Jungkook
Aujourd'hui, on est mercredi. Ce qui signifie que c'est l'heure de mon rendez-vous habituel avec Colette, et son incroyable machine à manivelle.
Le bras toujours douloureux, je m'efforce de continuer à faire tournoyer l'engin, satisfait d'entendre mon linge se laver à l'intérieur.
Une tasse fumante d'un délicieux thé jasmin repose sur le bord de l'un des meubles de la vieille femme, qu'elle m'a fait porter le temps qu'elle termine de son côté de concocter ses pâtisseries.
L'odeur de la cuisson et des mets en train d'être préparés me réchauffe le cœur, en plus de celle de la lessive qui se mélange à celle de ma boisson chaude.
Ça pourrait paraître étrange comme association, mais moi, ça me renvoie directement en enfance.
Lorsque je vivais encore à Nottingham, ma ville natale, ma mère préparait un grand buffet quand sonnait l'heure du thé.
Il y avait de tout sur la table, et je me rappelle que je voulais à chaque fois me goinfrer de l'entièreté des choses que je voyais, jusqu'à en avoir mal au ventre.
Et la plupart du temps, je le faisais. Au grand dam de mon père qui devait sans cesse m'assister ensuite quand j'avais des maux d'estomac.
« Alors, il te plaît finalement ? »
La douce voix de Colette, usée par l'âge, me parvient avec une aisance certaine quand je cesse pendant un instant de faire tourner le tambour de la machine, histoire de reposer un peu mon bras droit.
« Ce n'est pas qu'il me plaît, disons qu'il est plutôt intriguant. »
Je hoche la tête pour moi-même, peu enclin à penser autrement pour le moment.
Le dos et les cervicales douloureuses, je tends la main pour me saisir de l'anse de la tasse, et pousse un soupir d'allégresse en m'avachissant ensuite contre l'appareil qui se trouve derrière mes omoplates.
« Intriguant ? Je croyais qu'il t'agaçait, et qu'il était arrogant. »
Le visage de Colette apparaît soudain dans l'encadrement de la porte, et laisse entrevoir sur ses lèvres un sourire plus qu'amusé.
Avec son tablier recouvert de sucre, de farine, et d'un peu de pâte qu'elle était justement en train de modeler, elle ressemble plus à une enfant toute curieuse, qu'à une adulte ayant des années d'expérience derrière elle.
Mais ce n'est pas quelque chose qui m'étonne. Colette a toujours eu un intérêt apparent pour les commérages. Il suffit de la voir se pencher à sa fenêtre lorsque deux personnes discutent dans la rue, juste sous sa lucarne.
C'est un spectacle à ne pas rater.
Elle est très surprenante, comme femme. Et son caractère bien trempé en fait quelqu'un de singulier et d'amusant.
« Allons, mon garçon ! Dis-m'en plus si ton avis a changé ! Intriguant comment ? insiste-t-elle en essuyant ses doigts encore recouverts de poudre blanche sur l'avant de sa blouse. »
Ses yeux miroitent, aspirant à en découvrir davantage.
Je ris derrière la porcelaine de ma tasse, qui représente l'un des précédents souverains anglais, étant donné que Colette est une passionnée de la famille royale, et avale la boisson fumante et fleurie qui me réchauffe le corps.
J'en savoure chaque effluve, les recueille sur ma langue avec gaieté, avant de consentir à lui répondre.
« Je ne pourrais pas le décrire, je lui confie d'une voix calme, empreinte de réflexion pour lui en faire la meilleure description qu'il soit. Mais oui, j'ai entrevu son côté... Passionnant. Ma vision de lui a changé, dernièrement. J'apprécie sa façon de travailler, de se mouvoir, de s'habiller, et de réagir, aussi... »
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𝑀𝑢𝑟𝑑𝑒𝑟(𝘩)𝑒𝑟 〕 𝑡𝑎𝑒𝑔𝑔𝑢𝑘
Fanfiction𝐑𝐨𝐲𝐚𝐮𝐦𝐞-𝐔𝐧𝐢. 𝐀𝐧𝐠𝐥𝐞𝐭𝐞𝐫𝐫𝐞. 𝟏𝟗𝟖𝟐. L'un côtoie la mort, l'autre côtoie la vie. Quand deux âmes qui n'étaient pas destinées à se rencontrer, se retrouvent liées par une série de meurtres mystérieux. Un député tué dans une ruelle e...