𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟮𝟰 🀳 🀵

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Jungkook


« On dégage ! »

Les trois infirmiers qui m'assistent lors de l'opération se reculent instantanément quand mon cri résonne dans le bloc opératoire.

Je frotte les plaquettes du défibrillateur entre elles avec force et frénésie, les muscles douloureux tant j'y mets de l'entrain, et viens les plaquer sur le thorax de l'homme que nous étions en train d'opérer et qui vient de faire un arrêt cardiaque.

Son torse se soulève violemment sous le choc électrique, retombant sur le lit dans un fracas métallique qui ne le réveille pas.

« On recharge ! je m'écrie aussitôt en reculant de deux pas pour retourner vers le corps de la machine accrochée au mur.

— Docteur Jeon, sa tension baisse, son pouls aussi. On est en train de le perdre, m'annonce l'un des trois hommes, dont les cheveux bruns coiffés de travers m'indiquent qu'il n'avait pas vraiment envie de se lever ce matin.

— J'ai dit, on recharge. Tant que son pouls ne forme pas une ligne aussi raide que les nouilles qu'on nous sert au réfectoire, on continue ! »

Les deux autres hommes laissent échapper des gloussements discrets, mais reprennent bien vite leur sérieux quand j'exécute de nouveau ma manœuvre.

Ils m'assistent, deux pour la chirurgie, l'autre pour l'anesthésie, tandis que deux infirmières habillées de leur blouses immaculées et de leurs masques en tissu, valsent autour de nous pour veiller à l'acheminement positif de l'opération.

Mais je perds peu à peu espoir.

Je continue de recharger deux fois de plus, les mains tremblantes malgré l'habitude que j'ai prise d'utiliser assez quotidiennement le défibrillateur, et pousse un cri de joie quand lors du troisième essaie, le pouls du patient remonte.

Il est faible, mais c'est bien assez pour qu'il continue de rester en vie.

Les tempes légèrement recouvertes d'une pellicule de sueur, je choisis de clôturer ainsi l'opération, puisque de toute manière, il n'y a malheureusement plus rien à faire.

Ce père de famille souffre d'une glioblastome, une tumeur intracrânienne maligne, qui se révèle être finalement incurable, au vu du stade avancé dans lequel elle est.

Je n'avais pas pu la percevoir dans son ensemble sur les radios et les scanners, et pensais donc qu'il restait un espoir de le sauver. Mais même avec la chimio, la tumeur reste bien trop proéminente, nous empêchant d'agir.

« Ramenez-le en salle de réveil, s'il vous plaît. Vous avez fait du bon travail, je les salue poliment avant de disparaître dans le sas où sont disposés tous nos lavabos. »

Mon sourire est sincère quand je leur parle, avant qu'il ne se fane lorsque je leur tourne le dos.

Revenir ici me fait penser à Emma.

Je soupire bruyamment, et me frotte énergiquement les mains, peut-être un peu trop, pour en retirer toutes les impuretés accumulées derrière la barrière en latex de mes gants.

Il est presque midi, l'heure pour moi de rejoindre Taehyung dans son bureau.

Depuis que nous avons un peu plus avancé dans toute cette histoire de meurtres, il y a de cela quatre jours, nous avons pris l'habitude de nous retrouver à la morgue pour manger ensemble.

Ça nous permet de cette façon de réfléchir à tout ça, sans sentir planer autour de nous l'ombre d'oreilles indiscrètes.

Et puis, ça nous offre aussi du temps pour nous voir plus souvent. Je n'oublie pas la pointe de douceur qui perce mon ventre et les frissons qui dégringolent dans mon cœur, à chaque fois que je suis près de lui.

𝑀𝑢𝑟𝑑𝑒𝑟(𝘩)𝑒𝑟  〕  𝑡𝑎𝑒𝑔𝑔𝑢𝑘Où les histoires vivent. Découvrez maintenant