Jungkook
Ma main s'abat avec fracas, pour la énième fois, sur la boiserie branlante de la porte. Autant vous dire que même si la douleur irradie dans tout mon poignet, je persévère, refusant de rester sur un échec.
Mes phalanges et ma paume sont rouge écarlate, et me brûlent à mesure que ma peau bat et effrite les menuiseries de l'hôpital. Elles me hurlent de m'arrêter, mais j'en suis incapable.
Je continue d'insulter mentalement l'homme qui nous sert de médecin légiste, en m'époumonant pour le faire revenir.
Je le savais, je l'avais dit à Emma ! Ma patience possède des limites qui s'alanguissent dès qu'un moustique me tourne autour, ou que la télé fait des siennes. Alors, il ne faut pas s'étonner de me voir partir au quart de tour devant l'ignorance de cet homme.
Comment peut-on être aussi mal luné et désagréable au quotidien ?
« Très bien, si vous ne voulez pas récupérer Alfreda, je la laisse devant votre porte ! je hurle soudain, les poings serrés le long de mes cuisses, malgré la chaleur qui fait pulser l'épiderme au cœur de mes mains. Vous n'êtes qu'un sale type arrogant, imbu de lui-même, et profondément infec- »
Je me mords violemment la langue au moment où le battant créait un appel d'air en s'ouvrant brutalement, pour laisser apparaître le sale type en question.
Aïe. La boulette.
Sa prestance s'impose et remplit l'entièreté de l'encadrement de la porte. Intimidé, je me recroqueville sur mes talons, mais maintiens mon regard ancré dans le sien, ferme et draconien.
Les tracés de son torse noueux se dessinent sous sa chemise Jack&Jones, à rayures bleues et blanches. Sa poitrine, aux estompes dur et solide, se moule au tissu qu'il a rentré dans un jean lavé à l'acide, qui lui cintre la taille et affine le tour de ses hanches.
Ses mocassins lustrés, resplendissent sous la lueur des tubes luminaires accrochés au plafond. Il se tient droit, dans un maintien contrôlé, discipliné.
On le dirait tout droit sorti de l'un de ces téléfilms, en noir et blanc, qui passent à la télé.
Mes prunelles vacillent quand il exhale un souffle. Je n'en mène plus aussi large qu'il y a quelques secondes.
« Vous êtes poissonnier ? »
Sa remarque, accompagnée de son ton plat, mi excédé, mi hautain, me pousse à me reculer de quelques pas, les sourcils froissés par l'incompréhension.
Peut-être que si j'arrêtais de le mater de haut en bas comme si c'était un mannequin exposé derrière la vitrine d'un supermarché, je pourrais lui montrer mon air le plus féroce. Non ?
« Je suis Jeon Jungkook, chirurgien de l'aile Ouest de l'hôpital, et...
— Je n'ai pas demandé votre CV. »
Ses orbes sombres me transpercent de part en part, malgré les mèches rebelles qui tombent dans le renfoncement de ses yeux. Fines, délicates, et colorées par des nuances de blond qui se mêlent à son amas de cheveux bruns, on croirait qu'il vient tout juste de sortir du coiffeur.
Étrangement, cela chamboule quelque chose dans mon métabolisme quand je prends conscience qu'il ne ressemble en rien à l'image que je m'en étais faite, physiquement.
Car même si nos chemins s'étaient déjà brouillement croisés au réfectoire, je n'avais jamais pris le temps de l'observer d'aussi près.
« Peu importe, cingle-t-il en me tirant de mes pensées. Pensez à vous reconvertir. Vous beuglez de la même façon qu'eux. »
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𝑀𝑢𝑟𝑑𝑒𝑟(𝘩)𝑒𝑟 〕 𝑡𝑎𝑒𝑔𝑔𝑢𝑘
Fanfiction𝐑𝐨𝐲𝐚𝐮𝐦𝐞-𝐔𝐧𝐢. 𝐀𝐧𝐠𝐥𝐞𝐭𝐞𝐫𝐫𝐞. 𝟏𝟗𝟖𝟐. L'un côtoie la mort, l'autre côtoie la vie. Quand deux âmes qui n'étaient pas destinées à se rencontrer, se retrouvent liées par une série de meurtres mystérieux. Un député tué dans une ruelle e...