𝑀𝑢𝑟𝑑𝑒𝑟(𝘩)𝑒𝑟 〕 𝑡𝑎𝑒𝑔𝑔𝑢𝑘

𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟱 🀶

Jungkook

« Non Colette, vous ne comprenez pas. Il est exécrable au possible, je souffle malgré le boucan épouvantable que fait la machine à laver à manivelle de la vieille femme. »

Un tablier en coton autour du cou, où se mêlent un bleu turquoise et un violet lavande qui me rappelle ma propre grand-mère, elle m'observe faire, les mains pleines de farine.

« Enfin, monsieur Jeon...

— Jungkook, s'il vous plaît, je la corrige en m'arrêtant après un moment en suffocant, épuisé. »

Les muscles de mon bras me lancent, comme à chaque fois que je viens nettoyer mon linge.

J'aurais sans aucun doute les nerfs tendus et des courbatures partout le lendemain, mais je n'ai pour le moment pas d'autre choix.

« Jungkook, reprend-elle en observant ses ongles où semblent être restés coincés certains morceaux de la pâte à pain qu'elle est en train de préparer. C'est peut-être sa façon d'agir à ce... Médecin légiste. Vous savez, à force de passer du temps avec les morts, ça doit disjoncter là-haut, me mime-t-elle en secouant ses mains tachées de traces de vieillesse, près de sa tête. »

La grimace qu'elle ébauche pour accompagner ses mots m'arrache un rire, surtout quand elle en joue en utilisant sa peau, ridée par l'âge, pour se donner un air plus dramatique.

« Non il est très lucide, simplement... Condescendant, j'énonce en reprenant mon souffle qui se mélange aux douces émanations florales qui se dégagent de la lessive à travers le tambour.

— Lucide ou non, c'est un abruti, concède-t-elle en s'approchant d'une petite fenêtre qu'elle a entrouverte, plus loin, pour aller secouer ses mains à l'extérieur. »

Elle me lance ensuite un sourire malicieux, qui resplendit grâce aux maigres rayons qui parviennent à se refléter sur son épiderme, ainsi que sur ses cheveux grisâtres retenus en l'air par une pince en bois.

« Mon voisin du dessous n'aime pas quand je fais ça, glousse-t-elle en retroussant le bout de son nez, et en rentrant les épaules comme une enfant en train de faire une bêtise. »

Je lève les yeux au ciel, amusé par son comportement, et achève mon travail en manquant de perdre un bras et un poignet dans le processus.

Colette, de son côté, retourne dans la cuisine d'un pas lent, et rapidement, une délicieuse odeur de pain embaume l'habitacle, me poussant à accélérer pour que tout ça soit vite terminé.

Essoufflé, le biceps tremblant suite à tant d'efforts, je me laisse glisser contre la machine, avant de relever les yeux vers mon adorable voisine lorsqu'elle revient en trottinant, pour me fourrer un bout de pain encore chaud entre les lèvres.

« Mange, mon petit. Tu dois reprendre des forces pour botter les fesses de ce docteur ! »

Elle s'esclaffe pendant que je mâche sa préparation, puis m'observe intensément comme pour voir de ses propres yeux si ça me plaît, via les expressions de mon visage.

Et quand la croûte croustille entre mes dents, libérant ses délicieux arômes grillés directement contre mon palais, je pousse un gémissement de plaisir en levant mon pouce vers le plafond.

Mon geste semble un peu apathique, comme si j'étais à l'agonie, mais mon immense sourire convainc Colette en une seconde.

« C'est délicieux ! je m'exclame en me redressant, tout en veillant à ne pas glisser, étant donné que je suis en chaussettes sur son parquet lustré.