveau dans la Tour d'Astronomie, et ma voix raisonnait dans mon esprit devant le visage de Dumbledore :

« Quand le silence se dissipera,

Que les ténèbres s'étireront et que passeront les premiers rayons de lumière,

Une nouvelle journée commencera. »

Je me rappelai de la sensation dans ma main de ma baguette tremblante tendue vers le Directeur. Je ressentais à nouveau la terreur s'étendre en une sensation de broiement interne lorsque nous avions entendu du bruit dans l'escalier, et la façon dont mon cœur avait cessé de battre un instant quand je l'avais vue-là. Je me rappelai de ses yeux bruns larmoyants rivés sur moi, et je ressentais à nouveau comment mon souffle avait été coupé.

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